Entre la campagne électorale américaine et son test positif au Covid-19, Donald Trump est au centre des médias. Franck Mathevon, Chef Pôle Monde Rédaction internationale de Radio France est au micro d’Emmanuelle Daviet, médiatrice des antennes pour répondre aux auditeurs.
Nous avons appris vendredi 2 octobre que le locataire de la Maison Blanche a été testé positif au Covid-19, tout comme sa femme Melania, et qu’il se mettait en quarantaine.
Cette information a été largement relayé et des auditeurs ne comprennent que l’on accorde autant d’importance à cette information. Que leur répondez vous ?
Franck Mathevon : C’est une information capitale. Pourquoi ? D’abord parce qu’elle bouleverse la campagne électorale : Donald Trump s’il est contaminé par la Covid ne peut pas tenir ses meetings. Il a d’ailleurs annulé hier soir un meeting en Floride, or, ces meetings et rassemblements sont très importants pour la mobilisation de ses électeurs. Depuis quelques semaines on le voit, on en parle sur franceinfo, Trump sillonne ces États clés, ces « Swing states » dont dépendent les résultats de cette élection et il a évidemment besoin de mobiliser sa base. Ensuite, s’il est vraiment malade, s’il a une forme grave par exemple, pourra-t-il poursuivre la campagne ? Pourra-t-il continuer à présider les États-Unis ? Pourra-t-il même rester en course pour le scrutin ? Quand on donne cette information hier matin, nous n’avons pas les réponses à ces questions et c’est fondamental évidemment pour l’avenir de cette élection et puis pour l’avenir des États-Unis.
Autre réaction d’un auditeur : « Je suis surpris que vous annonciez l’infection de Trump par la Covid sans employer le conditionnel.
Accorderiez-vous une confiance aveugle à la communication de Trump ? Je l’imagine très bien venant dans 15 jours parader devant les télés en disant : « Je suis le plus fort, j’ai vaincu la Covid ! » De plus cela lui permettrait de se soustraire à des débats dans lesquels il n’est pas à son avantage. »
Franck Mathevon, que pensez-vous que cette analyse ?
Franck Mathevon : Bonne observation de cet auditeur. Après tout, il faut rester prudent, avec Trump, une manipulation de l’opinion c’est une hypothèse qui n’est pas complètement absurde. On s’est même fait la remarque hier entre nous au sein de la Rédaction internationale. À l’antenne cela dit, nos journalistes ont bien insisté, sur Franceinfo en particulier, sur la source de l’information, à savoir le compte Twitter de Donald Trump, c’est lui qui a donné l’info sur son média favori, restons prudents, cela dit, les États-Unis restent une démocratie et une telle manipulation au plus haut sommet de l’État demande quand même la participation de beaucoup d’acteurs, de beaucoup de hauts responsables de l’administration américaine. Ça semble quand même assez improbable.
On poursuit avec le message d’une auditrice : « Pourquoi les journalistes prennent position contre Trump sans même offrir plusieurs points de vue sur la question ? Un tel consensus anti-Trump me laisse perplexe, comme tous les consensus sur les informations complexes. Pourquoi le monde entier est contre lui ? »
Franck Mathevon : Alors, je vais essayer d’être franc là-dessus. Qu’il y ait un consensus anti-Trump dans les médias français, ce serait sans doute malhonnête de le nier. On a affaire à un Président Américain, souvent très sévère avec la presse qui prend beaucoup de libertés avec la vérité, avec les faits… Donc oui, le jugement porté sur la présidence Trump est parfois sévère dans les médias français, y compris à Franceinfo, soyons honnêtes, disons-le. Cela dit, on fait vraiment très attention à être le plus objectif possible quand on couvre les États-Unis, en préparant nos sujets sur la campagne américaine, sur l’élection, on insiste en permanence entre nous sur la nécessité de faire entendre toute l’Amérique, alors oui l’Amérique démocrate qui vote Biden et qui rêve d’une alternance à la Maison Blanche, mais aussi l’Amérique républicaine, qui peut être assez modérée d’ailleurs, qui préfère Donald Trump, qui porte un jugement positif sur sa Présidence. Et nous aussi, journalistes, on s’efforce de juger objectivement cette présidence Trump qui a obtenu, c’est vrai, de bons résultats économiques, même si tout n’est pas rose, qui a fait bouger les lignes diplomatiques donc on est sensible à la réflexion de cette auditrice et on le sera jusqu’à l’élection.
On termine avec cette remarque : « Des informations ne sont jamais données aux auditeurs : notamment le taux d’ abstention des électeurs à la présidentielle américaine. Si un taux national, unifié, est trop difficile à calculer et à fournir, alors donnez-nous ce taux dans cinq états essentiels par exemple: Colorado, Floride, Michigan, Minnesota, Pennsylvanie … Peut-on espérer qu’un effort soit fait dans ce sens ? Alors, dans ce cas, merci à vous; rendez-vous le 1er mardi de novembre pour l’entendre ! »
Franck Mathevon : Cet auditeur a raison, il faut donner les chiffres de la participation aux élections américaines, on sait en plus que cette année, la mobilisation des électeurs sera sans doute la clé de ce scrutin. D’une manière générale le taux d’abstention est assez élevé aux États-Unis, depuis 1968, il est supérieur à 40%, c’est nettement plus qu’en France par exemple où ça tourne autour de 20/25%. Cette année aux États-Unis, le 3 novembre et avant cela avec le vote par correspondance, les instituts de sondage prévoient une forte participation, beaucoup plus élevée, on sait que l’Amérique est très polarisée, les pro-Trump et les pro-Biden sont mobilisés comme jamais donc on en rendra compte dans les semaines à venir sur Franceinfo, et donner les taux de participation dans les États clés comme le suggère cet auditeur, ça me semble être une proposition très pertinente.