L’élection présidentielle américaine a manifestement entraîné le déplacement aux États Unis d’un nombre considérable de journalistes et techniciens. Et il m’a semblé que chaque radio et télé du service public avait fait cavalier seul pour être présente sur le sol américain. Conséquence : un nombre considérable de voyages en avion et des frais de séjour importants, avec pour résultat un très « mauvais » bilan carbone, et une énorme redondance dans les informations diffusées. N’y avait-il pas matière à jouer la carte de la sobriété (et de la responsabilité) en constituant une équipe « Radio France & France Télé » ? La transition écologique si souvent évoquée sur les antennes et écrans aurait trouvé là une occasion de se traduire concrètement… Puisse le service public de l’audiovisuel saisir toutes les occasions (nombreuses) pour montrer l’exemple.
« Pourquoi y a-t-il des journalistes sur le terrain ? »
Les auditeurs s’étonnent du déploiement de journalistes et techniciens aux États-Unis pour la couverture de l’élection présidentielle, estimant cette « démarche écologiquement critiquable ». Ils dénoncent la redondance des informations diffusées par les différentes antennes du service public, qui, estiment-ils, pourraient mutualiser leurs ressources pour limiter les voyages et « réduire leur empreinte carbone ». Beaucoup jugent inutile l’envoi d’équipes complètes. Cette pratique est perçue comme un manque de cohérence avec les discours sur la sobriété et la transition écologique souvent tenus sur les antennes. Certains remettent également en question la valeur réelle ajoutée de ces déplacements, estimant que les informations recueillies sur place n’apportent pas suffisamment d’éléments nouveaux pour justifier de tels moyens.
Ces critiques particulièrement sévères invitent légitimement à se demander quelle serait la réaction des auditeurs si les journalistes ne se déplaçaient pas pour couvrir cette élection « au résultat historique » ? Il est essentiel pour les journalistes de se rendre sur le terrain, c’est même le cœur de leur mission : voir, entendre et rapporter les faits de manière directe. Le journalisme de terrain permet d’observer la réalité, d’appréhender les nuances et les subtilités qui échappent souvent à une analyse à distance. Être sur place, c’est aussi recueillir des témoignages, sentir l’atmosphère d’un événement, et ainsi offrir une couverture plus vivante et incarnée aux auditeurs.
C’est précisément cette présence sur le terrain qui distingue le journaliste d’un simple commentateur en studio formulant des hypothèses. Dans un monde où les informations circulent en continu et où les opinions prolifèrent, ce travail de terrain est crucial. En permettant de vérifier les faits directement à leur source, cette démarche renforce la crédibilité et l’indépendance du journalisme. Car en l’absence de ce travail de terrain, on pourrait en effet reprocher aux journalistes de livrer une couverture déconnectée de la réalité. C’est pourquoi, même face aux critiques, la présence sur le terrain reste essentielle pour garantir une information de qualité, fidèle à l’événement et à sa complexité.
Cependant, il est important de noter que même sur le terrain, saisir une réalité globale peut s’avérer difficile. Les journalistes sont souvent confrontés à des contextes locaux, fragmentés, où chaque individu ou situation reflète une partie de la réalité, mais rarement l’ensemble. Le terrain offre une vision précieuse, mais essentiellement partielle, qui doit être complétée par d’autres sources, des analyses plus larges et une mise en perspective rigoureuse. Ainsi, le défi pour toute rédaction est de conjuguer ces observations directes avec une compréhension plus globale, afin de proposer une information équilibrée et représentative.
Quel est l’intérêt d’envoyer des équipes complètes aux USA à l’occasion des élections américaines ? Quelques journalistes avec de bons techniciens ne suffiraient-ils pas ? Le 18/20 d’Inter, les Matins de France Culture, etc. Il doit être possible d’établir de bonnes liaisons sans déplacer toute une équipe non ?? Je me dis que ça doit coûter très cher, quand en parallèle chaque week-ends et chaque période de vacances scolaires on se tape des rediffusions !! Je ne vois pas ce que ça apporte d’envoyer des équipes complètes (je l’ai déjà dit !)
Pourquoi votre journaliste s’est-elle rendue aux États-Unis seulement pour deux émissions et est rentrée à Paris avant l’élection ? On s’interroge sur la politique RSE de France Inter. Les correspondants de Radio France qui sont sur place auraient pu se charger de ces 2 émissions spéciales.
Quel est l’intérêt d’envoyer toute une équipe des matins pendant une semaine à Washington pour faire part de l’actualité des élections américaines ? Une semaine à Bruxelles pour les élections européennes ? Les interviews peuvent être préparées et réalisées par les correspondants et par visioconférence. Ma question est aussi celle du matraquage médiatique continu sur ces élections jusqu’à l’écœurement.
Votre journaliste remet cela, comme tous les quatre ans, une petite virée au « States » avec son équipe à l’occasion des élections là-bas, comme si, avec la flopée d’experts à Paris et les correspondants là-bas, nous n’avions pas suffisamment d’informations sur la situation politique américaine. Quelle peut être la plus-value d’une opération qui consistera à réunir autour d’une table, en Pennsylvanie ou ailleurs, quelques personnalités américaines, avec une traduction en simultané qui rendra leurs propos à peu près inaudibles ?
Est-ce vraiment justifié d’expédier toute une équipe aux USA pour recueillir l’avis de citoyens américains qui ne représentent qu’une infime partie des américains ?