Durant les commémorations du centenaire de la guerre de 1914-1918, les propos tenus par Emmanuel Macron sur le maréchal Pétain vous ont fait réagir et nous y revenons dans ce dossier de l’actu.

Le Président français a, alors, jugé « légitime » d’inclure le maréchal Pétain dans un hommage aux Invalides aux chefs militaires de la Grande Guerre, des propos qui ont déclenché l’indignation de l’opposition et obligé Elysée et les membres du gouvernement à monter au créneau et multiplier les déclarations parfois contradictoires.

Les propos d’Emmanuel Macron sur le maréchal Pétain ont également donné lieu à de vifs échanges au sein du Conseil scientifique du Centenaire, une structure composée d’une quarantaine de chercheurs chargés de proposer des orientations à l’Elysée sur les commémorations de la Grande Guerre. Le même homme peut-il avoir dignement servi la France pendant la 1ère guerre mondiale et l’avoir ignominieusement trahie pendant la seconde ?

Il apparaît dans tous les mails reçus, qu’au-delà de la polémique, c’est d’abord une mémoire familiale qui commémore cette grande guerre, et c’est ce qu’il importe de sauvegarder

 

« J’ai été profondément choqué et bouleversé hier en entendant que Macron voulait honorer le traître Pétain; j’ai pensé à mon arrière-grand-père, résistant communiste, fusillé au Mont Valérien, à mon arrière-grand-mère, n°31806, morte à Auschwitz, déportée comme résistante et communiste; j’ai pensé à mes grands-parents, déporté l’une à Auschwitz, n°31807, l’autre à Dachau, parce que résistant communiste. Et je me rappelle que le parti communiste a été la cible de Vichy, que Pucheu, ministre de l’intérieur de Pétain, donnait les listes d’otages communistes à fusiller. Et dans les journaux de France inter, pas un mot sur la réaction du PCF, et ce matin, Adrien Quatrennens est invité pour parler de ceci… N’y avait il pas de responsable communiste présent ou d’élu communiste pour rendre hommage à ces milliers de résistants communistes ? C’est une nouvelle gifle à mes parents, à leurs amis, à mon parti, adressé par France Inter, le PCF existe toujours en France, le même que celui de 1940, porté par les memes idéaux, les mêmes exigences. Celui que M. Quatennens, avec M. Mélenchon, qualifie de morts et de néants… et c’est donc eux qui vont porter l’indignation pour les résistants. Cela ne me paraît ni digne ni juste. »

« E.MACRON n’est pas un illettré et ne s’est pas fait roulé par les responsables militaires . J’ai dans ma famille un grand-père mort en 14-18 et des civils assassinés à Oradour . Je n’ai aucun respect pour le maréchal de 38-45 mais il faut lire des ouvrages sur 14-18 pour vérifier la reconnaissance des soldats vis à vis d’un haut gradé qui a stoppé l’achèvement des soldats trop gravement blessés. »

« Je voulais partager avec vous une réflexion que bien des médias semblent occulter à l’heure des commémorations.  1918, c’est la fin d’une boucherie à l’échelle mondiale. Les premières commémorations de l’Armistice, et ce, dès 1919, se font entre combattants, avec les familles endeuillées… AUCUN uniforme d’officiers supérieurs, aucun politique ne s’y seraient risqués… Témoins de cette époque qui semble oubliée, les monuments aux morts qui honorent les soldats disparus ; Ils sont tous issus « des souscriptions publiques »… Ni état, ni généraux, ni politiques, alors que nous vivons une belle récupération de ceux que les survivants exécraient… Ils ne sont plus là pour protester, ayons au moins l’honnêteté de le dire… »

« L’exercice de « juger » Petain, est assez difficile, mais le pire ne doit pas effacer le bon et le meilleur ne doit pas justifier le mauvais.
Emmanuel Macron, est de ma génération, il n’a pas connu Pétain personnellement et ne le connais que par l’histoire, les profs d’histoire et les média.  A la différence du français moyen, il a par contre pu discuter avec ceux qui ont fait l’histoire et qui sont toujours vivants et sa vision est surement plus avisée. Mon grand-père a servi comme sergent-chef au 33ème Régiment d’infanterie, sous les ordres direct du Lieutenant de Gaule. Savez-vous qui était le chef de corps de ce régiment stationné à Arras avant qu’il ne file vers la Belgique puis les tranchées? Cela a obligatoirement un impact, en 40 et en 66, quand il convient de juger l’un ou l’autre. Et quand la petite histoire rencontre la grande, cela est laisse obligatoirement une trace. Mon grand-père a été blessé et laissé pour mort (je pense que l’allemand qui l’a éventré est par contre sorti mort du Duel) à Fleury-sous-Douamont en 1916. Il a été évacué après les batailles par des allemands et a terminé la guerre, en Suisse, mais en 1919. Il n’a pas retrouvé sa femme en rentrant: Elle était morte de la grippe avant que la croix-rouge ne lui permette de revenir en France.

