Emmanuel Macron l’a annoncé : il y aura une loi pour bloquer les fausses informations, principalement pendant les campagnes électorales. Les auditeurs font le lien entre journalistes et « fake-news »; or, le principe de ce métier est justement de vérifier une information avant de la donner. Pour en parler, Estelle Cognacq, directrice de l’Agence franceinfo, au micro du Médiateur.
Les fausses informations sont-elles propagées par des groupes idéologiques tel que Trump, Daesh ou les anti-vaccins ? La faute aux réseaux sociaux ?
Les réseaux sociaux ont amplifié ce phénomène. Selon l’étude IFOP (commandée par Conspiracy Watch et la Fondation Jean-Jaurès) , 79% des Français croient à au moins une théorie du complot. Auparavant, elles circulaient dans le cercle familial ou au « Café du commerce », les réseaux sociaux leur donne une ampleur considérable. Et ce phénomène est deux fois plus important chez les jeunes. On retrouve les mêmes thématiques dans les « fake-news ».
L’Agence franceinfo est au cœur de la vérification de l’information. Vous ne faites confiance à personne ?
Nous faisons confiance à tout l’univers Radio France et France Télévisions. Nous partageons un même document qui qualifie notre rapport aux autres médias et aux sources d’informations, en fonction de la crédibilité à accorder. Nous assumons des erreurs possibles (cela peut arriver), mais les nôtres uniquement. Nous revérifions systématiquement les informations lorsque les sources ne sont pas clairement identifiées.
Franceinfo se doit d’être exemplaire. Comment fonctionne cette agence interne ?
Elle est organisée comme une chaîne d’information en continu : 7 jours sur 7 et quasiment 24 heures sur 24 avec des gens qui font de la veille concurrentielle, qui réceptionnent les informations des journalistes de Radio France. L’info est vérifiée, puis l’agence écrit une dépêche adressée à tout franceinfo, ainsi qu’aux autres rédactions du groupe, à celle de franceinfo télévision et aux équipes web.
En deux ans d’expérience, l’agence a-t-elle permis d’éviter des erreurs ? Et a-t-elle changé certains réflexes professionnels ?
Nous avons repéré des erreurs ou défauts d’informations qui nous ont permis d’éviter de relayer des informations fausses.
Les réflexes ont également changé: nous sommes prêts à retarder la diffusion d’une information, même si elle est déjà transmise par la concurrence; nous voulons être sûrs de ne pas nous tromper. Mais il est parfois difficile pour les journalistes d’attendre avant de publier ou de diffuser une nouvelle information. Cependant, certains journalistes se sentent rassurés par cette vérification. De plus, nos informations sont harmonisées sur l’ensemble de nos chaînes.
Interview de @vincentgiret : « Nous allons fournir plus de vidéos pour le média global #Franceinfo » https://t.co/otu0GxABXu via @LesEchos
— Le Médiateur (@mediateurRF) 18 janvier 2018