La météo devient un sujet très sensible
« Demain, il fera encore très beau, avec des températures bien au-dessus des normales de saison ». Ce genre d’annonce sur un ton enjoué provoque de plus en plus de réactions d’auditeurs. Sophie Bria, présentatrice météo, et Elodie Callac, ingénieur à Météo France et prévisionniste sur franceinfo, répondent aux auditeurs.
Les auditeurs supportent de moins en moins le « beau temps » ou, plus exactement, la façon de l’annoncer.
Comme Philippe : « Le temps magnifique annoncé sur vos antennes parisiennes est une catastrophe pour de nombreuses régions confrontées à la sécheresse ». Et Ghislaine ajoute : « Comment pouvez-vous annoncer avec bonne humeur « un beau soleil dans le sud », quand arbres et arbustes sèchent à une vitesse incroyable ? Pas de vraies pluies depuis 5 mois ». C’est vrai qu’il est plus agréable d’annoncer du soleil, mais ce soleil peut finir par devenir catastrophique…
« On manque d’eau effectivement, mais il faut rester positif dans l’utilisation des mots en météo, sans exagérer. Le soleil, la lumière, amènent au sourire, au bien-être. Lorsque les conditions météos sont sources de grandes difficultés, elles sont traitées dans le sujet d’actualité (exemples récents: la sécheresse dans le sud, les ouragans aux Antilles en septembre)
Comment expliquer cette douceur automnale et cette pénurie de pluie ?
« Les anticyclones nous ont souvent protégé des perturbations atlantiques en les rejetant vers le Nord de l’Europe et ils ont favorisé des remontées d’air chaud en provenance d’Afrique, donc des températures élevées pour la saison ».
Plusieurs auditeurs, comme Mélanie, vous reprochent de « ne pas dire clairement qu’il s’agit des conséquences du dérèglement climatique »
« Le climat se réchauffe depuis des décennies. Il est difficile de relier directement un événement isolé au réchauffement climatique. Mais il est vrai que les cyclones ne seront pas plus nombreux mais plus intenses ».
Sur quoi se fondent ces « normales saisonnières » ?
D’autres auditeurs, comme Jean-Louis, estiment qu’à propos des températures, on ne devrait pas parler de « normales saisonnières », mais plutôt de « moyennes », car des automnes peuvent être très frais, et d’autres plus doux.
« Normales » est un abus de langage, il faut plutôt parler en effet de « moyennes ».
Comment construit-on un bulletin météo ?
« Il faut tenir compte des contraintes de temps d’antenne imparti à la météo : parfois parler de l’hexagone en quelques secondes ! Il faut alors choisir les priorités ».
La Bretagne et la pluie
Enfin, des auditeurs – un peu chauvins, dirons-nous – reprochent d’annoncer l’arrivée des perturbations par la Bretagne. Or, personne n’y peut rien ; c’est une réalité météorologique.
« Il s’agit de la région la plus à l’Ouest, mais c’est par là également que reviennent les éclaircies ».