Les auditeurs de France Inter ont des exigences et le font savoir quotidiennement à travers les messages qu’ils adressent à la médiatrice.
Pour vous auditeurs la radio, votre radio, doit représenter la diversité des Français, qu’il s’agisse de culture, d’opinions, d’origine sociale et géographique. La diversité des invités en studio, la pluralité des points de vue, la variété des thèmes abordés doivent refléter les préoccupations qui traversent votre quotidien. Vous souhaitez que la diversité régionale et locale soit valorisée.
Dans les programmes que vous écoutez vous voulez que le dialogue, l’échange, la réflexion résonnent certes avec vos propres points de vue mais vous ouvrent également la possibilité d’entendre la différence et que la confrontation des opinions vous enrichissent.
Les deux émissions que nous allons évoquer aujourd’hui répondent à ces différentes exigences et je vous propose ce matin d’en découvrir les coulisses :
Au programme Grand bien vous fasse et Carnets de Campagne
Trois mots résument efficacement ces deux émissions: éclectisme , bienveillance et proximité.
Pour en parler ce matin avec nous en studio Ali Rebeihi et Philippe Bertrand
Grand bien vous fasse comme son nom l’indique c’est l’émission qui fait du bien, une émission éclairante, bienveillante et positive sur toutes les questions du quotidien.
Autour d’une table judicieusement composée on y parle amour, famille, éducation, nutrition, santé, travail…Très loin du clash et du sensationnalisme, ce rendez-vous laisse à chacun la possibilité de s’exprimer, d’expliquer… Bref une sorte de parenthèse qui apaise et vous êtes nombreux à nous l’écrire.
Les sujets qui « fâchent » : l’homéopathie
Je précise que le 15 janvier dernier lors de votre émission consacrée à l’homéopathie, émission au titre volontairement provocateur « L’homéopathie : un simple effet placébo ? » j’ai reçu dans l’heure plus de 500 messages d’auditeurs , ce qui constitue réellement un record.
Un message parmi d’autre : « Un grand merci à Ali Rebeihi, à toute l’équipe qui produit l’émission, aux chroniqueurs et aux invités. C’est une chance d’avoir un tel programme tous les jours ». « Je trouve votre émission exceptionnelle et rare sur les ondes, la variété de sujets pertinents est unique, souvent j’arrête de bosser pour écouter, signaler votre émission aux amis . Les sujets de pleine consciences et vos intervenants sont exceptionnels . merci de tout cœur ; néanmoins … »
Néanmoins Ali et là on arrive dans le mail de cet auditeur aux sujets qui fâchent, mail qui a commencé de manière tout à fait élogieuse et dont la suite évoque les deux thèmes qui suscitent le plus de remarques négatives chez les auditeurs … « Sur un sujet je trouve qu’il y a un manque de pertinence : sur les médicaments allopathique versus homéopathique. Je trouve que vous êtes en contradiction avec l’impartialité dont vous faîtes preuve habituellement. Je pense que c’est dû à un manque de connaissances car si vous lisez de nombreuses publications faites par des médecins, il y a matière à un débat plus pertinent que ce que vous avez jusqu’à ce jour. Je trouve que vous faites preuve de parti pris. Peut-être ne pouvez-vous par aller contre la pensée unique sur la question, déclarée par le gouvernement et le ministère de la santé, sans compter sur la puissance de l’industrie pharmaceutique. Je m’étonne donc de votre sens critique sur ce domaine . »
Avant d’aborder l’autre sujet qui fâche, peut-être pouvez-vous déjà répondre à cette interpellation au sujet de l’homéopathie ?
Ali Rebeihi : Sur l’homéopathie j’essaie d’être honnête. Il s’agissait d’un partenariat avec un documentaire de France 5 qui montrait l’absence de preuve scientifique de l’homéopathie. Convaincu par ce documentaire, il est vrai qu’à l’antenne ma position était plutôt « anti ». Objectivement j’étais plutôt du côté du professeur François Chast concernant les traitements du paludisme par l’homéopathie.
« Il en est de même pour le sujet de la vaccination : est-ce que toute les positions officielles du gouvernement sont à valider sur une chaîne du service public sans réserve ? Pourquoi ne jamais inviter des opposants à la vaccination ? Auriez-vous réellement la possibilité d’interviewer ou de faire intervenir en studio sans contradicteur systématique opposés aux vaccins ? Avons-nous vraiment la liberté d’opinions sur le service public ? je pense catégoriquement « non » , vous vous exposeriez trop contre la pensée dominante étatique . merci de votre réponse et pour votre objectivité dans les autre domaines . »
Je complète ce propos par le message d’une auditrice, Béatrice : « Ali Rébeihi ne perd pas une occasion de traiter les « questionneurs de vaccins » de complotistes afin de disqualifier leurs propos »
Ali Rebeihi : le rôle de cette émission est de faire de la pédagogie. A titre personnel, je me fie d’avantage au consensus scientifique qu’aux vendeurs de fausses nouvelles. L’OMS vient de déclarer que la suspicion vis à vis des vaccins, était l’un des vingt plus grands fléaux mondiaux en matière de santé. Vous encourez plus de risques à ne pas vous faire vacciner contre la polio que de vous faire vacciner. Dans le cas de la polio, si vous ne vous faites pas vacciner, vous risquez la paralysie. Concernant la rougeole, on assiste à une recrudescence de cas. On peut mourir de la rougeole. Je n’ai pas envie de jouer avec la vie de nos auditeurs. Mais bien sûr il va être difficile de convaincre les anti-vaccins, on peut difficilement aller contre leur croyance. Je veux garder la maîtrise de l’antenne et ne pas laisser la place aux infox.
