Caroline Fourest, écrivain, journaliste et Camille Froidevaux-Metterie, philosophe, professeure de Sciences Politiques et romancière, étaient les invitées de l’émission Répliques sur France Culture ce 9 novembre. Les auditeurs ont plébiscité le débat mené par Alain Finkielkraut :
Merci de la qualité de cet échange, qui me permet de comprendre le propos de Caroline Fourest qui avait été dévoyé dans ce que j’avais entendu au sujet de son livre de la part de penseuses référentes pour moi. Je n’arrivais pas à croire qu’elle pouvait avoir fait les erreurs dont on l’accusait. Elle va dans la nuance, et dans le refus de vengeance dont nous, femmes, avons tant souffert. On ne résout rien avec la réciprocité. J’ai aussi découvert Mme Froidevaux-Metterie, qui m’apprend aussi bien des choses de l’articulation d’une pensée féministe actuelle. Je suis de celles qui ont vu nommer leur aspiration profonde dans le dernier mot du second tome du « Deuxième sexe » de Simone de Beauvoir : fraternité.
Résultat : je vais acheter et lire les livres de vos deux invitées, et je vous suis reconnaissante pour la qualité de cette controverse, pour ce que vous laissez être dit de ce qui n’est pas vous.
Une suggestion : ces droits que vous dites acquis, Monsieur, dans notre société française, ne le sont que pour les femmes issues de la haute bourgeoisie, et les quelques transfuges qui ont payé cher le voyage. Pour les autres, tout, je dis bien tout, reste à faire, quels que soient les efforts fournis de remise en question de leurs propres déterminismes. Je le sais, parce-que j’en suis. Et j’y reste, par non-choix, parce-que c’est plus dur que pour un homme dans la même situation, et avec ce que cela comprend de refus de compromission, parce-que cela me procure un sentiment d’intégrité, et parce-que j’ai de l’amour et de la solidarité à donner tout en bas.
Encore merci, merci, merci de faire vivre une telle qualité de controverse.
Je souhaitais vous remercier pour votre émission que vous avez su conduire de façon impartiale, permettant à vos invitées d’exprimer et de développer clairement et calmement leurs points de vue respectifs.
Quoique me situant intellectuellement plutôt du côté de Mme Fourest, je dois convenir que ce dialogue m’a permis de mieux comprendre le point de vue de Mme Froidevaux-Metterie dont l’article dans Le Monde m’avait paru relever davantage de l’anathème que de la discussion. Or l’anathème est sans doute contre-productif, renvoyant les parties qui s’estiment offensées à leurs certitudes. A cet égard, la comparaison internationale est intéressante et rappeler le combat des femmes iraniennes était nécessaire pour toujours souligner notre chance de pouvoir confronter librement nos opinions, mais, en ce qui concerne le sujet de l’émission, on peut également penser au récent résultat de l’élection américaine qui, selon une analyse intéressante, est le produit d’une révolte de la masculinité « outragée », particulièrement chez les jeunes hommes. Causes puériles, grands effets.
En vous remerciant pour votre travail et vous souhaitant la meilleure continuation à tous égards.
Votre émission sur Metoo est exceptionnelle comme beaucoup d’émissions récentes. Camille Froidevaux-Metterie a réussi à me convaincre alors même que je pensais être comme souvent plus proche de votre pensée, Alain Finkielkraut. Vous êtes au sommet de ce que l’on nomme dialectique ! Je vous écoute depuis 20 ans, aucune émission de France Culture n’est en mesure d’atteindre ce niveau réflexif ! Très longue vie à vous et respect absolu Monsieur Finkielkraut !
Émission très intéressante qui évoque un sujet essentiel qui traverse notre société. Que doit porter le féminisme ? Vision d’une intellectuelle, Caroline Fourest qui s’oppose à une vision militante. Deux prises de position probablement nécessaires. Même si le militantisme considère sa cause supérieure à tout autre considération. C’est ce qui ressort dans ces échanges.
Je tiens donc à remercier très très sincèrement Mme Fourest pour sa prise de parole courageuse, qui nous permet de rester vigilant aux discours militants, radicaux, quoi qu’en dise votre invitée professeure, même si le féminisme est absolument nécessaire. Je pense que la rigueur intellectuelle est devenue de plus en plus essentielle, à l’heure où la gauche se positionne bien trop souvent comme donneuse de leçon plutôt qu’en analyste de ce qui est juste et vrai. Passionnant.
