Les réseaux sociaux sont dénoncés à juste titre pour être les principaux vecteurs de fausses informations ou de complotisme. Ils restent toutefois utiles pour qui sait choisir ses sources d’information*. Pour les autres, il est très inquiétant de constater la perméabilité aux théories du complot**.
Trois Français sur quatre n’ont pas confiance dans les informations des réseaux sociaux, révèle le Baromètre ACSEL (Association de l’économie du numérique) – La Poste. Un constat plutôt rassurant sur la méfiance et le doute que peuvent avoir les Français à propos de toutes les « informations » qui circulent ; la plupart émanent de non-journalistes et, de ce fait, ne respectent pas l’éthique journalistique de vérification des faits, des sources et de respect de la dignité humaine.
Fiabilité quand l’éthique journalistique est respectée
75% des Français ne se trompent pas en affirmant avoir confiance, en revanche, dans les informations des sites de médias en ligne traditionnels. Ces sites respectent en effet les principes de base du journalisme. C’est d’autant plus vrai, par exemple, pour le site franceinfo.fr qui, comme pour la radio franceinfo, bénéficie de la vérification de toutes les informations publiées grâce à son agence interne. Celle-ci valide, après vérification, tout ce qui est publié ou diffusé. Quitte à perdre quelques minutes par rapport à des concurrents moins vigilants…
Seuls 32% des Français font confiance aux informations transmises sur les forums et on tombe à 25% pour les réseaux sociaux. 27% estiment que ce que l’on trouve sur Facebook, Twitter et Linkedin est neutre, 25% fiable.
Les incroyables « informations » complotistes
Parmi ces Français prêts à croire n’importe quelle « information » qui les conforte dans leurs convictions, leurs opinions, leurs a priori, on trouve évidemment tous les adeptes des théories conspirationnistes. Une enquête IFOP réalisée pour la Fondation Jean Jaurés et l’observatoire Conspiracy Watch révèle un constat inquiétant. Près de huit Français sur 10 croient en une grande théorie du complot.
Ainsi, 55% des Français sont persuadés que « le ministère de la Santé est de mèche avec l’industrie pharmaceutique pour cacher au grand public la réalité de la nocivité des vaccins ». 32% croient que « le virus du sida a été créé en laboratoire et testé sur la population africaine avant de se répandre à travers le monde ». On trouve même un Français sur cinq (20%) persuadé que « certaines trainées blanches créées par les avions dans le ciel sont composées de produits chimiques délibérément répandus pour des raisons tenues secrètes ».
Les moins diplômés et les extrêmes attirés par les fausses informations
Sans grande surprise, celles et ceux qui se laissent le plus facilement manipulés par les théories du complot sont les moins diplômés et les plus extrémistes. À propos de la soi-disant nocivité des vaccins, entre 58 et 64% des moins diplômés y croient, contre 42 % des plus diplômés ; et entre 63 et 70% pour les soutiens à la France insoumise, à Debout la France et au Front national…
Évidemment, cette attirance pour les fausses informations développées par un manque de connaissances, une propagande politique ou une défiance maladive de toute information vérifiée se retrouve dans un autre résultat de cette enquête IFOP : 36 % des Français sont persuadés que « les médias, étant largement soumis aux pressions du pouvoir politique et de l’argent, voient leurs marges de manœuvre limitées et ne peuvent pas traiter comme ils le voudraient certains sujets ». En tout cas, c’est bien mal connaitre Radio France si certains auditeurs s’imaginent que c’est vrai. En juin dernier, un ministre, François Bayrou, avait tenté de faire pression sur la cellule « Investigations » de Radio France. Aussitôt, son directeur avait fait connaitre la teneur de l’entretien. Quel est le journaliste digne de ce nom qui accepterait d’être « soumis aux pressions du pouvoir politique et de l’argent » ?
Bruno DENAES.
Réécoutez le rendez-vous du Médiateur sur l’Agence franceinfo et la vérification des faits :
* Baromètre de l’ACSEL (Association de l’économie du numérique) et de la Poste. Étude réalisée auprès de 1 000 personnes représentatives.
** Étude IFOP pour la Fondation Jean Jaurès et l’observatoire Conspiracy Watch.