Les informations numériques sont devenues l’une des principales sources d’informations des Français. Même si 3 sur 4 estiment avoir été confrontés à des informations fausses… Rassurant : plus de 7 sur 10 reconnaissent que les sites de médias professionnels sont des sources fiables. Ce sont les résultats d’une enquête BVA pour le groupe de réflexions « La Villa Numeris »*.

Les moins de 35 ans et les cadres sont les plus accrocs aux informations numériques, même s’ils s’informent également par d’autres moyens, mais de manière moins systématique. Ce qui plait beaucoup, c’est de pouvoir partager : « Internet est très largement un lieu d’échange d’informations », selon cette enquête. Six Français sur 10 déclarent qu’il leur arrive de partager une information qu’ils trouvent intéressante, et près de 2 sur 10 le font même systématiquement ou souvent.

Propagation « naïve » de fausses informations

Or, on le sait, de très nombreuses informations sur internet et sur les réseaux sociaux sont fausses ou manipulées. Ainsi plus de la moitié des Français qui partagent des informations l’ont déjà fait alors qu’ils les savaient non fiables : 34% voulaient susciter l’intérêt de leurs amis et 31% avouent qu’ils n’avaient absolument pas vérifié la source. Pour nous journalistes, de tels « aveux » nous laissent pantois : comment peut-on participer en toute connaissance de cause à la propagation de fausses informations ?

Paradoxalement, 3 Français sur 4 reconnaissent avoir déjà été « victimes » d’une fausse information destinée à les influencer. Et 2 sur 10 avouent avoir véritablement été induits en erreur.

Défiance à l’égard des réseaux sociaux

Pourtant, les Français sont conscients que les réseaux sociaux sont les principaux vecteurs d’infox (fausses informations) : ils sont 82% à l’affirmer et seul un sur 10 leur fait confiance. Ce qui est plutôt rassurant pour la fiabilité de l’information et une bonne citoyenneté, ce sont ces plus de 3 Français sur 4 qui disent que les sites de médias professionnels sont des sources d’informations de confiance.

Besoin d’une autorité indépendante

Les Français sont majoritaires à souhaiter une régulation des réseaux sociaux, mais pas forcément par une nouvelle loi et une intervention de l’État. 76% estiment qu’il serait légitime que ce soit une autorité indépendante qui régule la fiabilité de l’information.

Nous sommes nombreux à défendre cette idée d’un Conseil de presse ou d’un Conseil de déontologie, comme il en existe chez la plupart de nos voisins. Leur rôle : recueillir les atteintes à la véracité des informations, le non-respect de la déontologie et de l’éthique ; enquêter et rendre un avis.

Contrairement au CSA, un conseil de presse n’est pas un organe administratif, nommé par les politiques, mais une instance indépendante composée de journalistes, de représentants des entreprises de presse et d’associations.

Bruno DENAES.

* Étude réalisée par l’Institut BVA auprès d’un échantillon de Français interrogés par Internet du 21 au 22 mars 2018. Échantillon de 1053 Français représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.