Alexis Morel journaliste, spécialiste éducation à franceinfo est au micro de la médiatrice des antennes, Emmanuelle Daviet 

Grève des notes : qui a pris la parole sur franceinfo ?

Jean-Louis : « La rédaction tend souvent le micro aux professeurs très, très, minoritaires, qui ne corrigent pas les copies. On n’entend jamais les professeurs, très très majoritaires qui corrigent les copies. Pour quelles raisons ? »

Alexis Morel : Il est vrai que les correcteurs grévistes étaient très minoritaires, ils le reconnaissent eux-mêmes. Le ministre affirme qu’ils étaient 2000 correcteurs grévistes sur 175000 au total. Même peu nombreux, leur mouvement a entraîné des perturbations bien réelles sur la correction et sur les résultats du bac. à tel point que le ministère a envisagé une solution de dernière minute pour que les résultats soient publiés vendredi 5 juillet comme prévu. Ces perturbations ont été bien réelles dans les académies de Paris, Créteil, Versailles, Toulouse, Dijon. (on parle des académies les plus importantes en nombre d’élèves). Chose importante également, c’était une grève inédite : pour la première fois depuis 1968, on a osé toucher au bac. qui était jusque-là une sorte de tabou. C’est ce qui a intéressé les journalistes.

Question autour de la perte de sens de la démocratie

Philippe : « Le traitement par France info de l’épisode peu glorieux de la « grève des notes » au bac  m’amène à m’interroger sur la perte du sens de la démocratie, du sens de l’éthique et de la morale par votre rédaction. Ma critique est un peu rude Je m’explique : Perte du sens de la démocratie : ne donner la parole qu’aux ultra minoritaires à longueur de journée, sans le moindre débat contradictoire, et monter en épingle la moindre rumeur d’incident  me paraît relever d’une conception assez particulière du traitement de l’information…  N’est ce pas là faire précisément le jeu des populistes de tout bord ? Perte également du sens de l’éthique et de la morale car personne ne s’interroge sur l’absence de sens moral clairement manifesté par des personnes en charge de l’éducation de nos enfants. Dérive déjà constatée lors du traitement du mouvement des gilets jaunes. Énormément de similitudes : Beaucoup d’émotion et peu de réflexion. »

Alexis Morel : Sur le premier aspect de la question, on a fait intervenir des opposants à ce mouvement de la rétention des notes, d’abord la fédération des parents d’élèves (la PEEP) franchement opposée qui a expliqué les conséquences que ça auraient sur les élèves, le syndicat des chefs d’établissement (le SCPDEN), et le Sgen CFDT (invité de franceinfo au lendemain de la publication des résultats). Le ministre également est intervenu à l’antenne, et a dit tout le mal qu’il pensait de ce mouvement.
Sur le sens de l’absence morale des enseignants, ce n’est pas aux journalistes d’apporter un jugement sur cette question. Notre rôle est de donner tous les éléments d’information aux auditrices et auditeurs pour qu’ils puissent ensuite se faire leur propre avis.

La réforme du bac dans tout ça ?

Valérie : « Je regrette que les arguments de lutte contre la réforme du Bac ne soient pas développés. Il ne nous est pas permis de nous rendre compte des motifs sous-jacents aux revendications des enseignants grévistes qui retiennent les copies. Or j’aimerais pouvoir me faire un avis éclairé quant aux craintes évoquées par ce mouvement. On entend uniquement parler du remplacement des notes manquantes et pas des motifs de grève. Pourquoi ? »

Alexis Morel : Il y a eu plusieurs temps dans ce mouvement. Il est vrai que ces 15 derniers jours, on s’est focalisé sur ce mode d’action inédit. Il y a eu ensuite la solution trouvée par le ministre : la note de la moyenne de l’année, plutôt que la note du bac pour les candidats victimes de la rétention des notes. Solution qui a fait débat, donc qui a occupé l’antenne.
Concernant la réforme du bac, on en a parlé tout au long de l’année, en matinale : à quoi ressembleront les épreuves du bac en 2021, le contrôle continue tout au long de l’année, les critiques émises par les syndicats… Mais dès la rentrée on en reparlera encore.

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