Pour en parler Matthieu Mondoloni, directeur adjoint de la rédaction de Franceinfo est au micro d’Emmanuelle Daviet.
Emmanuelle Daviet : Depuis le début des affrontements entre citoyens israéliens, entre juifs et arables, mais de nationalité israélienne, les remarques que l’on reçoit des auditeurs se répartissent entre ceux qui jugent le traitement éditorial pro palestinien et ceux qui estiment ce traitement journalistique pro israélien. Quelles remarques vous inspirent ce constat ?
Matthieu Mondoloni : Déjà que effectivement, les points de vue sont partagés puisqu’on a des remarques des deux côtés. Ce qui veut dire toujours pour moi, qu’on fait correctement notre travail puisqu’on ne plaît à personne ou on ne déplaît à personne. Mais l’idée, effectivement, c’est de rester objectif. C’est un traitement d’une actualité très sensible, très compliquée. On en a conscience. On en tient évidemment compte, que ce soit dans les invités qu’on met à l’antenne, que ce soit dans les reportages qui sont réalisés par nos envoyés spéciaux permanents sur place. Donc, c’est vraiment un sujet sensible. J’ajouterai juste que dans ce cas précis, mais c’est le cas de la plupart des conflits, d’ailleurs, il y a rarement du blanc et du noir, il a du gris en permanence, c’est à dire qu’il n’y a pas un camp qui a raison contre l’autre. Ce sont des conflits. Il y a des torts de chaque côté. Il y a des choses très compliquées à expliquer dans un conflit qui remonte à autant d’années également. Donc voilà, nous, on essaye tout simplement de faire, je le répète, notre travail de façon la plus impartiale et la plus juste possible.
Emmanuelle Daviet : Editorialement comment travaillez-vous pour que les sujets qui passent à l’antenne reflètent au plus près la réalité du terrain ?
Matthieu Mondoloni : Alors là, on peut compter justement sur nos envoyés spéciaux permanents comme Frédéric Métézeau, qui est à Jérusalem, basé là bas, et j’en profite d’ailleurs pour saluer l’extraordinaire travail qu’il réalise, ainsi qu’Alice Froussard, qui, elle, est basée à Ramallah. Grâce à eux qui sont sur le terrain, qui habitent ce pays depuis plusieurs années, on peut avoir vraiment un reflet de cette société et de ce conflit à travers leurs regards, à travers leurs reportages, à travers les micros qu’ils vont tendre à des gens très différents, que ce soient des juifs orthodoxes ou des Palestiniens de Ramallah ou des gens de la bande de Gaza. On a tous les points de vue, encore une fois, qui s’expriment à l’antenne. Donc c’est vraiment grâce à eux qu’on peut travailler correctement et réceptionner cette parole et illustrer ce conflit, encore une fois en étant le plus objectif possible.
Emmanuelle Daviet : Alors, concrètement, on voit bien les moyens mis en place sur le terrain avec les correspondants de votre côté. Qu’est-ce que vous faites pour couvrir ces événements, vous, la rédac de Franceinfo ? Et à quelles difficultés êtes-vous confrontés ?
Matthieu Mondoloni : On est confronté tout d’abord au choix des invités. Je le disais tout à l’heure, il faut qu’on choisisse les bonnes personnes , quasiment personne n’est totalement neutre ou objectif dans ce conflit. Donc, on les sélectionne et on équilibre notre antenne, encore une fois, est très vaste, donc on peut entendre un point de vue à 8h du matin et on peut entendre un autre point de vue à 18h. Donc voilà, on essaye d’équilibrer par ce biais. Et puis après, on essaye d’envoyer aussi nous, du renfort, des reporters sur place. C’est compliqué parce que, comme dans tout conflit, il faut pouvoir rentrer dans le pays. En plus, avec les conditions sanitaires actuelles et le Covid, il y a des impératifs qui sont plus exigeants. Il faut avoir été vacciné, avoir les deux doses, avoir un certain délai après l’injection de la seconde dose. Quand ces conditions sont réunies, là encore, il y a des papiers à fournir à l’Etat d’Israël. Et une fois qu’on est en Israël, c’est pareil, on ne peut pas rentrer et circuler partout, par exemple pour rentrer à Gaza c’est quelque chose de très compliqué, même si Israël vous autorise à rentrer dans la bande de Gaza, le Hamas, lui doit également donne son autorisation.