Nicole Belloubet, Ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse était invitée du 8h20 sur France Inter ce 30 avril . Des réactions d’auditeurs à lire ici :
Je suis enseignante en lycée professionnel, et je trouve que la situation se dégrade de plus en plus.
Je vais à présent en cours avec la peur au ventre, des faits de violence sont constatés tous les jours sans que nous puissions faire grand-chose.
Quand est-ce que nous pourrons avoir les moyens d’exercer notre vrai métier ? Je m’explique, nous réalisons de plus en plus d’éducation auprès de nos élèves, nous luttons chaque jour pour que le portable soit dans les sacs, mais il apparait à chaque fois sur les tables. Cet objet, tue littéralement nos cours, rentre dans nos salles de cours, sans que nous puissions y faire grand-chose : Ils sont en Lycée ! Ils sont grands ! Eh bien non. Les violences entre élèves sont quotidiennes, les violences verbales envers les enseignants également, bref, nous ne réalisons plus notre métier dans des conditions sereines. Quand est-ce que vous nous aiderez réellement ? Je ne suis dans le métier que depuis 7 ans. J’ai été 15 ans architecte. J’ai passé le concours de PLP en design et métier d’arts, car je voulais vraiment enseigner en lycée professionnel. Mais là, je commence à être à bout… Venez visiter les véritables établissements qui ont de véritables problèmes.
Juste pour signaler que les assistantes maternelles sont très sensibilisées aux problèmes des enfants face aux écrans. Nous suivons régulièrement des formations en ce sens parmi d’autres thèmes. Il faudrait envisager des « formations » auprès des parents aussi. Y en assez d’être taxées d’incompétence étant moi-même assistante maternelle depuis 36 ans !! Nous exerçons ce joli métier avec sérieux et bienveillance et ce n’est pas pour les « caler » devant la TV ou autres écrans !!
Prendre le téléphone à l’entrée. Donc transférer le rôle du parent aux assistants d’éducation ? N’est-ce pas aux parents d’interdire en amont ? On sait que les élèves vont nous donner des faux portables et en auront un second, sans compter la responsabilité de garder les portables, une nouvelle mission pour les CPE ?
Je suis AESH au collège et les élèves ne peuvent pas être tous surveillés par l’enseignant lors de l’utilisation des tablettes. Certains arrivent à contourner l’utilisation pédagogique (même l’élève dont je m’occupais à profiter des 2 minutes où je parlais avec l’enseignant pour aller sur internet faire autre chose que ce qui était demandé)…
Comment faire ? Cela ne me semble pas possible ni profitable d’utiliser des tablettes à l’école.
Comment peut-on parler de mesures disciplinaires fortes dans un collège, alors qu’il me semble que les chefs d’établissements doivent avoir de bons résultats dans leur établissement, et surtout ne pas faire de vagues pour avoir un meilleur classement et bénéficier d’un avancement ?
L’école en soi représente un cadre d’autorité. Ce cadre étant mis à mal par le manque d’adultes (85% d’absence d’enseignants sans remplacement que vous annonciez dans votre audit au Sénat), pensez-vous sincèrement qu’une charte et une harmonisation des punitions soit la solution ? Le recrutement des enseignants doit être la priorité absolue !
Devant le manque d’effectif de professeurs des écoles et devant les mesures privilégiant surtout le recrutement de néophyte (baisse de la note minimum d’admission, possibilité de passer le concours dès bac +3 au lieu de bac+5), ne serait-il pas judicieux de passer par une phase de validation des acquis des remplaçants expérimentés déjà en place?
Ma femme est depuis 10 ans remplaçante dans la même école et les critères d’admission au concours interne (RAEP) n’ont jamais évolué.
En ce qui concerne le remplacement des professeurs absents j’aurais souhaité savoir si le gouvernement a mis en place de réelles mesures ? En effet je constate dans l’école de mes enfants qu’il y a souvent de l’absentéisme et que ce dernier n’est pas remplacé. Cela pose un grave problème pour les parents. J’ai dû poser une semaine de disponibilité pour cause d’absence du professeur de mon enfant, cette semaine je ne peux plus, je le laisse à l’école qui ne peut me garantir qu’il sera dans une classe de son niveau et si ce n’est pas le cas, il se retrouvera à colorier des dessins toute la journée.
Hier mon fils a terminé le lycée à 15h et commence ce matin à 10h30.
La raison : Pas de prof d’espagnol, ni de prof d’anglais, ni de prof d’histoire et hier la prof de français a fait un burnout.
Madame la ministre met en avant la réussite éducative. Ceci étant, la réussite éducative passe par la mise en place de moyen humains et financiers. Malheureusement on réduit les moyens au fur et à mesure des années. L’éducation nationale se fatigue.
Mon mari et moi, tous deux enseignants, avons mis notre fils ainé deux ans (classes de Première et Terminale) en internat car la situation à la maison était infernale et nous voulions protéger son petit frère. Notre fils ne voulait pas changer de lycée et être interne. Nous avons tenu bon et après les premières semaines, tout s’est très bien passé. Il a 34 ans. A 19 ans, il nous a dit que c’était la meilleure décision que nous ayons prise.
Je suis, comme un grand nombre de gamins de ma génération, un exemple de ce que l’internat peut apporter à un enfant. Né en 1947, j’ai été interne dans un lycée public dès 1957 sur les conseils de l’instituteur de mon village. J’ai pu me construire en dehors de ma famille, au contact d’autres enfants. J’y ai appris, paradoxalement ce qu’est la liberté. J’ai pu faire une école d’ingénieur. Cependant, je n’ai jamais vraiment quitté mon milieu d’origine, mais j’ai pu avoir accès à une vie plus confortable que de nombreux enfants de ma génération.
Alors que de nombreux professionnels (enseignants, principaux de collège, inspecteurs, chercheurs) disent que la réforme dite du « choc des savoirs » est contreproductive et ne peut pas être mise en œuvre avec les moyens proposés et qu’elle entraîne un nouvel accroissement du nombre d’élèves par classe (la France est déjà le pays européen dont les classes sont les plus chargées), pourquoi le ministère n’écoute pas la très grande majorité de professionnels qui sont contre ?
Mon petit-fils de 11 ans, un petit 6ème d’un lycée à Paris, est mis dehors comme les autres élèves pour cause d’examen début juin. Les parents travaillent… UN mois de classe en moins, des enfants « abandonnés » … Un mois d’apprentissage en moins. LE cerveau en vrac à la rentrée après 3 mois de vide… des proies pour toutes les dérives… Comment lutter pour empêcher ce scandale passé sous silence car il y a bien sûr beaucoup d’autres cas en France ? Merci d’évoquer ce sujet.