Laurent Frisch, directeur du numérique et la stratégie de l’innovation de Radio France au micro d’Emmanuelle Daviet pour répondre aux questions des auditeurs

Emmanuelle Daviet : Depuis le 26 août dernier, les auditeurs découvrent la nouvelle application de Radio France et nous recevons à son sujet de nombreuses critiques. Cette application était auparavant très appréciée et jugée et fonctionnelle. De nombreux auditeurs ne comprennent donc pas l’utilité de cette mise à jour. Pourquoi était-elle nécessaire ?

Laurent Frisch : Alors Emmanuelle, il faut commencer par dire que la précédente version datait de 2018. C’est une éternité dans le numérique. Je pense que plus aucun de nos auditeurs aujourd’hui n’a le même téléphone qu’en 2018. Il faut dire aussi qu’on a beaucoup plus d’auditeurs aujourd’hui en numérique, que ce soit pour écouter nos radios en direct comme Franceinfo ou pour les podcasts. C’est vrai aussi que la période du Covid est passée par là en transformant profondément les usages de l’écoute en numérique, en développant notamment les pratiques d’écoute à la demande. Et pour vous donner un ordre de grandeur, on a aujourd’hui environ 1 million d’auditeurs quotidien sur l’application Radio France. Et puis, pendant cette période, l’offre aussi a largement évolué. Nous avons aujourd’hui plus de 3 millions d’épisodes de podcasts disponibles dans l’application Radio France. Il n’y avait pas encore en 2018 de podcasts natifs dans l’offre de Radio France. On ne fabriquait pas des séries thématiques, On ne rééditait pas des séries d’archives comme ces collections de « 2000 ans d’histoire » ou « des clés de l’orchestre » qui viennent d’arriver. L’offre a profondément changé et il fallait qu’on adapte notre interface, notre application à ce nouveau contexte.

Emmanuelle Daviet : Alors, bien que la refonte de l’appli soit unanimement saluée pour son esthétique, pour les nouveaux formats de découverte et la musique, les utilisateurs déplorent une navigation peu intuitive, avec des fonctionnalités essentielles qui sont devenues compliquées à utiliser, comme la gestion des podcasts ou l’accès à la grille des programmes. Que répondez-vous à ces remarques ?

Laurent Frisch : Alors d’abord, je dis merci à tous ceux qui, malgré ces changements importants, prennent aussi le temps de nous écrire. Ils prennent le temps de nous écrire souvent. Il faut quand même le dire pour nous remercier, pour remercier les équipes du travail accompli, pour les remercier aussi des très nombreuses améliorations que la nouvelle application a apporté. Elle est plus rapide, elle donne un accès plus rapide au catalogue, à la musique, à l’information. Ils nous écrivent aussi souvent pour nous demander des améliorations, pour râler de certains changements. Et nous sommes conscients de deux choses. D’abord, qu’un tel changement risque toujours de perturber, peut-être plaire aux nouveaux utilisateurs, en tout cas on l’espère, mais aussi perturber ceux qui y avait une utilisation quasi quotidienne de l’application. Il y a une part d’habitudes à retrouver pour les utilisateurs. Il y a aussi de notre côté à être peut être plus clair au moment de ces changements pour indiquer comment retrouver, vous donniez cet exemple : la grille des programmes, elle est aussi accessible, voire plus accessible qu’avant, mais elle est représentée sous la forme d’un pictogramme qui est peut être moins lisible que des mots écrits en toutes lettres. Et nous allons essayer de corriger ça. Ensuite, on est dans le champ de l’informatique quand on lance un nouveau logiciel et une application est un nouveau logiciel, il doit être consolidé. Il y a des éléments, des bugs, des anomalies dont nous ne nous rendions pas compte tant que c’était dans nos bureaux. Et maintenant que, à peu près 1 million chaque jour d’auditeurs et deux ou 3 millions sur une fréquence plus ou moins régulière s’en servent, nous remarquons des choses que nous n’avions pas détectés avant et nous nous attelons à le corriger le plus vite possible. J’espère que d’ici la Toussaint, nous aurons déjà rattrapé la plupart ou répondu à la plupart des remarques qui nous sont faites actuellement par les auditeurs.

Emmanuelle Daviet : Dernière question les utilisateurs en situation de handicap visuel dénoncent une accessibilité réduite qui rend la navigation difficile, voire impossible. Alors, quelles améliorations vont être apportées ?

Laurent Frisch : L’accessibilité, un sujet qui me tient particulièrement à cœur et qui est particulièrement complexe d’un point de vue informatique. Nous sommes en train de faire les développements nécessaires pour très bientôt rendre l’application le plus accessible possible aux déficients visuels et d’ailleurs, les équipes finalisent aussi des améliorations pour la rendre également accessible aux déficients auditifs, ce qui n’avait jamais été le cas chez nous jusqu’à présent.