Alors que le procès de l’affaire souligne l’aspect systémique des violences vécues par Gisèle Pélicot, les hommes s’absentent des mobilisations qui lui portent soutien. Sujet du « Téléphone sonne » du 23 septembre

En tant qu’homme, je refuse de voir dans le procès de Dominique Pélicot et de ses complices le procès de tous les hommes. Non, tous les hommes ne sont pas des prédateurs, qui monnaient et achètent le corps des femmes comme un objet, non tous les hommes ne fréquentent pas les sites libertins pour assouvir des pulsions morbides.
Ce procès est celui d’une cinquantaine de salauds qui n’ont en commun avec la majorité des hommes que leurs chromosomes. A la lecture des articles traitants des audiences du procès, je ne ressens aucune honte à être un homme, puisque je ne me trouve aucun point commun avec ces sales types. Et j’y vois là une question de morale plus que d’éducation.
Pour autant, je ressens de l’horreur à l’idée de ce qu’ont vécu Gisèle Pélicot et ses filles. Peut-être est-il temps d’apporter de la nuance à #MeToo à enterrer l’idée que tous les hommes ont déclaré la guerre aux femmes…

Je suis totalement en accord avec le fait que le comportement de certains hommes est inadapté, inadmissible vis à vis des femmes. Mais s’il vous plaît ne dites pas que tous les hommes sont coupables. Ils sont responsables au même titre que toute la société du patriarcat qui est transmis via l’éducation qui se répète de génération en génération et c’est cela qu’il faut corriger.

Je trouve lamentable que dans une émission faite pour donner la parole aux hommes, on disqualifie d’entrée de jeu l’intervention du deuxième auditeur qui dans la réalité de sa vie se trouvait très loin de ce procès hors norme. La réaction des « spécialistes » est qu’il n’a pas compris le contexte global d’oppression des femmes par les hommes, le message explicite est « tous coupables » cela a été dit expressément. Ce n’est pas avec un tel discours sexiste où les hommes sont tous suspects a priori qu’on arrivera à des relations justes entre les hommes et les femmes.

Merci pour votre Téléphone sonne de ce lundi 23 septembre. Merci de ne pas laisser passer cette occasion historique d’avoir cette douloureuse mais oh combien nécessaire réflexion. Beaucoup de témoignages étaient assez désespérants mais représentatifs. Merci d’avoir invité Mme Froidevaux-Metterie et M. Palin dont les discours sont limpides, argumentés et réfléchis.

Une grande absente dans ce procès et dans la manière dont il est relaté : la sexualité.
Il y a tant de questions pourtant : la sexualité serait-elle genrée pour que ce genre de crime ne semble être commis que par des hommes ? Si c’est le cas, comment éduquer vraiment ou plutôt qu’éduquer, comment construire une nouvelle sexualité pour les hommes ? Cette question n’est pas anecdotique car il s’agit de près de 50 hommes ayant des profils différents qui manifestement, ont recherché du plaisir sexuel à travers le plan tragique qui était proposé. Certains disent qu’ils savaient que la victime dormait. Et pourtant. Ils sont passés à l’acte et ont certainement éprouvé du plaisir. Ne pas parler de sexualité lors de ce procès, pendant cette affaire, que ce soit au tribunal ou dans les médias, c’est, me semble-t-il passer à côté d’un point central, majeur, vertigineux. Et d’une manière plus générale, le wokisme, MeToo, tout le questionnement de la société et des hommes en ce moment, aussi intense et fondamental soit-il occulte la sexualité. Et en tant qu’homme, tout cela m’interroge dans ma relation aux femmes bien sûr mais aussi à propos de ma sexualité et de la sexualité. Suis-je seul ?