« Vous parlez de tel événement pour faire de l’audience ». « X est à l’antenne uniquement pour faire monter votre audience ». L’audience, les auditeurs en parlent en interpellant le médiateur. L’audience est aussi très attendue par les équipes des radios. Mais comment est-elle calculée ? Et à quoi sert-elle ? Médiamétrie vient de publier les derniers résultats.

Pour certains auditeurs, « audience » est un mot tabou qui ne devrait pas être prononcé dans le service public. Mais le service public, comme les radios privées, a besoin de ses auditeurs pour exister et remplir sa mission ; sinon, à quoi servirait-il ? Il n’y a pas de honte à vouloir augmenter son audience dès l’instant que l’on propose des programmes de qualité et que l’on répond aux attentes des auditeurs ; c’est aussi une superbe récompense et une réelle motivation pour les équipes qui, jour après jour, fabriquent les journaux et les programmes que vous écoutez.

L’audience n’a évidemment pas la même finalité à Radio France que pour nos concurrents privés. Pour ces derniers, l’audience est vitale pour  décrocher les contrats publicitaires. Pour Radio France, ce n’est pas le cas puisque la part de la publicité est marginale dans son budget (6,5%).

Comment mesure-t-on l’audience ?

Tous les deux ou trois mois, la société Médiamétrie publie les résultats d’audience de toutes les radios qui adhèrent à son service (toutes les principales). Mercredi 20 avril, nous avons ainsi constaté que, pour les trois premiers mois de l’année, le groupe Radio France était toujours en tête avec un Français sur 4 de plus de 13 ans qui écoute chaque jour au moins une de nos radios (près de 14 millions d’auditeurs), que France Inter était la 3ème radio nationale, France Info la 5ème, que nos antennes confortent leur position, alors que la plupart de nos concurrents connaissent une baisse d’audience parfois importante.

Pour obtenir ces chiffres, Médiamétrie interroge tous les soirs des centaines d’auditeurs appelés au hasard sur leur téléphone fixe ou mobile : 126 000 au total chaque année, selon un panel représentatif de la population de plus de 13 ans. Il leur est demandé de décrire leur pratique radiophonique de la veille : les chaines écoutées et dans quels créneaux horaires.

Médiamétrie calcule ensuite l’audience moyenne quart d’heure par quart d’heure. C’est ainsi que l’on apprend par exemple que la matinale de Patrick Cohen sur France Inter (7-9) reste la plus écoutée de toutes les radios avec plus de 3 millions 700 mille auditeurs. Le site de Médiamétrie donne les grandes lignes des résultats de toutes les radios nationales. Les responsables des antennes bénéficient évidemment de chiffres beaucoup plus détaillés sur les audiences, mais aussi sur le profil des auditeurs ou leurs habitudes et leurs modes d’écoute.

L’intérêt des chiffres d’audiencecommprendre-les-audiences

Par-delà la satisfaction – ou la déception – qu’entrainent les résultats d’audience pour les équipes des rédactions ou des programmes, les tableaux très détaillés fournis par Médiamétrie sont une aide extraordinaire pour la construction ou l’amélioration des grilles de programme. Les directeurs et leurs responsables d’antenne y puisent une quantité d’informations importantes pour tenter de répondre au mieux aux attentes et aux besoins des auditeurs.

A noter que les mesures d’audience à la radio sont bien différentes de celles de la télévision. A la télévision, l’ « audimat » mesure la présence d’un ou plusieurs téléspectateurs face à un écran allumé, qu’ils le regardent ou non. Les résultats sont communiqués aux chaines le lendemain vers 9h.

Pour la radio, les résultats ne sont pas quotidiens, mais par « vagues » ; cinq annuelles (septembre-octobre, novembre-décembre, janvier-mars, avril-juin et l’été). Et, comme on l’a vu, Médiamétrie fait appel chaque soir à la mémoire des auditeurs qu’elle contacte ; ils doivent dire précisément quelles radios ils ont écoutées, à quels moments de la journée et combien de temps. S’ils sont incapables de citer le nom de la radio, autrement dit si ce n’était qu’un fond sonore, leur déclaration n’est pas prise en compte. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles toutes les radios publiques ou privées rappellent régulièrement aux auditeurs : « Vous êtes bien sur France Bleu », « Vous écoutez France Inter » ou « Un reportage France Info »…

Enfin, tous les modes d’écoute sont pris en compte, qu’il s’agisse du traditionnel poste de radio, du smartphone ou de l’ordinateur. 10% des auditeurs écoutent désormais la radio sur un support numérique et ils seront de plus en plus nombreux…

Bruno DENAES

Médiateur des antennes

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