En dépit de la levée du télétravail obligatoire le 9 juin, tout est loin d’être revenu comme avant. Certains aimeraient même que le télétravail deviennent la norme. Mais alors, entre intérêts de l’entreprise et du salarié, comment s’organiser ?
Les auditeurs ont réagi à la suite du Téléphone sonne du 17 juin. Une sélection de réaction à lire ici
Confort de travail. Merci pour la qualité de vos émissions.
Pour ma part, ce que j’observe avec des collègues et des amis c’est que cette crise a mis en avant le confort du salarié, temps de transport, rythme de la journée, rapprochement avec les enfants/famille, liberté de pouvoir appuyer sur le bouton pause et d’effectuer des tâches ménagères, d’organiser sa journée.
Personnellement je travaille depuis mon domicile depuis 3 années suite à un reclassement, et je ne peux pas imaginer, comme d’autres, de faire marche arrière.
De plus les outils informatiques permettent rapidement de bénéficier d’un reporting pour les managers, finalement c’est plutôt à eux que la question de l’adaptation se pose, accepter de déléguer et surtout de faire confiance aux salariés.
C’est d’ailleurs une exigence pour les jeunes diplômés qui arrivent sur le marché du travail.
Je suis en télétravail depuis plus de 5 ans à 100%. Je vais voir mes collègues 2 ou 3 fois par mois. Cela se passe parfaitement. Vision passéiste de vos intervenants.
Le télétravail c’est bien mais il ne faut pas raisonner qu’en parisien et métiers tertiaires.
Malheureusement les politiques ont laissé filer la désindustrialisation depuis une trentaine d’années.
Mais si on veut relancer l’activité et l’emploi post crise, il faut raisonner aussi en termes d’industrie et production de biens. Et dans ce cas on ne peut pas faire de télétravail ou seulement certaines personnes.
Il faut donc veiller à ce que les personnels ne ressentent pas d’inéquité ou que les personnes ne se voient plus physiquement car malgré les progrès de la technique, il ne faut pas oublier qu’une entreprise fonctionne ou ne peut fonctionner que sur la cohésion de groupe et les interactions physiques même si ça ne semble plus être à la mode.
Le télétravail devrait être limité à 1 ou 2 jours max – une ‘unité’ dans l’entreprise ne se fait pas les confrontations/rencontres journalières dans le travail comme dans les pauses ; une réunion zoom ne permet pas d’observer tous les collègues, mais permet de rester plus en retrait… on apprend bcp de choses aussi pendant les pauses. D’autre part les « luttes syndicales » seront bien plus difficile quand tout le monde sera dans sa maison.
Télétravail à 100% pourquoi ne pas délocaliser ? Les délocalisations d’un certain nombre de fonctions grandissent en entreprise. Est-ce que généraliser le télétravail à 100% ne revient pas à inciter à délocaliser ces fonctions dans des pays à plus bas coût que la France à court ou à moyen terme ?
J’ai pu voir ce type de changement ces dernier mois dans un grand groupe industriel. Le télétravail ayant bien fonctionné lors du premier confinement a donné des idées.
Si une entreprise peut s’organiser en télétravail à 100%, qu’est ce qui l’empêche de remplacer tout ou partie de son personnel par des télétravailleurs de pays lointains, beaucoup moins couteux ?
Le Téléphone sonne de ce soir s’adresse exclusivement aux bobos ! En effet, connaissez-vous un éboueur, un maçon, un conducteur de bus, une urgentiste, etc. qui télétravaillent ?
Télétravail : les entreprises jouent-elles vraiment le jeu ?
sujet du Téléphone sonne ce 29 mars sur France Inter
Alors que la situation sanitaire empire et que le gouvernement hésite à mettre en place de nouvelles restrictions, nombreuses sont les voix qui soulignent la responsabilité des entreprises : elles n’appliqueraient pas correctement les recommandations des autorités en matière de télétravail.
