Cette semaine dans le rendez-vous de la médiatrice : la place des différentes obédiences maçonniques sur l’antenne de France Culture, la publicité dans les podcasts et « l’être humain » plutôt que « l’Homme ».
Pour répondre aux auditeurs, Emmanuelle Daviet reçoit Sandrine Treiner, directrice de France Culture.
Emmanuelle Daviet : On commence avec une question concernant l’émission « Divers aspects de la pensée contemporaine », diffusée le dimanche et confiée en alternance aux différentes obédiences maçonniques. À ce sujet, un auditeur nous écrit : « J’écoute votre émission avec beaucoup d’intérêt. Je suis néanmoins surpris et un peu déçu qu’elle ne donne qu’une vision parcellaire de la franc maçonnerie française. Pourquoi les obédiences ne sont-elles pas toutes représentées ? »
Sandrine Treiner, que répondez vous à cet auditeurs ?
Sandrine Treiner : Vous allez peut être me permettre de faire un peu d’histoire parce que l’affaire n’est pas simple. En fait, en termes d’informations pures, il y a aujourd’hui six associations qui se relayent pour occuper ce moment, dédié le dimanche matin sur l’antenne de France Culture. Il s’agit du Grand Orient, de la Grande Loge de France, de la Grande Loge féminine de France, de la Fédération française de l’Ordre maçonnique mixte internationale, le droit humain, l’Union rationaliste et la Fédération française de libre pensée. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, elles s’inscrivent dans le cahier des missions et des charges dévolues à Radio France et assumées par France Culture. Mais ce ne sont pas des émissions religieuses. En fait, il s’agit d’une tolérance qui a été instaurée après la guerre, compte tenu du rôle qu’avait joué la franc maçonnerie et les libres penseurs dans la résistance et du prix qui avait été le leur pendant l’Occupation. Il s’agit d’une tolérance qui conduit Radio France à consacrer un temps d’antenne hebdomadaire à la pensée franc maçonne et athée. Donc, elles ne sont pas régies par les lois qui concernent les religions, mais encadrées par la loi du 1er août 2000 relative à la liberté de communication. Cette loi instituant notamment la notion de pluralisme, donc, nous avons intégré en fait, depuis 1945 et pour les dernières dans les années 50, ces associations qui sont aujourd’hui les associations majoritairement représentantes de ces courants de pensée. Il est bien évident que si on devait ouvrir à chaque association, on se retrouverait éventuellement à les entendre une fois par an ou à diluer totalement ce courant de pensée et ce qu’il a à transmettre aux auditrices et aux auditeurs.
Emmanuelle Daviet : On poursuit avec cette remarque : « Je vous contacte pour partager ma déception. Je constate depuis quelques mois l’apparition de publicités en tout début des émissions podcastées. Or, la qualité des programmations de France Culture jure avec le ton et le contenu de ces publicités. Je suis désormais régulièrement irrité par ces nouvelles pratiques. »
Sandrine Treiner, avez-vous une marge de manœuvre par rapport à cette demande très spécifique concernant les publicités sur les podcasts ?
Sandrine Treiner : Non. En l’occurrence, il s’agit d’une politique de Radio France donc la réponse est simple.
Emmanuelle Daviet : On termine avec ce message d’une auditrice : « Nos voisins Anglais, Espagnols, Italiens, Portugais utilisent l’expression « être humain » pour évoquer les femmes et les hommes, alors qu’en France, on persiste, comme sur France Culture, à utiliser le terme « homme » avec un petit ou grand H. Il serait temps pour une chaîne comme France Culture, voire même toutes les chaînes de Radio France, d’être inclusives et d’employer l’expression « être humain » à l’écrit ou à l’oral ».
Sandrine Treiner, partagez vous le point de vue de cette auditrice ?
Sandrine Treiner : Ecoutez, nous voyons à quel point ces questions intéressent et préoccupent nos auditeurs et auditrices. Nous avons été amenés à parler de ce sujet, en tout cas, de l’écriture inclusive dans toutes ses conséquences il y a de cela quinze jours. Ecoutez, non, il n’y a pas une manière de dire les choses sur France Culture. Je comprends tout à fait, et du reste, cette auditrice a raison. Je m’accorde tout à fait avec elle pour considérer que de parler de droits humains est une bonne manière de faire. Il se trouve que les langues ont des histoires différentes et qu’à ce titre là, même si on adhère à la philosophie générale, oui, il n’y a pas de Soviet suprême de la langue utilisée sur l’antenne par les journalistes et les producteurs, pourvu que ce soit du bon français. Et certains parlent de droits humains à certains moments, on parle des droits de l’homme. Je ne crois pas qu’il y ait là à rigidifier davantage la situation.
Emmanuelle Daviet : Merci Sandrine Treiner. Et puis, en quelques mots, je voudrais indiquer aux auditeurs qu’à la fin du mois, la radio fête ses 100 ans. Et à cette occasion, je vous invite, auditeurs de France Culture, à écrire ce que la radio représente pour vous dans votre quotidien. C’est un média avec lequel on cultive un lien tout à fait singulier, et nous voudrions vous lire sur ce sujet. Quel moment de radio, par exemple, vous a marqué, ému ou bouleversé dans votre existence ? Quelles sont vos habitudes radiophoniques, vos souvenirs ? Une adresse, donc, pour nous écrire : https://mediateur.radiofrance.com/mediateur/