Journée spéciale sur Franceinfo : les jeunes prennent la parole
« C’est dur d’avoir 20 ans en 2020 », disait Emmanuel Macron mi-octobre. Dix mois après le début de l’épidémie de la Covid-19, Franceinfo se mobilise ce vendredi pour donner la parole aux jeunes lors d’une journée spéciale. Privés de loisirs, de sorties, de sociabilisation, montrés du doigt pour leur non-respect des règles sanitaires, les jeunes s’expriment sur Franceinfo qui met en place un dispositif exceptionnel pour échanger, écouter et faire témoigner cette jeune « génération Covid ».
Tous les services de la rédaction se mobilisent pour aller à la rencontre des jeunes, victimes indirectes de la crise sanitaire avec, en complément, l’analyse de nombreux invités, personnalités publiques, experts et spécialistes.
Pour 57% des 15-30 ans le nouveau confinement décidé le 28 octobre est « difficile à vivre », selon un sondage Odoxa-Dentsu consulting pour franceinfo et Le Figaro. C’est 11 points de plus que pour l’ensemble des Français qui à 46% le jugent difficile à vivre.
Pour la jeunesse, la quasi-totalité des activités d’avant confinement manquent. Ils sont ainsi 78% à regretter beaucoup ou assez les réunions de familles, les soirées chez les amis (76%), les sorties dans les bars et restaurants (69%) ainsi que la vie culturelle (65%). Ne plus pouvoir se rendre à l’école ou à la fac manque à 59% aux élèves et étudiants ; chez les étudiants interrogés, 60% expliquent avoir des difficultés pour suivre les études à distance. 36% des jeunes actifs regrettent de ne plus se rendre au travail.
Et la jeunesse a subi de plein fouet la situation. 51% reconnaît une baisse du pouvoir d’achat depuis le début de la crise sanitaire. 45% ont vu un stage ou une formation annulée. 24% ont vécu une rupture amoureuse ou une détérioration de leur vie de couple.
Ce confinement et cette pandémie inquiètent fortement les étudiants qui sont 70% à avoir peur de rencontrer des difficultés pour mener à bien leurs études. Pour les jeunes actifs, 47% redoutent d’avoir des difficultés pour conserver leur emploi ou leur stage, ou à en trouver un.
D’ailleurs, 85% des 15-30 estiment que de toutes les générations, c’est la jeunesse qui sera à l’avenir la plus pénalisée par les conséquences de la crise sanitaire. Une opinion partagée par l’ensemble des Français qui estiment, à 55%, que c’est bien la jeunesse qui est la plus pénalisée actuellement et pensent à 75% qu’elle sera le plus pénalisée à l’avenir.
Un Français sur deux (49%) et surtout 69% des plus de 65 ans pensent que « de toutes les générations, c’est la jeunesse qui est la plus responsable de la situation sanitaire actuelle car c’est elle qui a le plus propagé l’épidémie ». Chez les jeunes eux-mêmes, 4 personnes sur 10 partagent ce jugement quant à leur responsabilité.
L’antenne de Franceinfo est riche de témoignages et de reportages comme celui notamment d’Anne-Laure Dagnet, journaliste santé, qui traduit à quel point l’épidémie de Covid-19 a un impact sur la santé mentale des jeunes qui sont, pour beaucoup, dans des situations de fragilité. Les propos des jeunes adultes dans ce reportage font écho aux messages reçus depuis le reconfinement, comme celui-ci envoyé par une auditrice de 19 ans :
« Je crois que je suis en train de tomber en dépression… Ou si ce n’est pas en dépression que je tombe c’est dans autre chose, dont je ne connais pas le nom et que je place sous la coupe du mot dépression parce qu’au fond je n’y connais rien moi à la dépression, je ne suis pas psy… Mais ce qui est sûr c’est que je tombe, je tombe, encore et encore, et je crois toujours que j’ai touché le fond, le bout, la fin, ça fait déjà un bon moment que je tombe alors je vais finir par m’arrêter, mais non, jour après je tombe un peu plus bas, ou bien un peu plus loin de la personne que j’étais « avant ». Jour après jour, heure après heure, minute après minute, la jeune femme joyeuse, avide de croquer la vie et de goûter à tout s’efface, se fait floue, disparait, s’éloigne, me fuit et j’ai beau me sourire dans le miroir, me dire que c’est pas grave, que ça va aller que malgré tout j’apprends encore de belles choses, j’ai beau m’accrocher à mes lectures, comme je le faisais quand j’étais au collège, pour m’isoler au maximum du monde extérieur que je ne voulais pas voir, d’une réalité que je ne voulais pas vivre. (…) La jeunesse, le grand coupable dans cette crise, qui n’a pas su se contrôler, ces jeunes qui se croient plus fort que tout et ne respectent rien, ont continué de faire la fête comme si de rien n’était, au fond ils ont osé s’amuser, trouver du rire au fond de cette crise !! Mais si seulement c’était vrai, si au moins on en avait profité un peu, mais qu’importe la vérité puisqu’il faut toujours un coupable : les chômeurs, les migrants ou les jeunes, cette fois ce fut les jeunes… la jeunesse… moi. » à lire en intégralité dans cette Lettre.
Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes de Radio France
**Pour aller plus loin, sondage Odoxa à consulter ici