Retrouvez une sélection de témoignages d’auditeurs
Il faut tenir compte de la situation de chacun. Pour ma part je suis en télétravail depuis 1 an et je n’y vois que des avantages : 2 h de transport en moins, autant de temps que je peux consacrer à mes enfants. Fini la course en début et en fin de journée. Bref, je ne voudrais pas revenir en arrière. Vive le télétravail !
Je suis dans une entreprise avec des salariés présents depuis plus de 20 ans qui ont un mal fou à s’adapter au télétravail, ne maîtrisent pas les outils, les process de partage d’infos, fonctionnent à l’informel en permanence et nous voyons clairement un genre de fossé générationnel, avec ceux arrivés récemment, super à l’aise en zoom et skype, en wetransfer et google doc. En fait ça n’est pas à la portée de tout le monde. Ça n’empêche pas la lassitude bien sûr mais ça ne nous demande pas d’effort particulier car ce sont des outils que nous utilisons déjà avant la covid crisis.
Vous parlez du télétravail comme s’il était forcément subi. J’ai pour ma part découvert le télétravail pendant les grèves et le confinement. J’ai découvert en même temps l’équilibre vie familiale, vie professionnelle. Le fait de ne pas passer 1 h 30 dans les transports chaque jour, d’aller chercher mes enfants à l’école le soir ou même de me concentrer sur les dossiers de fonds sans être dérangé. Le « total » télétravail n’est effectivement pas souhaitable selon moi mais 2 jours par semaine quel bonheur !
Avant la covid le télétravail était inenvisageable dans mon entreprise alors que je suis face à un ordinateur toute la journée et je travaille déjà en distanciel avec des prestataires. Aujourd’hui, j’espère surtout que l’on pourra conserver ce mode de travail qui me permet d’être à l’heure pour récupérer mes enfants, ne plus être au volant et participer aux bouchons, être moins fatiguée. Je n’y vois que du positif moi qui n’aime pas passer mon temps à la machine à café…
Refus de l’entreprise de mettre en place le télétravail
Je travaille dans la presse. Lors du premier confinement, nous avons tous été en télétravail, qui a bien fonctionné : très bien vécu par les équipes, moins par les chefs. Depuis le mois de juin, nous n’avons plus eu droit à un seul jour de télétravail. Nous travaillons en open space, nous sommes jusqu’à 30 dans la même pièce aux moments de bouclage, sans aucune protection, avec des ordinateurs partagés, le masque plus ou moins bien porté, et le télétravail n’est plus un sujet, même ceux qui voudraient… C’est niet ! Pour faire passer les choses auprès de l’inspection du travail, nous avons été rebaptisés « plateau technique »… J’attends encore qu’on m’explique en quoi mon métier est technique et aimerais beaucoup pouvoir être en télétravail.
Je vois ou entends actuellement beaucoup de reportages sur le télétravail mais je constate que ces derniers sont souvent négatifs comme si le télétravail était une punition. On y parle de petits espaces, d’absences de relations sociales, de dépression, …
J’avoue que je ne comprends pas ces constats et me pose alors beaucoup de questions sur ces reportages.
Est-ce une vision urbaine voire parisienne qui n’envisage pas le télétravail et plus largement la vie en dehors de Paris ?
Est-ce une vision de journalistes qui ne peuvent pas faire de télétravail et donc « jalousent » ceux qui peuvent en bénéficier ? (C’est provocateur)
Est-ce des reportages un peu « commandés » par des institutions jacobines (politiques, syndicats, lobbies, …) pour ne pas développer le télétravail afin de garder la population à Paris avec tout ce que cela entraîne (argent, logement, influences, …) ?
Est-ce une vision très conservatrice de l’organisation du travail en France ? Peut-être est-ce un peu de tout. Je ne comprends pas.
Salarié en Ile de France, je suis en télétravail depuis une année maintenant en Bretagne. Et tout se passe bien. Avec mes collègues, nous avons pu mener à bien plusieurs projets importants durant cette année passée. Je me rends de temps en temps au siège.
Je me bats depuis des années dans ma société pour convaincre que le télétravail est une solution d’avenir pour améliorer la qualité de vie professionnelle (la productivité est bien meilleure) et personnelle (la qualité de vie est nettement supérieure) et pour permettre à la compagnie de réaliser de nombreuses économies et d’aller vers une organisation moins archaïque et plus motivante.
