C’est le dernier rendez-vous de la médiatrice de la saison. 160 000 messages reçus depuis le mois de septembre au service de la médiation de Radio France.
Tous vos messages sont lus et dans la mesure du possible nous tentons d’apporter des réponses à vos questions qu’il s’agisse de la ligne éditoriale de l’antenne, du traitement médiatique de l’actualité ou même du contenu humoristique de certaines chroniques.
Sujets de l’émission du jour : L’humour avec Guillaume Meurice, Le Téléphone Sonne avec Fabienne Sintès et la grille de rentrée avec Mathieu Vidard.
« Doit-on laisser exécuter les djihadistes Français ? »
Un sujet ultra sensible, clivant, qui a généré une courrier massif des auditeurs. Parmi vos invités en studio William Bourdon, avocat, à l’initiative de la tribune des 44 avocats contre les condamnations à mort en Irak. Le téléphone sonne du 3 juin 2019
On commence avec Hervé : « Je ne comprends pas que ce sujet fasse l’objet d’un Téléphone Sonne. Je comprends d’autant moins que l’avocat n’a aucun contradicteur en face de lui, sauf les quelques auditeurs qui arrivent à passer le standard. À quoi joue Mme Sintès ? »
Un point de vue également formulé en direct dans l’émission par Delphine une auditrice que l’on vient d’entendre. Que leur répondez-vous Fabienne Sintès ?
Fabienne Sintès : William Bourdon tout seul c’est un choix assumé. C’est comme ça qu’on voulait faire cette émission. L’important c’est de faire en sorte que chacun puisse penser contre lui-même. Posons les questions que l’on entend : de quoi vous avez peur, qu’est-ce que vous pensez que ces gens-là pourraient devenir ? Ce qui est intéressant c’est le contresens. On assume de se dire que les contradicteurs ce sont ceux qui vont appeler. Le Téléphone Sonne est le reflet de ce qu’on reçoit au standard : l’écrasante majorité avait ce genre de question, il y en a très peu qui avait une opinion différente. Allons confronter ça à William Bourdon dont c’est le métier.
On poursuit avec deux messages : « Je ne comprends pas l’acharnement de cet avocat « peut être en recherche de sensationnel » et je ne comprends pas qu’on lui laisse à ce point le micro…..il monopolise le temps de parole. »
En contrepoint, le message de Myriam une auditrice qui a une toute autre perception de l’émission : « Je suis effarée par la gestion du thème de la condamnation à morts de français .
France Inter est un média d’excellence. Comment pouvez-vous ne laisser intervenir que des personnes qui estiment normal d’exécuter un être humain ?
Je suis franchement en état de choc et dans une colère indicible. »
Fabienne Sintès, comment sur un tel sujet on équilibre le temps de parole ?
Fabienne Sintès : Il n’y a pas d’équilibre, on n’est pas dans un débat politique. Le parti pris c’était : en ce moment, l’opinion publique dit ça. Donc confrontons ces idées-là. Qu’est-ce qu’on nous aurait dit s’il y avait eu l’effet inverse ? On a pris ce sujet de front.
On termine avec le message de Marie : « J’ai rarement entendu une émission d’une telle intensité. Personne ne peut soutenir les djihadistes, Mais notre grandeur est au-dessus de la barbarie de ces hommes. Accepter la peine de mort, c’est nous mettre au même niveau. La démocratie a cela de beau qu’elle permet à un salaud d’avoir un procès équitable. Vraiment bravo Madame Sintès. »
Fabienne Sintès : C’était en effet l’idée, et je suis contente que Marie l’ait perçu, elle n’est pas la seule.
L’humour Meurice
Première question d’Antoine : qui choisit le thème des chroniques de Guillaume Meurice ? Quels sont les critères ?
Guillaume Meurice : C’est moi et moi seul. Les critères : essentiellement l’actu. J’essaie d’avoir un sujet qui colle à l’actu, un angle d’attaque et des questions un peu rigolotes.
Un certain nombre d’auditeurs vous reprochent de faire un montage avec un parti pris « outrancier » ? Est-ce que c’est votre façon de faire de la caricature ?
Guillaume Meurice : Évidemment. C’est comme une caricature de presse. Il faut grossir le trait. J’ai beaucoup de réactions d’auditeurs qui me confondent avec un journaliste, je ne suis pas journaliste, je suis humoriste. Mes chroniques sont des éditos humoristiques.
Je vous ai croisé un jour à l’Assemblée Nationale, dans la salle des 4 colonnes, j’étais en reportage avec des élèves d’InterClass et je vous ai vu interviewer un député, objectivement il avait l’air de ne pas en mener large et je me suis demandée comment vous arriviez encore à obtenir des interviews avec des élus et des politiques ?
Il y en a qui m’ont identifié mais qui acceptent encore de me répondre, peut être qu’ils aiment être caricaturés, ils aiment la joute verbale. Il y en a par contre qui ne veulent plus me parler.
Mathieu Vidard et l’environnement
La Tête au carré pendant 13 années et à la rentrée une nouvelle émission consacrée à l’environnement.
Nouveau défi pour vous et pas des moindres puisque Laurence Bloch la directrice de France Inter a indiqué qu’il s’agissait d’un rendez-vous phare de la grille de rentrée, une création à laquelle elle tient beaucoup : la Terre au carré…
On sait que les auditeurs ont une forte sensibilité à l’environnement et à l’écologie, ils nous l’ont écrit tout au long de l’année…alors qu’est-ce que vous leur concoctez pour la rentrée?
Mathieu Vidard : On va essayer d’éclairer la complexité du sujet. Notre rôle ça va être d’inviter les spécialistes, les scientifiques, les experts, les penseurs, les acteurs de l’écologie. On va essayer d’apporter de la pédagogie, d’apporter du sens pour penser collectivement cet aspect de l’écologie qui nous touche tous.
Un auditeur nous a écrit récemment : « Au secours, les prêtres de la nouvelle religion (l’écologie) ont pris le pouvoir sur France Inter. C’est une propagande ininterrompue !».
Mathieu Vidard, pour parler d’écologie comment élabore-t-on une ligne éditoriale sans être donneur de leçons ou culpabilisant pour les auditeurs ?
Mathieu Vidard : C’est la première chose à laquelle on a pensé en créant l’émission : ne pas tomber dans l’apocalypse, ne pas être dans l’injonction mais d’éclairer les choses d’une autre manière pour ne pas être donneur de leçon.
Les auditeurs apprécient l’interactivité, pourront-ils intervenir au cours de l’émission ?
Mathieu Vidard : Plus que jamais puisqu’on ouvre le standard de France Inter de 13h30 à 14h, toujours une interaction par mail avec les auditeurs ainsi qu’une forte présence sur les réseaux sociaux. On a envie et on a besoin des auditeurs pour construire l’émission.
Piloter pendant 13 ans une émission scientifique, c’est un poste d’observation parfait pour voir l’évolution des mentalités par rapport à l’écologie. Qu’avez-vous constaté au fil des années ?
Mathieu Vidard : Tout d’abord un intérêt grandissant. Mais aussi une prise de conscience collective avec des rapports qui ont changé les esprits, les marches pour le Climat et aussi la démission de Nicolas Hulot. On s’interroge sur notre place d’humain dans la nature.