Emission passionnante, comme toujours. Merci Monsieur Finkielkraut. Merci à Madame Caroline Fourest (très affûtée et nuancée toujours) d’avoir posé cette distinction essentielle entre « systémique » et « endémique ». D’avoir donc refusé d’essentialiser, comme l’on dit maintenant, les hommes. « LES » hommes n’existe pas, comme « LES » femmes n’existe pas. Je me suis toujours élevé, depuis mon adolescence, contre les généralisations. De même que LA femme n’existe pas, ni L’homme. Il y a DES femmes, DES hommes, c’est-à-dire de la diversité ; diversité tant vantée par les pseudo-féministes et qui passent leur temps à la nier en essentialisant. Contradiction qui devrait les pousser à réfléchir sur leurs propos.
J’ai subi dans ma vie la perversité et la violence physique de CERTAINES femmes. Dois-je en conclure qu’il faudrait « déconstruire » la culture des femmes, dois-je me mettre à penser, à partir de ma seule expérience mais aussi de quelques observations autour de moi, que LES femmes, d’une manière « systémique », sont perverses et violentes ?
J’ai toujours fui les groupes « de mecs » tellement, je dois l’admettre, les « mecs » entre eux forment, souvent, le creuset de propos et d’attitudes stupides et lourdes. Je me suis toujours senti beaucoup plus à l’aise et en confiance parmi des femmes, souvent, je dois l’admettre, plus intelligentes et plus fines, et parmi lesquelles j’ai connu le bonheur d’être facilement accepté. Je frémis désormais à la pensée que nombre de femmes polluées par l’essentialisation des hommes me regarderaient « systématiquement » comme un violeur en puissance, l’ennemi-homme A PRIORI. Cette sorte de déclaration de guerre me semble un bien étrange chemin de réconciliation apaisée.
Quant à la question du pouvoir, soyons sérieux, elle n’épargne personne. A observer certaines femmes en position de pouvoir, je ne leur ai pas perçu davantage de vertus qu’aux hommes dans ce cas. Le pouvoir piétine l’humanité, qu’elle soit d’homme ou de femme. Et l’on entend trop souvent l’esprit revanchard où il faudrait un combat pour l’équilibre.
Répliques est une émission remarquable par sa haute tenue et sa densité, je viens de la découvrir voici quelques semaines, j’espère que les résultats d’audience sont à la hauteur et que la direction de France Culture continuera d’ouvrir son antenne à des débats d’idées de ce niveau, bien trop rares dans les médias.
Je viens d’écouter le débat que vous venez d’animer entre Camille Froidevaux-Metterie et Caroline Fourest, et je voudrais vous remercier chaleureusement d’avoir permis de croiser ces deux regards sur le sujet brûlant, passionnant, mais aussi terriblement inquiétant de l’évolution du mouvement #MeToo.
Vieux boomer de 73 ans, je suis convaincu que la question du rapport entre les hommes et les femmes dans notre société est un sujet essentiel, culturellement et même anthropologiquement, et je me demande quelle société adviendrait si la radicalité de certaines féministes prévalait, si les jeunes générations l’adoptaient. Je ne le leur souhaite vraiment pas !
Bravo pour cette émission un peu vertigineuse ! Mais sans dérapage, avec votre précision et talent vous l’animez pour que se rencontrent deux pensées divergentes – convergentes pour un sujet délicat et important. Un espace précieux par les temps actuels.
J’ai écouté avec intérêt l’émission que j’ai trouvé fort intéressante. Et j’apprécie beaucoup Caroline Fourest. En ce qui concerne l’argument suivant : les hommes devraient ressentir de la honte, je tiens à souligner qu’il y a eu un article d’Elisabeth Roudinesco dans le Monde du 6 novembre, intitulé « Dominique Pelicot et ses coaccusés ne sont pas des hommes ordinaires ».
L’historienne de la psychanalyse estime, dans un entretien au « Monde », que faire du procès de Mazan celui de la masculinité ou du patriarcat, c’est méconnaître la nature perverse de ces crimes, révélée par les expertises psychiatriques. En tant que psychologue, je le trouve pertinent.