Je ne peux que remercier Guillaume Erner pour avoir invité deux grandes voix, Jihane Sfeir et Caroline Hayek. Au lendemain de bombardements dont le bilan est terrifiant, 500 morts en une seule journée, vos deux invitées ont proposé une analyse extrêmement intéressante de la situation au Liban et dans toute la région.
Et en particulier sur deux points : oui, une grande majorité de Libanais souhaite se débarrasser du Hezbollah et oui, le Hezbollah sera renforcé par une offensive israélienne.
Autrement dit, il n’y a pas de solution militaire pour l’avenir d’Israël. Seule une solution politique, basée sur la justice, et une coexistence pacifique avec tous ses voisins, pourront assurer à cet état une pérennité dans la région.
C’est seulement cela qui permettra le retour effectif des dizaines de milliers d’Israéliens de la frontière nord dans leurs foyers, au rebours de la fuite en avant belliciste et de la fureur meurtrière que l’on observe aujourd’hui.
Il faut le dire et le répéter, nous avons dans la région deux excellents journaux : Haaretz, que l’on peut lire en anglais et L’Orient le jour, disponible en français. Voilà deux sources précieuses pour quelqu’un qui souhaite avoir une information correcte sur ce qui se passe dans la région.

Je voudrais plus d’objectivité. Lorsque l’on traite du sujet du Proche-Orient, on peut être scandalisé par la subjectivité de vos journalistes. Lors d’un reportage récent sur les bipeurs du Liban, le reportage ne porte que sur les victimes, il n’est que compassion. On mentionne donc les blessés pris en charge, les sirènes des ambulances, les morts dont une fillette de 10 ans et les volontaires qui viennent de tout le pays pour donner leur sang. On oublie de dire que ces terroristes reconnus comme tels par la Communauté internationale envoient tous les jours depuis dix mois des missiles sur des civils israéliens ! Leurs chefs qui ont été tués sont les mêmes qui ont assassiné froidement 58 militaires français à Beyrouth. Alors quoi ? Il est acceptable de bombarder les terroristes de Daech à Mossoul mais il faut plaindre les terroristes du Hezbollah ? Dans les deux cas, ils ne s’attaquent qu’à des civils chrétiens ou juifs, étant islamistes. Donc, de grâce, si vous voulez que l’on continue à vous écouter, je vous demande plus d’objectivité et de neutralité dans le traitement de l’information.

Je souhaite exprimer mon inquiétude concernant la transmission de l’information sur la guerre au Liban. Tout d’abord, il est important de noter que la population libanaise, y compris celle du sud, n’est pas informée des positions du Hezbollah, et même ses combattants demeurent souvent inconnus. Ainsi, le message diffusé par Israël apparaît comme un écran de fumée destiné à justifier les bombardements de zones civiles et les crimes de guerre qui en découlent, rappelant les événements de 2006. En revanche, Israël semble bien connaître chacune des positions de tir du Hezbollah, toutes localisées le long de la frontière. De plus, il convient de préciser que les localités du « nord d’Israël » ciblées par le Hezbollah correspondent en grande partie à des villages du sud du Liban occupés par Israël.
Enfin, le Liban manifeste un soutien envers le peuple palestinien voisin et ne peut rester indifférent face à ce qui est perçu comme un génocide. Toutefois, il est essentiel de clarifier que ce soutien ne se traduit pas par une approbation du Hamas, qui fut l’allié de Netanyahu. Ce dernier a été élu sur la promesse d’étendre le « grand Israël », un projet qui implique l’effacement de la Palestine et la colonisation du Liban, et nous ne sommes pas dupes.
Pour le dire clairement, les Libanais ont des priorités et des urgences bien plus immédiates que « la destruction d’Israël ». Il est grand temps que les Israéliens se libèrent de leur psychose. Leur pire ennemi est, en réalité, leur premier ministre fasciste.

Je suis franco-libanaise, journaliste et réalisatrice de documentaires. Je suis rentrée de Beyrouth il y a quelques jours après l’été que vous savez ; Et d’entendre sur France Inter dire que les Libanais sont solidaires du Hezbollah, est juste un mensonge et une faute grave ; évidemment si le journaliste tend le micro à un groupe de jeunes hommes chiites attablés dans un café, ils vont tous lui répondre qu’ils sont du côté du Hezbollah. Ceux qui contredisent le discours officiel de Nasrallah sont éliminés. Mon ami, le journaliste Lokman Slim en a été l’une des victimes. On le pleure encore tous les jours. De plus, que je sache, le Liban est également peuplé de citoyens laïques, sunnites et chrétiens pris en otage par un parti armé, plus fidèle à l’Iran qu’au Liban et qui a largement contribué à l’effondrement économique. Alors non, les Libanais ne soutiennent pas le Hezbollah et c’est grave de l’affirmer. Pour nous, là-bas les mots ont pouvoir de vie ou de mort. Alors s’il vous plait, restez avec nous du côté de la réalité et de la vie.

