Florent Guyotat, rédacteur en chef à Franceinfo est au micro d’Emmanuelle Daviet Emmanuelle Daviet
Emmanuelle Daviet : Nous évoquons aujourd’hui les interventions des auditeurs, en particulier dans la matinale de Franceinfo. Dernière séquence en date, mardi, avec la Première ministre Elisabeth Borne. Après son interview avec Salhia Brakhlia et Marc Fauvelle, elle a répondu aux questions des auditeurs pendant 30 minutes. Florent Guyotat sur une chaîne d’info continue. Pour quelles raisons est il important de donner la parole aux auditeurs ?
Emmanuelle Daviet : Est ce un moyen de renforcer le lien de proximité et de confiance entre la chaine et les auditeurs ?
Florent Guyotat : D’abord, ce dont on se rend compte, c’est que c’était clairement pas une tradition de donner la parole aux auditeurs. Vous savez que notre radio a plus de 35 ans désormais. Elle a été créée en 1987 et les interventions des auditeurs étaient très rares jusqu’à une période récente. Et on s’aperçoit que la parole des auditeurs est sollicitée au moment des crises. J’en veux pour exemple la tempête de 1999. À l’époque, et c’est une première, l’antenne est ouverte aux auditeurs qui témoignent de ce qui leur arrive. Et après cet épisode de 1999, il s’écoule une longue période durant laquelle on n’entend plus les auditeurs à l’antenne. Plus récemment, il y a eu la crise du Covid et ça a vraiment été un déclic pour nous. Donc en 2020, au moment du confinement, beaucoup d’auditeurs qui sont chez eux et qui parfois sont seuls ou qui demandent des réponses par rapport à ce qui leur arrive. On décide de leur ouvrir l’antenne le matin, entre 8h30 et 9h30. On vous explique, on vous écoute sur des questions très concrètes avec des réponses de nos spécialistes. Donc finalement, cette parole des auditeurs à l’antenne, traditionnellement, elle est rare et on a tiré partie de ces crises où on s’est dit que c’étaient des moments d’antenne très intéressants, qu’après la crise, Covid on avait intérêt à renouveler ce genre d’expérience. Et c’est pour cela que désormais, régulièrement, quand il y a un invité important, eh bien, on ouvre la parole aussi aux auditeurs pour qu’ils puissent lui poser des questions. Et c’est ce qui s’est passé cette semaine avec Elisabeth Borne.
Emmanuelle Daviet : Est-ce que vous pensez que le fait d’ouvrir l’antenne aux auditeurs, c’est un moyen de renforcer le lien de confiance avec eux ?
Florent Guyotat : Oui clairement. D’abord parce qu’on se rend compte qu’il y a beaucoup d’appels au Standard. Donc, comme je vous le disais, ça nous pousse à continuer et c’est d’ailleurs une expérience que l’on va renouveler. Il va y avoir la présentation la semaine prochaine de la réforme des retraites, mercredi prochain, après la présentation de cette réforme, le porte parole du gouvernement, Olivier Véran, sera notre invité de 8h30 et à 9h30. L’antenne sera ouverte aux auditeurs dans la deuxième partie de l’émission La deuxième demie heure, entre 9 h et 9 h 30, les auditeurs pourront appeler et poser leurs questions.
Emmanuelle Daviet : Florent Guyotat, comment sont sélectionnés les auditeurs qui passent à l’antenne ?
Florent Guyotat : Cette sélection n’est pas facile parce que, comme je vous le disais, il y a beaucoup d’appels, beaucoup de questions Internet. Cette semaine, pour la venue d’Élisabeth Borne, on a eu plus de 100 appels téléphoniques et plus de 700 questions internet, comment on sélectionne ? Tout simplement. D’abord, en se efforçant de respecter le pluralisme. Il faut des gens qui sont pour la réforme des retraites, des gens qui sont contre, qu’on entende autant que possible toutes les opinions. Il y avait par exemple cette médecin, Nathalie, cette semaine, favorable à la réforme des retraites.
Extrait de l’intervention de Nathalie, une auditrice : Pourquoi un pays comme la France dit non de façon aussi catégorique ? Moi, j’ai 54 ans. Je ne souhaite qu’une chose de bosser jusqu’à 70 ans, si je peux.
Florent Guyotat : voilà Nathalie, interrogée par Marc Fauvelle cette semaine sur FranceInfo. Et à l’inverse, Eric, un auditeur qui, lui, est contre la réforme parce qu’il va se retrouver bientôt au chômage et qu’il craint pour sa retraite avec l’allongement de la durée de cotisation et le recul de l’âge de départ.
Extrait de l’intervention d’Eric, un auditeur : Oui, bonjour madame Borne, Bonjour Monsieur. Qu’est ce que vous prévoyez pour les gens qui sont nés après 61 ans et qui seront au chômage l’an prochain ? Je serai au chômage. J’ai déjà envoyé énormément de cv dans la nature, je n’ai reçu aucune réponse. Je pense que mon seul crime, c’est d’avoir 58 ans.
Florent Guyotat : Vous venez de l’entendre donc Pluralité d’opinions, pluralité de profils aussi pour nos auditeurs, il faut des gens qui travaillent dans le public, dans le privé. On a entendu cela un agent administratif, un chef d’entreprise également, un directeur d’école, des métiers différents pour refléter aussi, tout simplement la diversité de la société française.
Emmanuelle Daviet : Et donc, lorsque les auditeurs souhaitent poser des questions en direct, ils vont d’abord sur le site de FranceInfo ?
Florent Guyotat : Oui, c’est ça sur le site internet. Et puis il y a aussi le standard téléphonique qui ouvre en général à partir de 7 h du matin, avec le numéro qui, à ce moment là, est communiqué à nos auditeurs.