En 1940, il a été réquisitionné pour réaliser des taches administratives pour le compte de l’occupant. Il l’a fait! Il parlait couramment allemand, mais il a oublié de le signaler. Il a entendu et il a répété ce qu’il entendait d’intéressant… Collabo? Resistant? Ceux qui ne savent pas ce qui se passait le soir lui ont reproché d’avoir travaillé à la Kommandantur après la guerre, et pourtant, « mon cher Leon » a également été remercié pour ce qu’il avait fait par son président quelques années plus tard.

Mitterrand lui aussi a connu De Gaule, politicien et chef d’état et Petain, politicien et chef d’état avant lui. Lui aussi a été trouble dans les périodes troubles et il se déplacait sur l’ile d’Yeu ce qui est un acte plus signifiant qu’un discours non? Mon père (né en 43) l’a connu plus que trouble dans une période trouble, sur laquelle Macron est revenu la aussi, et a eu la chance de ne pas avoir à maintenir l’ordre au Sud de la France.

Dans ma génération (né en 1971) la guerre est une abstraction. Pour ma part, j’ai  servi à Sarajevo dans une unité franco-allemande qui a eu le privilège d’être huée sur les champs-Elysée un 14 Juillet lors de son premier passage, et si les enjeux derrière les conflits des balkans me restent encore très obscurs, l’attitude de Mitterand vis à vis de ce qui lui était remonté par les ambassades puis les états majors, et le décalage entre les faits concrets et la communication me conduise à penser que cet homme est surement bien moins honorable qu’un Petain.

Voilà, c’était mon petit complément d’info. De Gaule et Petain se connaissaient, se connaissaient bien même quand ils n’étaient encore que des soldats et pas encore des chefs d’états. Mitterand et Petain se connaissaient, mais pas en frêre d’armes. Et pour les générations qui viennent après moi, c’est à des gens comme vous qu’il reviendra d’expliquer ce qu’expliquer qui était qui, en balançant le meilleur-le pire, et en rappelant les contextes. ET MERCI POUR VOS CHRONIQUES. »

« Fidèle Auditeur de la matinale de France Inter et notamment de vos chroniques, j’ai été  choqué que vous puissiez considérer que le chef de l’État qui n’est pas un historien n’avait pas qualité pour se prononcer sur le « Pétain «  soldat de 1914. Vous avez indiqué que l’histoire mémorielle n’incombait qu’aux historiens. Je ne vous ai pas entendu dire la même chose lorsque le Président Macron a  considéré  que la présence française en Algérie était un crime contre l’humanité. Il s’agit pourtant là aussi et peut-être plus encore plus d’une  prise de position qui incombe aux historiens. Dès lors que vos chroniques ne donnent jamais lieu à commentaires ou droit de réponse et qu’elles sont assénées comme s’il s’agissait d’une vérité pour tous ,il me semblait nécessaire de formuler cette  simple petite observation, en espérant que vous puissiez prendre la peine de me répondre.  Mon propos n’est pas de juger Pétain ou la présence française en Algérie mais bien d’essayer de maintenir une forme d’equité dans l’formation au -delà de votre position personnelle. »

« Je suis la fille de J. F. fusillé à Caen pris comme otage après avoir été condamné par la Section Spéciale de la Cour d’appel de Paris le 15 décembre 1941 pour activités résistantes, par les forces d’occupation avec la complicité de l’État dit de Vichy commandé par le maréchal Pétain. Aussi comprenez mon indignation devant les propos du président Macron désirant honorer ce traître à sa patrie qui a commis tant de crimes envers les résistants et les juifs. Je compte sur vous pour faire part de mon témoignage. »

