Prolonger l’âge de la retraite, c’est aussi créer de gros problèmes à toutes les familles qui comptent sur les grands-parents pour garder les enfants hors périodes scolaires (difficultés d’avoir de la place dans les centres de loisirs qui vont s’accentuer). Sans parler des associations qui fonctionnent en grande partie avec des retraités et pallient les déficiences de l’État… Cessez de travailler sur des dossiers dans vos rédactions et regardez ce qui se passe sur le terrain ! Une retraitée active comme beaucoup d’autres…

Nombreux sujets sur la réforme des retraites en ce moment, et pour cause. Dans la grande majorité de vos émissions et interviews menant à comparer l’âge légal en France et dans les autres pays européens, toutes précisent qu’il est globalement plus élevé chez nos voisins. Très peu ajoutent que les retraités de ces pays voisins se paupérisent depuis lors.
Comme le premier pan de l’équation est un argument de droite et le second un contre-argument de gauche, je m’étonne que l’équilibre ne soit pas respecté.

Pour répondre à ceux qui réagissent contre la réforme des retraites : il ne faudrait pas réajuster notre système de retraite ? Partir à 64 ans, alors que la majorité des autres pays européens partent à 67 ans ! Laisser augmenter la dette et en laisser le coût aux nouvelles générations, à nos enfants ? Dans les périodes dramatiques que nous traversons, la France n’est-elle pas réformable ? La sauvegarde et l’unité de notre pays, doivent passer par quelques sacrifices !

Quelques réflexions :
-on parle des carrières longues. Un étudiant qui arrive après 5 années d’études sur le marché du travail aura 67 ans ou plus après 43 années de travail. Il serait convenable selon moi de considérer qu’une année d’étude réussie donne droit à 4 trimestres cotisés avec une limite à bac+5 (niveau Master actuellement devenu la norme). En effet, un étudiant travaille quand il étudie et le soir, … il révise pour réussir. Donc j’estime qu’une année validée doit être considérée comme cotisée.
-on parle de retraite mini mais jamais de maxi… Je pense que limiter la retraite à 1,5 x le salaire médian d’un actif a du sens ! donc 2600€ maxi par exemple. Certaines retraites sont indécentes. Et ceux qui cotisent plus en raison de leurs revenus confortables peuvent être satisfaits déjà durant leur activité de gagner beaucoup plus que les autres. Pour les « extras », ils ont la possibilité d’épargner durant leur activité contrairement à beaucoup de nos concitoyens.

J’écoute beaucoup France Inter et depuis plusieurs jours vous parlez beaucoup de ceux qui ont commencé à travailler tôt et qui n’ont pas fait d’études. Pourquoi ne parlons-nous jamais de ceux qui ont fait des études et qui ont commencé à travailler à 24, 25, 26 ans ? Pourquoi ne prend-on pas les années d’études (sanctionnées par un diplôme, 3 ans pour une licence, 5 ans pour un master, et pas les années passées çà la fac) pour le calcul des trimestres ? Nous avons travaillé pendant ces années, les études ne sont pas des vacances, beaucoup ont même des emplois difficiles après 5 ans d’études, c’est un sujet jamais abordé.

Ancienne infirmière retraitée, ayant été licenciée un an et demi avant la retraite pour incapacité de travail constatée par la médecine du travail, je vous demande instamment de ne plus jamais dire que « les retraités » ne se sentent pas concernés par la réforme des retraites de M. Macron, pour lequel, comme on l’entend trop souvent également, « les retraités » n’ont pas tous voté. En France, l’âgisme et le mépris des retraités en mauvaise santé sont déjà assez développés, pour qu’une radio publique mobilise les plus jeunes contre nous, en diffusant des généralités massives portant sur un groupe humain.  De nombreux retraités sont écœurés par ce projet de réforme qui touche directement leurs enfants et leurs petits-enfants, et ils ne le soutiennent pas. Pour ma part, je finis presque par regretter d’avoir eu un enfant, tellement l’avenir qui lui est réservé est cruel. On ne me verra dans aucune manifestation, car je suis déjà assez fatiguée et cassée. Nous sommes sûrement nombreux dans ce cas. Par conséquent, évitez d’y voir une « preuve » de notre désintérêt.

Je suis enseignante. Ce métier est-il pénible ou pas selon ceux qui souhaitent cette réforme ? Comment pouvoir envisager d’enseigner jusqu’à 64 ans devant des classes de 30 élèves au minimum ? Et ce sera sans doute plus pour les femmes notamment. Sans parler du fait que nous n’avons jamais aucun contrôle médical lors de notre carrière !

Pour que cette réforme nécessaire soit mieux acceptée ne serait-il pas judicieux de montrer que les plus hautes autorités de l’Etat y adhèrent pleinement ? Par exemple en énonçant que nos députés et sénateurs sont inclus dans cette réforme ?

Cette réforme comporte des effets pervers. Quid des parents qui n’ont pas les moyens de payer une nounou et qui font garder leurs enfants par les grands-parents ? Quid des très nombreuses associations dont les forces vives sont les jeunes seniors ? Cet angle mort de la réforme n’est pas pris en compte. Et plus généralement, le gouvernement aurait dû déployer cette énergie « réformatrice » dans une réelle transition écologique qui est la grande menace pour notre futur.