Lorsque vous décidez de faire un focus sur les enfants morts ou blessés au Liban lors de l’explosion des bipeurs, peut-être pourriez-vous rappeler le fait que l’acquisition de ces bipeurs par les familles de ces enfants ne constitue pas l’achat d’un simple outil de communication domestique mais que cela s’inscrit dans un dispositif bien moins noble à visée terroriste. Les laisser à la portée de leurs enfants relève de leur responsabilité exclusive et d’un cynisme classique chez ces groupes terroristes totalement décomplexés. J’ajoute que s’il était avéré que dans ces très très rares cas, les familles n’étaient pas directement impliquées au sein du hezbollah, il conviendrait de vérifier qui leur a fourni ledit bipeur ! Evoquer les victimes collatérales parce que ce sont des enfants est parfaitement légitime mais oublier de recontextualiser le sujet ne contribue ni à la pédagogie ni à désamorcer les amalgames qui font le jeu des antisémites. A vous écouter, on en oublie totalement à qui on a affaire. On en oublie également qu’en très grande majorité les cibles atteintes n’ont que peu de points communs avec ces enfants, certes totalement innocents et dont je déplore bien évidemment l’atteinte dramatique.

Madame la médiatrice,
Merci d’avoir partagé les nombreux avis sur les explosions ciblées au Liban.
Non, il ne s’agit pas de terrorisme (actes visant des civils de façon non discriminées dans le but de créer la terreur).
Les personnes visées sont UNIQUEMENT la structure dirigeante d’un parti/mouvement/armée qui depuis le 8 octobre commet lui des actes terroristes en bombardant les populations civiles du nord d’Israël. Ne pas le reconnaître est malhonnête. Donc les journalistes ont eu raison de parler d’actes de guerres.

D’abord un merci pour vos lettres du vendredi qui donnent le sentiment qu’on est un peu écouté !
Je reviens sur les explosions de Beyrouth. Encore aujourd’hui au journal de 13h sur France Inter, le terme « terroriste » n’a pas été mentionné. Quel désespoir de se rappeler comment certains ont été roulés dans la boue et traités d’antisémites (et continuent à l’être chaque fois qu’on se permet de parler du scandale des massacres à Gaza) pour n’avoir pas employé le terme « d’acte terroriste » pour l’attaque du Hamas.
Oui cette attaque était un acte terroriste ? Mais pourquoi l’attaque des bippers n’est toujours pas appelée « terroriste ». Il faut vivre à Beyrouth en ce moment et en particulier le jour de l’explosion des bippers pour comprendre l’ampleur de cette horreur (mes enfants y habitent).
Je suis très choquée par cette partialité sur France Inter.

Votre slogan est, si je ne me trompe, « Pas juste l’info, mais l’info juste ». J’apprécie écouter Franceinfo depuis la Suisse, mais suis souvent sidéré par le biais politique donné dans votre interprétation et vous recommande d’y prendre garde. Hier par exemple, vous dites « Les Libanais fuient vers le nord pour échapper aux frappes israéliennes. C’est clairement un biais, on peut aussi dire qu’ils fuient les sites de conflits mis en place par le Hezbollah, car les bombardements sont sur des sites de lancements de bombe.

Le fait que de nombreux Libanais sont très critiques envers le Hezbollah et pour certains, le combattent au péril de leur vie, n’est pas nouveau. Elle ne se confond pas entièrement avec le soutien à la cause palestinienne. Mais ce que je peux vous dire, c’est qu’aucun Libanais aujourd’hui ne se trompe sur le premier « responsable » des bombardements massifs au Liban, à savoir leur auteur, Israël, complètement invisibilisé de votre titre comme du contenu de votre reportage. Cela n’enlève en rien le fait qu’il soit légitime et intéressant de s’interroger sur le soutien des Libanais au Hezbollah.

Depuis que les tensions ont littéralement explosé à la frontière Israel-Liban, on assiste à un discours qui me semble être uniquement à charge contre Israël, aussi est-il nécessaire de rappeler que :
1- Le Hezbollah est une organisation islamiste terroriste qui a tué nos 58 parachutistes en 1983, et causé de nombreux attentats sur le sol français des années 80.
2- Depuis 2006, le Hezbollah s’est allégrement accaparé le sud-Liban pour en faire une base dizaines de milliers de missiles pointés en permanence sur Israël, lequel s’est pourtant totalement retiré, qu’a donc fait la FINUL onusienne face à cette violation flagrante de la résolution 1701 ?
3- Depuis le 08/10/23, le Hezbollah n’a cessé de tirer ses missiles sur le territoire israélien, sans que cela n’émeuve l’ONU, l’Europe, Mélenchon etc. et c’est quand Israël riposte légitimement que l’on se réveille ? La critique de la politique israélienne, et en particulier de Netanyahou, ne saurait justifier cette quasi-complaisance à l’égard du Hezbollah pro-iranien et qui est responsable de la flambée de violence actuelle.