Delphine Gotchaux, chef du service police-justice de Franceinfo et grand reporter, est au micro de la médiatrice des antennes, Emmanuelle Daviet.
Emmanuelle Daviet : On commence avec les remarques des auditeurs qui relèvent un biais dans le traitement éditorial des violences policières.
Je vous lis un message parmi d’autre : « Parti pris de la chaine qui semble considérer que la police est raciste et violente, comme si c’était une vérité indiscutable, un fait établi. » Ce constat vous semble-t-il fondé ?
Delphine Gotchaux : Cela me semble infondé dans la mesure où les violences policières sont dans l’actualité depuis quelques semaines, dans le paysage médiatique, dans le débat qui a émergé dans la société à la suite de la mort de George Floyd aux Etats Unis et qui s’est un peu transposés sur le territoire national. Nous avons évidemment relayé les manifestations liées aux violences policières. Nous avons relayé des témoignages de policiers qui parlent de certains de leurs collègues comme étant racistes. Mais nous avons évidemment donné aussi la parole aux syndicalistes, nous avons donné la parole au porte-parole du ministère de l’Intérieur. Je pense que nous avons eu un traitement équilibré de cette question, qui est évidemment très sensible. Je pense que les auditeurs de Franceinfo ont pu trouver et écouter des reportages équilibrés sur ces questions.
Emmanuelle Daviet : Des auditeurs estiment que le traitement de l’affaire Adama Traoré est unidirectionnel. Rappelons qu’Adama Traoré est un jeune homme noir mort en juillet 2016 après son interpellation par des gendarmes en région parisienne. Je vous cite l’un des messages que j’ai reçu : « Je viens d’entendre un sujet sur Franceinfo, dont je suis un fidèle auditeur. J’ai été choqué par le contenu, votre journaliste a totalement « aligné » son commentaire sur les thèses de la familles Traoré, sans aucun bémol journalistique, soit au minimum l’emploi du conditionnel ».
Y a-t-il un parti pris dans le traitement de cette affaire ?
Delphine Gotchaux : Dans mon service et sur l’ensemble des supports radios et numériques il n’y a pas de parti pris. Il y a eu effectivement une accélération de différentes nouveautés qui sont arrivées dans cette affaire, notamment du côté de la famille d’Adama Traoré, avec leur avocat Yassine Bouzrou pour faire avancer cette procédure. Dans cette affaire deux versions s’opposent ; celle de la famille d’Adama Traoré et celle des gendarmes. Chaque fois que nous avons relayé, les propos de l’avocat de la famille Traoré, nous avons également donné la parole aux deux avocats qui représentent les trois gendarmes. Là aussi il y a eu un traitement juste, équilibré. Bien sûr il y a eu une accélération, des rebondissements, car il y a eu une offensive très importante de la famille pour obtenir un certains nombres d’actes judiciaires. Mais nous donnons à chaque fois, un champ et un contre champ : la parole de l’avocat de la famille Traoré, la parole également aux avocats des trois gendarmes qui ne sont à ce stade, pas mis en examen dans cette affaire.
Emmanuelle Daviet : On termine avec les violences à Dijon et les raids de représailles de Tchétchènes lancés après l’agression d’un adolescent de cette communauté, le 10 juin dernier.
Voici deux messages :
« Concernant les événements de Dijon, pourquoi avez-vous tant de mal à dire « communauté Maghrébine ? Est-ce un mot tabou ?»
« France Info annonce que des membres de la communauté tchétchène ont organisé des expéditions punitives à l’encontre des – je cite – « habitants des quartiers », cette périphrase me laisse perplexe ».
Quel commentaire peut-on apporter à ces remarques ?
Delphine Gotchaux : Il n’existe pas de communauté maghrébine, au sens littérale du terme, en l’occurrence dans cette affaire de Dijon, ce sont les Tchétchènes qui eux-mêmes ont employé ce terme. Ce que l’on sait de source judiciaire, le procureur, de source policière, le préfet également l’a confirmé, c’est qu’ils s’en sont pris à des jeunes de ce quartier de Dijon, des jeunes qui sont composés de tout type de Français, des Français d’origine maghrébine, des Français d’origine Africaine. Cet usage de communauté maghrébine ne nous semblait pas correspondre à une réalité sociologique dans cette affaire.