Chers auditeurs,

Vous êtes nombreux à avoir écrit au service de la médiation pour exprimer votre incompréhension à la suite de l’annonce du licenciement de Guillaume Meurice. Chaque message a été lu attentivement. Certains parmi vous manifestent le besoin de comprendre les raisons qui ont conduit à cette décision.

Afin de vous éclairer, nous vous communiquons la lettre adressée mardi matin par Sibyle Veil, présidente de Radio France, aux salariés de France Inter. Nous espérons que ce texte apportera les réponses à vos interrogations et contribuera à clarifier les circonstances entourant cette décision.

Emmanuelle Daviet,
Médiatrice des antennes de Radio France

Bonjour à toutes et à tous,

Par courrier envoyé en fin de semaine dernière, Guillaume Meurice a été informé que nous mettions fin à son contrat avec Radio France.

Cette décision, je l’ai prise pour déloyauté répétée à l’égard de l’entreprise.

Je connais les interrogations que la procédure disciplinaire avait suscitées, c’est pourquoi je tiens à vous en expliquer les raisons.

D’abord, ni la liberté d’expression, ni l’humour, n’ont jamais été menacés à Radio France. Plusieurs chroniqueurs ont d’ailleurs librement exprimé sur nos antennes leur soutien à Guillaume Meurice. Il y a quelques jours, l’un d’entre eux me comparait à Donald Trump et imaginait que mes décisions me faisaient l’usage d’un vibromasseur. Quand on entend cela, on peut se dire que la liberté d’expression a peu à craindre.

La chronique de Guillaume Meurice du 29 octobre dernier avait conduit l’ARCOM à prendre une sanction à notre encontre. Il faut lire le texte de cette mise en garde : l’ARCOM estimait que cette chronique avait « porté atteinte au bon exercice par Radio France de ses missions et à la relation de confiance qu’elle se doit d’entretenir avec l’ensemble de ses auditeurs ». Une sanction rare s’agissant d’une chronique d’humour et lourde de sens.

Le procureur saisi d’une plainte a, quant à lui, expressément consenti aux plaignants le fait que « ces propos nourrissent la haine », quand bien même l’infraction pénale « d’appel ou d’exhortation à la haine ou à la violence » ne pouvait être démontrée.

Après sa chronique qui avait créé beaucoup d’émoi chez nos auditeurs, j’avais demandé à Guillaume Meurice de faire preuve de responsabilité en formulant un mot d’apaisement, à sa façon. Je considère que l’ouverture et l’écoute des auditeurs sont une force de cette maison, pas une faiblesse. Il a fait le choix inverse. Au lieu d’apaiser, il a envenimé la polémique des mois durant. Dans son livre et dans ses interventions médiatiques, il a proféré des insinuations non seulement fausses mais gravement préjudiciables à France Inter et à Radio France, allant jusqu’à mettre en doute l’indépendance et l’impartialité de notre travail. Au mépris de l’intérêt du collectif, il a nourri les arguments les plus infondés de nos détracteurs.

En réitérant finalement ses propos à l’antenne en avril, Guillaume Meurice a ignoré l’avertissement qu’il avait reçu, la mise en garde de l’ARCOM et détourné la décision du procureur. Il ne nous a pas laissé d’autre choix que de tirer les conséquences de son obstination et de sa déloyauté répétée.

J’aimerais enfin rappeler ce qui doit guider l’action de tous ceux qui travaillent à Radio France. Nous sommes dépositaires de quelque chose de plus grand que nous, le service public et ses valeurs : chacun de nous doit intégrer ce que cela implique. Nous nous inscrivons à ce titre dans un cadre légal, réglementaire, déontologique qui s’impose à nous et que nous nous devons de respecter. Enfin, nous ne pouvons ignorer l’état de la société. Nous devons avoir le souci de ne pas abimer davantage une société déjà traversée par bien des divisions et des fractures.

Le droit à l’erreur vaut pour tous et vaut bien sûr dans le domaine de l’humour. Mais le sens du bien commun vaut également pour tous y compris pour les humoristes.

Je tenais à vous donner ces éléments de compréhension.

Sibyle Veil