Nous recevons régulièrement des courriels d’auditeurs sur « Les Informés », émission proposée chaque soir à 20h sur Franceinfo, très appréciée par ceux qui nous écrivent, mais ils formulent également des remarques, ils ont des interrogations. Jean-François Achilli Journaliste et éditorialiste politique est au micro d’Emmanuelle Daviet.
Emmanuelle Daviet : Pouvez-vous nous rappeler le principe de cette émission, alors que vous êtes une chaîne d’information continu, Jean-François Achilli ?
Jean-François Achilli : Le principe des « Informés », Emmanuelle, est de prendre un petit peu de recul sur l’actu, nous prenons une heure pour y développer trois ou quatre grands sujets maximum, tout en respectant, j’insiste là dessus, cette mécanique essentielle, celle de l’information en continu qui est la marque de Franceinfo.
Emmanuelle Daviet : Venons-en aux questions des auditeurs. On commence avec les invités. « Il vous est sûrement très difficile d’avoir tous les soirs un plateau équilibré d’intervenants pertinents et de bords politiques ou philosophiques différents, écrit un auditeur, Mais c’est votre mission. Certains soirs on se demande pourquoi tel débatteur est présent. » Question : comment sont choisis les intervenants ?
Jean-François Achilli : Alors c’est une question que j’apprécie parce que régulièrement, je reçois des messages pas toujours aimables, notamment sur Twitter, concernant le choix des invités. D’abord, il faut comprendre une chose, c’est que sur les quatre personnes présentes en plateau, vous avez chaque soir deux partenaires presse. C’est à dire, je donnerai l’exemple du lundi, nous sommes partenaires du Parisien-Aujourd’hui en France et Libération. Et chaque jour, il y a deux autres médias de presse différentes qui nous envoient donc leurs propres journalistes. Donc, de mon côté, je sélectionne deux autres intervenants. Qui sont-ils ? Nous cherchons des invités qui s’adaptent à l’actu du jour. Attention aussi, j’ajoute une chose et c’est le cas depuis de longues années, je me suis fait fort d’essayer de respecter la parité sur le plateau : deux hommes, deux femmes dans la mesure du possible. Donc, cela fait un cocktail, si vous voulez de paramètres assez complexes, alors oui, j’entends les critiques, j’entends aussi beaucoup de messages contradictoires. Je m’explique : certains auditeurs qui nous expliquent « pourquoi vous êtes macronistes » et le même jour, vous avez certains qui vous écrivent en disant « c’est un scandale, vous êtes trop pro-Nupes » ou « vous êtes trop conciliants avec le Rassemblement National ». J’entends tout et son contraire chaque jour, il y a de nombreux auditeurs, pardon d’être critique, qui aimeraient voir sélectionnés un certain type de d’invités qui seraient plus proches de leur obédience politique. Ça, c’est juste impossible.
Emmanuelle Daviet : Comment s’opère l’arbitrage pour choisir les sujets traités chaque soir ? Qui décide ?
Jean-François Achilli : Qui décide ? Il y a deux canaux de décision : d’abord, c’est tout simplement l’actu. Nous sommes sur une chaîne d’info continu et nous allons traiter largement les grands sujets du jour. Il y a aussi des jours ou l’actu nous bouscule. J’ai le souvenir dramatique de l’assassinat du professeur Samuel Paty. Nous avons ce soir là renversé la table, il n’y avait qu’un seul sujet qui aura été traité. Il y a aussi un autre canal de décision : c’est votre propre serviteur. Je vous rappelle que je suis encore journaliste et responsable de cette émission et je fais moi même mes propres choix. J’essaie de voir ce qui peut être concernant aussi, des choix qui impactent la vie quotidienne des Français, vous voyez donc il y a les deux canaux possibles : et l’actualité du jour et votre serviteur qui fait ses propres choix.
Emmanuelle Daviet : On termine avec cette remarque d’une auditrice : « Que du positif pour cette émission de grande qualité mais, « le fil info » est trop fréquent, l’émission est coupée à 4 ou 5 reprises par le fil info, c’est excessif. »
Cette auditrice aborde la question de la mécanique de l’antenne. Moins de fil info pour ne pas casser le rythme du débat des Informés, cela vous parait envisageable Jean-François Achilli ?
Jean-François Achilli : J’entends cette critique. Je la comprends parce que c’est vrai que c’est une émission de débat et certains auditeurs aimeraient n’être que dans le seul débat et ne pas être, entre guillemets, dérangés par un rappel de l’info toutes les dix minutes. Mais c’est aussi l’ADN de Franceinfo, ces fils info et sur la durée d’écoute moyenne de la chaîne, c’est vrai que certains nous rejoignent à l’heure des Informés et ils ont besoin de savoir aussi ce qui se passe dans le monde. Donc c’est à moi habilement d’essayer de ne pas trop sectionner le débat, de faire patienter le temps du rappel de l’info qui peut nourrir aussi le débat. Je m’explique : quand une information majeure tombe pendant un fil info, je suis apte à faire réagir mes invités sur ce qui vient de se produire. Donc il y a une forme aussi de complémentarité qui s’opère. J’entends les frustrations, mais c’est aussi un service utile qui est, je le rappelle, l’ADN de la chaîne.