Depuis la rentrée, l’arrivée de Marie Labory à la tête des « Midis de Culture » est plébiscitée par les auditeurs. Ils s’interrogent fréquemment au sujet de la préparation de ces émissions. Elle est au micro d’Emmanuelle Daviet pour répondre aux auditeurs :

Emmanuelle Daviet : Vous incarnez désormais « Les Midis de culture » et ça plaît aux auditeurs. Ils saluent « votre capacité, je cite, à aborder des sujets avec gravité, intelligence et finesse en laissant vos invités s’exprimer pleinement sans chercher à prouver votre propre érudition ». Et c’est particulièrement apprécié. Ils aiment également « le ton et la qualité des interviews qui instaurent, disent-ils, un climat de confiance et de simplicité. Et cette nouvelle version des « Midis de Culture » est perçue comme un renouveau qui promet une année riche et stimulante à l’heure du déjeuner. » Alors on va dire que l’accueil est franchement très positif. Que vous inspire ces messages chaleureux Marie Labory ?

Marie Labory : Je suis d’abord étonnée et totalement ravie, évidemment. C’est génial de très vite rentrer en connivence avec son public. Je suis vraiment très heureuse.

Emmanuelle Daviet : On connaît les audiences de la chaîne depuis hier, est-ce qu’on peut en dire un mot ?


Marie Labory : Oui, les audiences de la chaîne, globalement de France Culture sont très bonnes puisque pour la première fois, Culture dépasse les 2 millions d’auditeurs. Et puis les Midis de Culture font +27 % sur un an, c’est à dire +130 000 auditeurs. Donc c’est vraiment très bon, on est ravi.

Le choix des sujets

Emmanuelle Daviet : Alors venons en aux questions des auditeurs. Votre émission mêle critiques, entretiens et découvertes artistiques. Comment choisissez-vous les sujets ou les invités avec votre équipe ?


Marie Labory : Alors vous faites bien de dire « avec votre équipe » parce qu’on est une grosse équipe en fait. Il y a trois programmateurs qui travaillent sur une quotidienne, donc c’est énormément de travail en amont, très en amont. Donc c’est toujours des discussions entre nous, avec une volonté d’être assez éclectiques sur les thèmes et les arts qu’on va traiter. Pour la partie entretien, c’est assez long, c’est une interview d’une demi heure, donc on a besoin d’avoir des gens qui ont déjà quelque chose, une carrière qui a déjà commencé à débuter pour qu’on puisse travailler sur leur évolution, qu’on puisse faire référence à ce qu’ils ont fait précédemment, voir dans quel courant ils s’inscrivent à présent. Donc voilà, il faut des gens qui sont un peu installés. C’est dans la partie critiques qu’on va plus pouvoir se permettre d’aller sur des choses plus émergentes, des prescriptions d’art ou d’expositions ou de musique que le public ne s’attend pas forcément à entendre.

Emmanuelle Daviet : Donc c’est comme ça que vous créez un équilibre entre des œuvres ou des personnalités très connues et des découvertes plus confidentielles ?


Marie Labory : Oui, exactement. C’est comme ça qu’on travaille en essayant d’être attentifs à ce qu’il y ait toujours un équilibre. C’est le but du jeu et après c’est encore une fois, c’est une émission d’actualité culturelle, donc qui est amenée à se faire écho de l’actualité. Voilà, on est quand même là pour pour rendre compte de la vivacité au quotidien du monde culturel.

Emmanuelle Daviet : Alors précisément, France Culture réaffirme son rôle de prescripteur culturel avec cette émission. Comment ressentez-vous cette responsabilité dans votre travail quotidien ?

Marie Labory : Alors j’essaye de ne pas trop y penser. Si on pense trop à ce qui repose sur nos épaules, c’est inquiétant. Là où on a une responsabilité, c’est de bien traiter les gens qu’on invite. Ce sont des artistes, donc ce sont des gens qui mettent de leurs tripes sur le plateau ou sur leurs albums. Notre but, c’est vraiment de faire en sorte qu’ils puissent venir s’exprimer en sécurité, avec bienveillance.

Emmanuelle Daviet : « Y a-t-il une discipline culturelle ou un genre artistique que vous aimeriez mieux faire découvrir à travers l’émission ? » demande un auditeur.


Marie Labory : Non, dans la mesure où je pense qu’on essaye de traiter déjà à peu près tous les arts et toutes les pratiques. Ce à quoi on tient, encore une fois, c’est un équilibre. C’est à dire que, par exemple, la bande dessinée, pour prendre cet exemple, c’est un art qui est un peu moins représenté en général, je parle sur toutes les chaînes, sur tous les médias. Nous, notre but, c’est de traiter la bande dessinée ou le manga par exemple, avec autant de sérieux, autant de rigueur et autant d’intérêt et d’enthousiasme que les arts, les arts visuels ou le spectacle vivant.

Emmanuelle Daviet : Question d’une auditrice : « Y a t il des œuvres ou des personnalités culturelles qui vous ont particulièrement marquées récemment ? »

Marie Labory : Alors, toujours, je ne vais pas m’amuser à citer parce que ce serait un peu injuste. Mais ce que je voudrais dire, moi, c’est que je suis toujours extrêmement émue, je m’en rends compte, quand j’ai les gens en face de moi, parce qu’avant de les avoir en face de moi, on travaille sur leur travail, je lis leurs biographies, je regarde ce qu’ils ont fait, je suis allé voir leur spectacle, j’ai vu leurs films. Et puis tout d’un coup, j’ai une personne de chair en face de moi qui a pris tous les risques pour arriver là. Et je suis très émue de les voir me faire confiance, me donner comme ça en pâture leur histoire. Là, j’ai une très grande responsabilité. L’art, le milieu de l’art, ça vient souvent quand même d’une fragilité qu’il ne faut pas abîmer. Ce sont des gens qui ne nous font pas de mal, qui nous font du bien plutôt. Donc donc c’est ça moi qui m’émeut et qui m’émeut quasiment au quotidien dans cette émission.

Emmanuelle Daviet : Alors on termine avec une question. Un auditeur nous dit : « moi le weekend je lis un livre, je vais au cinéma ou je vais au spectacle. Que fait Marie Labory ? Elle travaille ? »


Marie Labory : Elle travaille pas mal parce que Marie Labory, elle débute un peu à la radio et elle débute en plus dans cette émission. Donc pour l’instant elle est encore un peu laborieuse, Labory est laborieuse. Je trouve le temps quand même de m’échapper, dans ces cas là, je vais aller au cinéma et ou voir une exposition, mais pour l’instant, je suis encore un petit peu à ma table.