La réforme me semble terriblement injuste pour la raison que ceux qui défendent la réforme sont majoritairement des gens qui ne sont pas concernés par cette réforme. Que ce soient certains de vos invités mais aussi certainement la plupart des députés prêts à la voter, professions intellectuelles, chefs d’entreprise, professeurs-chercheurs, etc., toute une partie de la population n’est pas concernée car dans tous les cas ils partiront plus tard que 62 ans, soit pour avoir fait des études longues, soit par choix. Par contre parmi ceux qui s’y opposent, beaucoup sont véritablement concernés et ne rêvent pas de prolonger leur activité… Pour une réforme qui répond à une nécessité nationale, n’est-ce pas injuste de faire porter l’effort essentiellement pas ceux qui vont la subir et en exempter une partie non négligeable – la plus aisée ?

Vous parlez très peu des indépendants. Après 40 ans de cotisations, quelquefois élevées, leur retraite est de 800 à 900€ par mois. C’est scandaleux. Le montant de 1200€ leur sera-t-il appliqué ? Ne les oubliez pas, car les syndicats eux, en parlent peu.

Pourquoi dans le débat sur la réforme des retraites, ne pas aborder l’inégalité scandaleuse entre le retraité du privé et celui du public ? Exemple : pour ma part, j’ai travaillé jusqu’à l’âge de 66 ans (2017), pour bénéficier de tous mes trimestres, ayant travaillé 2 ans durant mes études, indemnisé mais non déclaré, puis service militaire (qui compte). Ma retraite a été calculée sur les 25 meilleures années… ce sont mes 7 dernières années qui m’ont permis d’avoir une retraite correcte (3300€ net/mois) pour notre foyer puisque ma femme n’a pas travaillé ayant fait le choix d’élever nos enfants dès l’école finie en soirée et durant les vacances scolaires. J’ai travaillé dur entre 50 et 70 h par semaine, hors déplacements qui représentaient 500 h par an. J’ai été heureux de travailler jusqu’au dernier jour. Ce que je souhaite à chacun plutôt que de pleurnicher en trouvant difficile de travailler 35h par semaine… Enfin, les syndicats ne représentent que moins de 10% du monde du travail et certains parmi eux sont contre la grève… alors pourquoi les laisser envahir les médias et la rue ?

Insupportable d’entendre les journalistes s’acharner sur la contribution des retraités, savent-ils combien coûte un hébergement en EHPAD : au minimum 2000 € par mois, auxquels s’ajoutent les frais de Mutuelle, plus les achats courants de produits d’hygiène, vêtements…, soit un budget mensuel de 2500 € au bas mot. Ces sommes représentent combien d’emplois, de contribution au financement de la construction et de l’entretien des établissements… Qui va pouvoir payer le fonctionnement de ces structures à l’avenir ? Sont-ils conscients que les retraités sont des consommateurs et font vivre une économie, tant qu’ils sont en bonne santé, souvent hors périodes de vacances, qu’ils sont les premiers employeurs d’aide à domicile, qu’ils soutiennent leurs enfants et petits-enfants quand ils le peuvent. Oui ceux qui en ont eu la possibilité ont pu se constituer un capital, souvent leur seule maison d’habitation qu’ils ont chèrement payée avec les taux d’emprunt de l’époque où ils ont construit, la TVA qu’ils ont payée, sans parler de l’économie du bâtiment qu’ils ont soutenue. Entendre les propos tenus dans Questions politiques ce matin sur la contribution des retraités est insupportable, réfléchissez !

Je suis pour la réforme des retraites pour toutes les catégories sociales mais qu’en est-il des retraites des ministres ? Nous n’en entendons pas parler et je trouve qu’à ce niveau il y a un gros problème.

Entendre que ceux qui ont travaillé tôt seraient plus vaillants et méritants me blesse. J’ai réussi le concours de professeurs à 24 ans, comme la moyenne de mes collègues. De mes 16 ans à mes 24 ans, je n’ai pas rien fait et j’ai même beaucoup travaillé, notamment pour réussir. Mes copains qui ont arrêté l’école entre 16 et 22 ans n’étaient pas les plus vaillants, je m’en souviens très bien. Aujourd’hui, je sais qu’à 64 ans, il manquera 3 années pour un taux plein et je ne pourrai pas supporter ces trois années supplémentaires et je choisirai une retraite minorée. Où suis-je donc un « cadre privilégié » ?

Cependant je m’étonne que personne ne parle de la perte du niveau des retraites dû à cette réforme puisque la surcote ne s’appliquera désormais qu’à partir de 64 ans. Ceux qui avaient tous leurs trimestres à partir de 62 ans et comptaient travailler jusqu’à 63 ans ou 64 ans pour augmenter leur pension respectivement de 5% ou 10% vont perdre 5% ou 10% de leur pension avec cette réforme. Ils ont commencé à travailler à 20 ans et leurs trimestres supplémentaires cotisés au-delà de 43 ans ne leur rapportent rien. Il s’agit pour eux de travailler PLUS pour gagner MOINS. Cela ne concerne-t-il qu’une poignée de Français pour que personne n’en parle ?

Ce qui me choque dans le discours sur les retraites c’est que toutes les taxes, tous les prélèvements obligatoires payés par les salariés ne sont pas mis en perspective. Un travailleur paye de plus en plus, ses charges n’ont pas baissées par contre plus de chômage plus de retraite, plus de services publics…. On nous compare aux autres pays européens comparez aussi les prélèvements obligatoires TVA comprise. SVP