La presse en ligne et les sites de Radio France offrent aux lecteurs la possibilité de commenter les articles.
Le 16 juin 2015, la Grande chambre de la Cour européenne des droits de l’homme a créé la polémique. En sanctionnant le site d’information estonien « Delfi » pour ne pas avoir supprimé des commentaires injurieux, la Cour réaffirme et entérine sa position antérieure : les sites web sont chargés de réguler leurs commentaires et d’anticiper les éventuels débordements liés à un article. Pour le moment, cette décision n’a pas été traduite en droit français mais cela pourrait être le cas dans les mois qui viennent. Désormais le « tout interactif » a un prix, celui d’assurer une régulation efficace des contenus publiés par les lecteurs sous peine de dommages-intérêts. Cette régulation a aussi un nom : la modération.
Modérer, c’est savoir appréhender l’épineuse question des flux de commentaires. Pour un site d’information, il s’agit de la capacité à réguler les contenus produits par les lecteurs en jonglant entre « liberté d’expression » et contraintes juridiques ou éditoriales. Cette charge est assumée par des modérateurs, c’est-à-dire des individus possédant des « droits » de publication, de suppression, d’édition, sur les commentaires postés par les lecteurs. Face à cet impératif de surveillance et de régulation, les sites de presse ont progressivement intégré la nécessité de modérer avec efficacité les contenus publiés par les lecteurs. Avec l’arrivée du Web participatif émerge une forme d’idéal démocratique : tout lecteur est invité à se joindre au débat.
D’abord concentrés sur les forums de discussion, les commentateurs investissent rapidement les sites d’information puis les réseaux sociaux à la fin des années 2000. Les espaces ouverts à la discussion se multiplient rapidement et les flux deviennent, par moment, incontrôlables. Dès lors, gérer et réguler cette masse de nouveaux contenus s’avère de plus en plus difficile, nécessitant des moyens humains et techniques conséquents. En réaction à cette nécessité, les sites d’information se voient alors proposer les services de sociétés spécialisées dans la modération de contenus. Rapidement, l’externalisation de la modération – c’est-à-dire la sous-traitance par des sociétés dédiées à la modération – devient la règle. Quelques pure players, dont Rue89 fait figure de proue, résistent à cette tentation en assurant eux-mêmes la modération (source : inaglobal.fr)
Modérer a priori ou a posteriori ?
Comprendre la modération revient à appréhender une distinction fondamentale entre les contenus modérés avant publication (« modération a priori ») et les contenus modérés après publication (« modération a posteriori »).
Quelle pratique à Radio France
Cliquez sur ce lien pour écouter et lire les explications de Christophe Israël responsable du service web de France Inter
La modération se fait en plusieurs temps :
Une société extérieure (Concileo), à qui Radio France sous-traite cette fonction pour l’ensemble de ses sites, assure un premier tri dans les commentaires laissés sur les pages.
A France Inter, ce sont ensuite les équipes (pôle édition pour les programmes et rédaction web pour le news) qui peuvent valider ou invalider un commentaire.
Dans le cas particulier de émissions, ce sont les producteurs et leurs équipes qui décident ou non de l’ouverture des pages aux commentaires, et qui peuvent ensuite les administrer. Cela explique en partie le caractère souvent « positif » des commentaires visibles en ligne.
Le dossier d’Ina Global
https://www.inaglobal.fr/presse/article/comment-les-sites-d-information-moderent-ils-leurs-commentaires-8463