Le Covid a été l’occasion de mettre en place à grande échelle le télétravail et de nombreux points positifs ont été validés.
Pourtant les réticences de la part de la direction comme des syndicats restent tenaces.
Le télétravail pourrait être pour changer la France en bien à vraiment tous les niveaux et constituer un projet présidentiel.
Alors qu’est ce qui bloque en France ? Notre pays va-t-il encore être à la traîne par rapport à d’autres ? Allons-nous passer encore des années à réfléchir pour aboutir à des solutions à la petite semaine comme ?
Comme toujours vos sujets et la qualité du traitement que vous leur réservez chaque soir me laisse pantois, bravo pour ce service public !
Le sujet de ce soir m’interpelle car je suis cadre dans une petite entreprise dont une partie du personnel ne peut effectuer de télétravail car ce sont des travailleurs ou bien leurs outils ne le permettent pas.
En revanche nous sommes une bonne dizaine à avoir émis le désir, ayant la capacité de le faire, de travailler à distance une partie de la semaine, ce qui a été catégoriquement refusé sous prétexte que les mesures de santé ont été respectées. De la même façon le recours au télétravail a été complet pour tous les employés, accusant du coup un retard au redémarrage très fort.
D’autre part un ami proche travaillant chez un très gros fournisseur internet, autrement dit un fournisseur de moyens d’effectuer du travail à distance, s’est vu imposer le chômage partiel alors que les abonnements sont toujours réglés par ceux qui sont réellement au chômage partiel par nécessité ou bien ceux qui ont perdu leur emploi.
Est-ce que votre invitée travaillant à l’inspection du travail peut m’éclairer sur ce point ? comment faire que les employeurs faisant fi des recommandations soient pour le moins inquiétés et au mieux poursuivis?
Pour ma part j’ai mes deux salariées 100 % en télétravail mais notre gros problème, c’est la connexion internet ! Nous travaillons de gros dossiers très lourds (agence d’architecture) et du coup comme dit précédemment, perte terrible de productivité ! Et aucune aide pour s’équiper par exemple de solution 4G ou de passer prioritairement sur le développement de la fibre …
Pour rester objective, le télétravail n’est pas seul en cause à la « déprime » des salariés. La Covid, et les mesures qu’elle engendre (couvre-feu, attestation, isolation … etc.). Sans Covid, le télétravail serait beaucoup mieux vécu ?
Merci pour votre sujet de ce soir. Très en colère contre les entreprises qui ne jouent pas le jeu notamment celle où mon mari est ingénieur (filiale d’une très grande entreprise du secteur de la construction).
– La direction de l’entreprise de mon mari n’aime pas le télétravail et n’a mis en place aucune incitation quand ce serait tout-à-fait possible
de fait les salariés du siège (pas de travail sur les chantiers) travaillent à 80% au bureau quand ils pourraient travailler au moins 80% du temps de chez eux
– le télétravail est même découragé insidieusement (dernier exemple en date : « si tu es sur un autre site, je ne te vois pas donc ça compte comme du télétravail » s’est entendu dire un de ses collègues au moment de compter le nombre de jours de télétravail).
– L’entreprise se réfugie derrière les exceptions du secteur BTP liés à des chantiers pour ne rien mettre en place
– il y a eu 4 ou 5 cas de COVID fin janvier dans le service de mon mari (dont lui !) et toute notre petite famille a été malade : aucune directive de l’entreprise pour les autres salariés (incitation au test, cas contact…) : rien n’était prévu dans cette entreprise qui ne joue pas le jeu !!!
– Et aucune réaction d’ailleurs de l’assurance maladie pour ce qui était clairement un petit cluster avec beaucoup de salariés jeunes peut-être asymptomatiques…
– L’une de mes voisines est salariée d’un petit syndic : aucun télétravail non plus (le patron n’a pas confiance !)Nous respectons de notre mieux toutes les règles, ce serait bien que les entreprises le fassent également.