Hormis les vaccins et l’homéopathie y a-t-il d’autres sujets sensibles : le véganisme. On aborde tous les sujets et toutes les opinions. Le maître mot de cette émission est de ne pas culpabiliser les auditeurs.
La philosophie de cette émission : la phrase de Simenon : « comprendre mais ne pas juger »
Carnets de campagne c’est le rendez-vous des solutions d’avenir pour la consommation, la formation, la santé, la culture, l’habitat.
Une émission de service public qui permet de se rendre compte à quel point la France est un laboratoire d’innovation dans de nombreux domaines. Le social, l’habitat, la consommation, le culturel, vous valorisez des initiatives solidaires, vous mettez en valeur l’écosystème local.
Quelle est la promesse de votre émission ? Quelles doivent être les qualités des projets collectifs ou individuels pour que vous choisissiez d’en parler sur l’antenne (intérêt général)
Philippe Bertrand : Ce qui relève de l’intérêt général et de l’innovation. Mais il faut éviter de tomber dans le piège du lucratif.
L’actualité met à jour les fractures de notre société, vous au contraire vous jouez sur le corde de l’économie solidaire et sociale ?
A travers vos interviews avez-vous senti une évolution des préoccupations de vos interlocuteurs, de leurs centres d’intérêts et cette cassure entre les territoires qui s’estiment en zone grise et les grandes villes. Ceux qui agissent et dont on ne parle pas ou peu dans les médias
Philippe Bertrand : Le chiffre avancé 8 millions d’habitants qui aspirent à s’installer à la campagne ou pas pour y travailler. Mais l’objectif recherché : un qualité de vie.
Une auditrice souhaite savoir pourquoi vous ne demandez jamais à vos invités s’ils sont Gilets jaunes ou pas ?
Philippe Bertrand : Cela n’a rien à voir, les « Carnets de campagne » correspondent souvent à une revendication concernant la mobilité, l’emploi, la consommation…
Alors je vais vous lire un message que je trouve vraiment épatant et qui traduit à quel point la radio joue un rôle dans nos vies à tous, dans la transmission des savoirs, de la connaissance, des informations : « Il y a bientôt deux ans, je venais de quitter un travail angoissant et je prenais conscience que mes convictions – sociales mais aussi écologiques – étaient trop fortes pour ne pas être au cœur de mon activité professionnelle. Au volant de ma voiture j’écoutais votre émission, et en particulier un reportage sur le restaurant du Forum Jorge François à Nice, et ce fut une révélation : utiliser la convivialité d’un repas pour rassembler et sensibiliser ! » Depuis j’ai mûri, j’ai construit mon projet et j’ai monté à Lorient un café « objectif zéro déchet ». Ce café ouvrira ses portes au mois de juin » Je trouve que le message de cette auditrice résume bien ce que l’on ressent à l’écoute de votre émission on se dit : « tiens je pourrais tout plaquer pour faire ça ! »
Est-ce que « carnet de campagne » c’est aussi une façon de dire aux auditeurs oui c’est possible, avant vous d’autres l’ont fait ! C’est l’émission des possibles ?
Philippe Bertrand : oui c’est l’émission des possibles, mais je ne peux pas vous donner de bilan sur l’impact social ou économique de l’émission. Il n’y a pas de suite aux projets mais parfois les auditeurs se manifestent tout de même. Mais le nombre d’emplois générés par ce maillage est tout simplement inimaginable.
Si vous deviez résumer d’une formule la philosophie de ces milliers de personnes que vous avez interviewées ?
Philippe Bertrand : Donner du sens à sa vie et à son travail
C’est le coup de cœur des auditeurs : « le quart d’heure de célébrité »
On termine avec celui qui chaque vendredi à 6h54 pose souvent un regard tendre sur les êtres : Frédéric Pommier
Dans « le quart d’heure de célébrité » il dresse le portrait d’un inconnu qui a surgi dans l’actualité, un inconnu devenu subitement célèbre. Kévin Ortega, 29 ans, coiffeur à Aubagne. Il propose gratuitement ses services aux personnes sans –abri.
Plusieurs réactions d’auditeurs :
Merci infiniment pour cette magnifique chronique sur le coiffeur au grand coeur. C’est rassurant pour l’espèce humaine qui peut , finalement, oublier l’argent, la rentabilité, le mérite et faire place à la bienveillance, la solidarité et l’amour !!!!!
C’était vraiment un très beau ce sujet. Merci.
Bravo . Vous nous donnez lieu de croire encore dans l’humanité.
Merci de votre retour Fréderic Pommier j’ai les larmes aux yeux grâce à ce 1/4 d’h de célébrité de Kevin Ortega et tous ceux qui donnent de la dignité aux plus démunis.