Responsable d’une association de victimes et toujours très concerné par les sujets liés à la criminalité je voudrais manifester mon étonnement et mon indignation face à la désinformation systématique des radios du service public dès qu’un attentat ou une agression se produit sur la voie publique.
Ainsi ce samedi 3 février 2024, sur la seule fois d’une affirmation de Laurent Nunez, l’agresseur africain de la Gare de Lyon est présenté d’office, sur la station France Info, comme souffrant de troubles psychiatriques, ce qui devient un réflexe journalistique quasi systématique lorsqu’un tel événement se produit.
Et le grotesque n’en reste pas là : dans un bulletin d’information écouté en milieu d’après-midi de ce samedi 3 février, la journaliste de France Info qui présente le flash d’informations n’hésite pas à évoquer la présence de médicaments dans les poches de l’agresseur que ce dernier aurait présenté aux enquêteurs, ce qui, on le comprend dans la manière d’évoquer l’information, ne peut qu’appuyer la présence de troubles psychiatriques.
Quatre observations :
1) Je n’ai encore entendu, à l’heure où je rédige ce message (samedi 3 février après le journal télévisé de 20 h) aucun médecin ayant connu ou traité cet individu venir confirmer un quelconque diagnostic de troubles mentaux.
2) Il n’est pas venu à l’idée de la station FranceInfo et des journalistes concernés que la présence de médicaments dans les poches du suspect pouvait relever de la simple manipulation destinée à accréditer un discours de sa part sur de prétendus troubles mentaux.
3) Pour tout auditeur prenant un peu de recul par rapport à l’information brute, il apparaît de plus en plus évident que cette présence de troubles psychiatriques quasi systématiquement et instantanément allégués n’a pour but que d’essayer de dédramatiser les faits survenus et de fournir, en suggérant l’hypothèse d’une déresponsabilisation au moins partielle de l’auteur des faits, des explications qui évitent d’aborder les vrais problématiques de fond soulevées par ces faits qui se répètent.
4) En acceptant de « jouer ce jeu », qui sert aussi les Pouvoirs Publics, les médias concernés perdent toute crédibilité auprès des citoyens (les rares enquêtes d’opinion relatives à la confiance envers les médias sont à cet égard sans équivoques) et sont en contradiction totale avec les grands principes éthiques qu’ils ne cessent de mettre en avant en ce qui concerne notamment la liberté et l’indépendance de l’information qui devraient pourtant être des piliers d’une vraie démocratie, et tout particulièrement sur les sujets sensibles de société.
Un auditeur très engagé dans l’enfance, la sécurité et la justice.
Et le fait que l’assaillant ait prémédité son acte pour tuer des Français, vous en parlez ou pas ? Cela dément votre théorie des problèmes psychologiques, c’est à dire du fait divers.
Je suis psychiatre.
Vos équipes semblent employer indifféremment les termes « troubles psychologiques » et « troubles psychiatriques », comme s’ils étaient synonymes.
Ce n’est pas le cas, et même : cette confusion est source de nombreuses erreurs et discriminations, et le symptôme d’un réel manque de considération pour ces deux disciplines.
Comme vous le savez, de nombreux français confondent « psychiatrie », « psychologue », « psychanalyste », et « psychothérapeute ». En tant que media, et que service public, vous seriez dans votre rôle à vous intéresser sur ces distinctions.
Entendu dans votre journal à plusieurs reprises. Agression au couteau. « Une personne dont diagnostic vital engagé. Deux autres PLUS LÉGÈREMENT BLESSÉES ». Où est la conscience et la mesure du relativisme dans ce langage ?
Une fois de plus je suis scandalisé par le traitement idéologique de cette actualité par le service public, fait divers bien sûr, papiers de ce monsieur en règle, et alors ?