« Précarité, isolement, détresse psychologique. Près de trois mois après la fermeture des universités, les conséquences de la crise sanitaire sur les étudiants ont de lourdes répercussions. » Les auditeurs ont réagit au sujet du Téléphone Sonne ce mardi 26 janvier.
Je vous remercie pour la qualité de vos émissions.
Je suis doctorant et employé au service commun universitaire d’information, d’orientation (SCUIO) et enseignant contractuel. Je reçois chaque jour des étudiants qui sont complètement perdus, certains secretariats ne leur répondent ni par mail ni par téléphone. Je crois que la première des choses c’est de les écouter et de les rassurer. C’est ce qu’ils/elles attendent. Une deuxième question, pourquoi ne pas généraliser la bourse à tous les étudiants, pour leur éviter de faire la manche, surtout avec des dossiers de demande d’aide assez lourd.
Je suis étudiant en Mastère à la Sorbonne. J’apprécie beaucoup le télé-enseignement. En mars, les professeurs ne savaient pas trop faire cours en visio-conférence. Mais j’étais confiné en banlieue chez mes parents. C’était très agréable. J’étais dans de très bonnes conditions pour travailler et prendre soin de moi. Depuis septembre, je suis confiné chez moi à Paris. En 2e année de Mastère. Et je travaille aussi à mi-temps comme prof de maths en collège-lycée. C’est tout petit, et il ne fait pas chaud. Mais à part ça, ça va ! Tous mes cours sont en visio-conférence. Mes profs de cette année manipulent mieux ce mode d’enseignement que l’an dernier. Je trouve les cours en télé-enseignement mieux que les vrais cours. Ça me fait gagner beaucoup de temps et de fatigue. Par exemple, aujourd’hui, j’avais cours de 13 h 30 à 16 h 30. J’ai fait du travail personnel jusqu’à 13 h 30. À 13 h 30, je me suis connecté. J’ai mangé en même temps que le début du cours. Ensuite nous avons travaillé, toujours par zoom, en petit groupe de trois étudiants. D’habitude, si le cours n’est pas trop intense, j’en profite pour faire ma cuisine pour la semaine, faire la vaisselle. Là, je devais être actif, donc je ne l’ai pas fait… Bref, je n’ai pas perdu de temps en transports, j’ai gagné du temps en mangeant et faisant la vaisselle pendant le cours, cette fois-ci je n’ai pas cuisiné, mais parfois je le fais et je gagne encore du temps. Et puis j’entends beaucoup mieux que d’habitude. D’habitude, il y a toujours des personnes qui bavardent pendant le cours. Ça déconcentre les autres, ça nous fatigue ! Là, personne ne parle en même temps que le prof, on entend beaucoup mieux, on se concentre beaucoup mieux ! Pareil pour le travail en petit groupe ! Et puis j’ai tous mes bouquins sous la main. Parfois, quand le prof parle, ça me rappelle quelque chose, et je vais regarder dans un bouquin ou sur Internet. Et puis, là, pour le travail en petit groupe, nous avons ouvert un salon sur Discord et un répertoire sur Google Drive, et nous avons commencé à travailler tous les trois, plus efficacement que si nous avions été en classe… Je regrette juste les discussions informelles pendant la pause-café et la bibliothèque universitaire. Mais sinon c’est très bien. Et je connais déjà la moitié des profs et des étudiants. Si j’étais en première année, ce serait sans doute plus difficile. Il faudrait qu’on arrête de dire que les étudiants sont malheureux. Moi, la situation actuelle me convient très bien, même mieux que la situation normale.
Je suis un jeune retraité et je trouve que certains d’entre nous qui ont plus de moyen financier pourraient soutenir matériellement les étudiants en grande difficulté. Ce serait de la solidarité intergénérationnelle et on en a besoin de cette solidarité aujourd’hui. Juste retour pour ce que, les jeunes en particulier vivent depuis un an pour « protéger » les personnes âgées.
Ma fille de 17 ans est étudiante en première année d’études de santé à Toulouse. Depuis pratiquement le début de l’année, tous ses cours sont dispensés en distanciel. Nous entendons ici et là parler d’un retour en amphi: à Toulouse en études de santé, aucune info ! Et c’est l’enfer ! Cette crise sanitaire qui s’ajoute aux nombreux loupés en rapport avec la réforme des études de santé, une année d’une difficulté extrême et le sentiment pour ces étudiants d’être sacrifiés… Comment peut-on abandonner et maltraiter à ce point nos jeunes ?
Quelques commentaires d’une enseignante sur la situation actuelle à l’université. Je confirme la démotivation des étudiants et des enseignants.
Nous ne comprenons pas pourquoi ce qui est possible en lycée ne l’est pas dans l’enseignement supérieur.
L’annonce du président (1 jour / semaine à l’université avec jauge pour les étudiants) montre bien la méconnaissance de l’organisation des cours. Comment mettre ce dispositif en place ? Ni les départements, ni les présidences ne sont en mesure de mettre en œuvre cette mesure. L’accueil de 10 étudiants pour animer des groupes de soutien n’est pas raisonnable comme alternative au cours en présentiel. Comment trouver un créneau en dehors des heures de cours dans les limites du couvre-feu. Laissons revenir les étudiants qui le souhaitent et si besoin, divisons les groupes en 2. Il est essentiel de rétablir un véritable contact humain si nous ne voulons pas perdre le goût des études.
Y-a-t ‘il une ministre qui se préoccupe des étudiants ? Son silence est assourdissant depuis mars 2020. A part sa loi sur le recrutement des professeurs d’université en pleine crise sanitaire on a l’impression qu’elle ne s’intéresse absolument pas aux étudiants et à leur triste sort. Autre question : pourquoi ne pas vacciner prioritairement les étudiants de l’université afin qu’ils puissent suivre les cours ? Ils sont abandonnés par l’institution.
Maîtresse de conférences à l’université et responsable de formation (licence – 400 étudiants), je suis en arrêt maladie suite à la publication de la dernière circulaire du ministère ce samedi. Après des jours à organiser l’accueil de nos étudiants (sans soutien logistique de l’établissement) selon les précédentes modalités, cette circulaire vient encore modifier le dispositif à la veille de la rentrée. Sa mise en œuvre est impossible au regard des moyens (matériels et humains) dont nous disposons. Nous souhaitons retrouver nos étudiants, mais après des décennies de casse du service public de l’enseignement supérieur et de précarisation de ses personnels, les injonctions du gouvernement relèvent de la violence institutionnelle.
Les établissements d’enseignement supérieur ont l’obligation de donner aux étudiants ayant une cause réelle d’empêchement d’assister aux examens dont la maladie s’ils peuvent présenter un certificat médical les moyens de passer leurs examens. Ne pas le proposer ou dire vous aurez un zéro est non seulement inacceptable mais entraînerait un droit de recours et une validation automatique de l’examen…. Il n’y a donc rien à discuter ou à négocier de ce point de vue ! Que les étudiants ne se laissent pas impressionnés !
Mais comment voulez-vous que les universités fonctionnent quand il y a 300 000 étudiants de plus qu’il y a 10 ans et 1 000 enseignants en moins !? C’est une honte ! Qu’est-ce que le gouvernement propose ?
C’est la faillite de l’université incapable de s’adapter contrairement au privé. Sclérosée elle va disparaître c’est cet avenir qui se profile