« À l’attention de MR Jean Lebrun, ENFIN ! pour la 1er fois j’entends un journaliste qui ne nous parle pas du gouvernement de Vichy Vous avez franchi le pas Espérons que vos collègues vous imiterons Encore une fois MERCI pour votre émission Merci d’avoir répondu à la demande des vichyssois(e) dont je suis. »

« L’histoire de cette guerre, c’est d’abord pour certains encore d’entre nous, celle des familles disloquées et des oubliés de cette sale guerre. […] Les sacrifices ce sont les infirmières, mère de mon père qui n’est jamais revenue et moi je suis là. Pour ce qui concerne les sacrifices des Sénégalais, ce n’est pas d’honorer le maréchal Pétain comme l’a fait notre Président mais de les avoir oublieé comme de la chair à canon des colonies. »

« Nous ne sommes pas les hommes ou les femmes de tous les combats. On devient rapidement has been surtout dans notre monde moderne. L’expérience est appuyée sur des faits passés, mais sommes nous bons toute notre vie? Vos plus vieux chroniqueurs, présentateurs, et même certains plus jeunes, vieux avant l’âge par leurs certitudes devraient se demander s’ils sont bons dans toutes les situations. Dans mon activité professionnelle, j’ai été bon parfois et parfois pas, mais  ce qui est sûr c’est que je suis has been dans se domaine maintenant. Pétain, même s’il a été officiellement  frappé d’indignité nationale, a été bon durant la première guerre mondiale! Ceux qui l’ont rappelé au gouvernement en  1940, faute d’idées, ne se culpabilisent pas semble-t-il !  Cela ressemble à une responsabilité collective. »

Son statut  est maintenant  justifié par des actes indignes certes, mais c’était l’homme de la situation en 14/18. Il ne l’était pas 1940 comme  homme politique ! De gaulle a été bon en 1940, l’a-t-il été après……. Mitterrand a été  peut-être bon pendant son premier mandat, l’a-t-il été pendant le second…… Monsieur Dominique Strauss-Kahn a rempli correctement sa fonction de ministre de l’industrie et du commerce extérieur ainsi que  celle de  président du fond monétaire international. Son  arrestation médiatisée et son bannissement de la vie politique française sont des faits indépendants  de sa carrière politique. Jean-Pierre Elkabbach qui annonce sur EUROPE 1  la mort de Pascal Sevran le 21 avril 2008, alors que ce dernier  est décédé le 9 mai de la même année en déclarant  courageusement que c’est d’une responsabilité collective, confirme que l’on n’est pas bon tout le temps. Etes vous bons toute votre vie…. L’Histoire est écrite et notre président ne la réinvente pas : il ponctue des faits de l’histoire. Pétain n’a pas perdu son indignité nationale, mais c’est toujours lui le vainqueur de la bataille de Verdun ! La récupération politique faite autour de ce propos parfaitement clair de monsieur Macron ne valorise pas ceux qui le commente. »

« Auditeur fidèle, je me permets de vous soumettre ma question, Quand un militaire a été déshonoré de son grade, pourquoi ne pas l’appeler par son prénom et non pas par le titre honorifique que la justice lui a retiré après guerre ? Je trouve inconvenant de continuer à donner du maréchal par-ci, maréchal par-là à celui qui a envoyé tant de jeunes poilus à la boucherie, et qui 20 ans plus tard a été    le responsable des déportations de masse en France, et des morts qui s’en suivaient. Merci pour la qualité de vos émissions »

« Sans faire un faux procès aux journalistes qui couvrent cette actualité. Je vous écrit pour la première fois, car je suis déçu que l’on puisse célébrer une élite militaire qui a envoyé à la mort des centaines de milliers de jeunes gens. Que celle élite soit reconnue comme plutôt médiocre et incompétente n’y change malheureusement rien. Ensuite demander comme j’ai pu l’entendre cette semaine sur vos ondes pourquoi les Allemands ne célébraient pas ce 11/11, c’est comme demander pourquoi les français ne célèbrent pas la déroute en 1940 ou la fin de la guerre de 1870. Enfin, à titre personnel, Pétain de 1914 ou de 1940, c’est du pareil au même dans un registre différent, dans un cas il est vainqueur , dans l’autre pas. Mais dans les deux drames, il a envoyé des gens à la mort par patriotisme cher au président actuel ou par antisémitisme. J’aurais préféré une commémoration des victimes partout où cette guerre a fait des victimes. »