« Depuis plusieurs semaines, nous regardons de loin des images et récits de la guerre en Ukraine. Des images de crimes de guerre, de villes martyres, de corps abandonnés, au premier rang desquels nous avons trouvé la ville de Boutcha cette semaine. Comment faire, en France, pour regarder l’insoutenable ? Comment réagir face à l’inacceptable ? » Le Téléphone Sonne du 8 avril sur France Inter questionnait le rôle de ces images et de ces récits dans nos vies. Les auditeurs ont réagi :

Je pense que c’est vraiment égoïste de parler de notre stress et de notre angoisse à la vue des images. C’est un peu une réaction de peuple gâté. Les regarder trop souvent peut tourner au voyeurisme et les ignorer c’est faire l’autruche. 

Nous n’avons pas la télé à la maison et sommes généralement branchés sur internet. Mais depuis le début de la guerre, nous avons pris l’habitude de regarder le 20h quelques soirs par semaine avec les enfants (10 et 12 ans) pour que ceux-ci puissent mettre des images sur tous ces récits que nous entendons tous les jours sur vos antennes… Merci à vous !

Au début j’étais bouleversée car je ne pensais pas que la guerre pouvait revenir en Europe, surtout que ma famille a disparu à Auschwitz. J’ai beaucoup écouté la radio, car je n’ai pas la télé, j’étais submergée d’émotion. Maintenant je regarde aussi toutes les réactions positives, de solidarité envers les Ukrainiens et leurs animaux et cela me touche particulière. C’est aussi une façon de ne pas entendre seulement les horreurs de cette guerre.

Si seulement cette guerre pouvait faire prendre conscience à certains Français qu’ils ont beaucoup de chance de vivre dans un pays encore libre et en paix ! Nos soucis semblent bien dérisoires à côté des horreurs que vivent les Ukrainiens.

En ce qui me concerne, je m’oblige à écouter, à regarder les images. J’ai un sentiment de culpabilité à cause des réactions trop limitées de nos gouvernements, alors, je ne me défile pas. De toutes façons, ce que je supporte, mes larmes quotidiennes ne sont rien, rien du tout à côté de ce que vivent ces gens, qui n’ont rien demandé, rien fait à personne !

Ce que ces images provoquent après la sidération et la colère c’est un sentiment de culpabilité et d’impuissance. Personnellement, je ne veux pas détourner le regard, pour tous ces gens qui souffrent.

Une pensée pour les journalistes et les photographes qui meurent pour nous informer.

Je ne veux pas et ne peux pas regarder les images de la guerre en Ukraine diffusées à la tv. Je ne peux pas regarder ces personnes mortes, confortablement installée dans mon fauteuil. On n’est pas au cinéma !

Je comprends bien l’angoisse des Français.
Personnellement j’évite de regarder les images violentes dans les films ou au journal télévisé.
Je me rappelle les interventions de Lucie Aubrac lors de la guerre en Bosnie-Herzégovine. Les personnes mobilisées comme elle à cette époque ont probablement au moins contribué à la création du Tribunal Pénal International. A mon sens il n’y a pas d’autre façon de réagir aux informations de la guerre en Ukraine qu’en soutenant les Ukrainiens afin que cette guerre cesse, en manifestant notre soutien auprès d’eux pour arrêter l’agresseur car l’aide humanitaire n’arrêtera pas la guerre.

Juste un mot d’espoir pour les anxieux(ses) J’ai, moi aussi, commencé à « psychoter » mal dormir, dès les premiers jours de la guerre et je vais mieux depuis que je me rends utile en essayant d’aider les familles ukrainiennes qui sont arrivées dans mon secteur. Nous avons ce mercredi préparé et mangé du Bortsch ensemble, en dépit de la barrière de la langue.
Simplement retrousser ses manches, ouvrir ses bras sincèrement, lire un peu de philo… ça réduit nettement les angoisses.