bonjour Caroline

Merci...

J'écoute avec avidité le second opus de votre podcast "Outside Kaboul" et je suis à chaque épisode davantage remuée de 1000 manières..

Il y a ces Femmes bien sûr, dont les mots francs, si naturels et si forts touchent au cœur, éveillent au Monde, à l'Exil, à l'Amour de la Famille, aux questionnements si pertinents. Elles sont exceptionnelles, singulières et en même temps universelles avec ces Emotions qui les traversent et qu'elles partagent avec simplicité. Vous les rendez Journalistes, elles se l'approprient tout en bousculant les codes. Vous leur apportez un cadre professionnel sécure et elles s'en saisissent si bien!

Il y a ce travail de journaliste dont on comprend la déontologie, les questionnements éthiques, la construction de pensée, c'est extraordinaire d'écouter vos questionnements, de vous voir évoluer au fil des réponses que vous y apportez, nourries de ceux auxquels vous faites confiance dans ce milieu.

Il y a ce que vous acceptez de partager de Vous, vos valeurs, vos émotions, la place que vous acceptez ou non de donner à "Caroline" et non à la seule journaliste, ce qui s'impose à Vous et vous remet en question, votre pudeur. La question de la Place sans cesse remise au travail.

Il y a ce que l'on devine, le montage, les échanges en équipe au fil de ce travail, les remue-méninges, les Risques, le réseau... les heures de travail, d'écoute, de choix sans doute très difficiles dans les séquences à garder... Je ne peux qu'imaginer l'ampleur de la charge mentale qu'à exigé ce podcast..

Il y a cette jeune femme qui traduit à merveille et donne à elle seule une valeur supplémentaire au "Balado". La manière dont vous avez choisi de toujours laisser écouter la voix afghane en priorité puis ensuite celle de la traductrice leur permet à chacune d'exister. Leurs voix sont très différentes, cela ajoute au plaisir de l'écoute, on ne se perd pas, et la singularité de cette voix la fait exister comme un personnage à part. Souvent je me suis demandée "va t elle réussir à traduire l'émotion, le ton, tout ce qui se dégage de ce moment???". Et oui, chaque fois, on y est!! Je serais curieuse de savoir comment Raha et Marwa ont accueilli ces mots venant d'Elles et repris par une Autre.

Ce travaille bouscule les certitudes sans agresser, donne envie d'être rigoureux, fait rire et tellement pleurer....

Vous réussissez là ce que je suis incapable de faire lorsque j'essaye de partager ce que je vis dans mon travail. Je suis médecin généraliste en milieu rural. J'ai l'impression chaque jour de faire des rencontres magnifiques. Je ne sauve personne, je me contente de mettre à disposition des patients ce que j ai appris. Leur confiance me touche, m'honore et nourrit mon enthousiasme, c’est donc un échange de bon procédé. Ils m invitent sur leur chemin, quand ça va mal mais également quand le vent tourne, je les vois grandir et je mûris avec eux. J'aimerais être capable, comme vous le faites si bien, de raconter ce que je comprends de l'Humain.... Ils sont à nu, dans leurs inquiétudes, dans leurs traumatismes, dans leurs douleurs, dans leurs grandes joies (confort de ne pas être oncologue...). C'est épuisant, parfois dérangeant ou exaspérant, décourageant ou enthousiasmant, mais toujours, toujours, c'est riche... finalement même une rencontre ratée apporte quelque chose. Chaque histoire est unique, je m'applique avec mes outils à y trouver sens et à y chercher, le temps d'une consultation, quelle place je peux/veux/dois y prendre. Amener à parler, savoir se taire, toucher délicatement, partager ce que je comprends puis conclure ensemble et choisir ou pas de se revoir.

Caroline, je crois que vous avez grandi avec ce travail considérable et magnifique. Moi aussi, en vous écoutant toutes les 4 (Vous, Marwa, Raha et Louise).

MERCI