La contestation sociale qui se poursuit, les casseurs de plus en plus violents, les forces de l’ordre cibles privilégiées, la situation en France reste complexe et les positions de nombreux auditeurs très tranchées. Conséquence : le médiateur continue d’être assailli de messages, souvent contradictoires, mais également d’une grande intolérance.

Alors que cette saison radiophonique s’achève, la contestation sociale rejoint le palmarès des sujets clivants à réactions enflammées, voire violentes. Exactement comme lorsque nous évoquons le conflit israélo-palestinien, les migrants ou le Front national…

Les auditeurs qui écrivent au médiateur à propos de la situation sociale sont le plus souvent d’une incroyable intolérance. Nombreux sont ceux qui voudraient interdire à leur radio préférée de diffuser des interviews ou des reportages qui n’aillent pas dans le sens de leur opinion. On n’est finalement pas loin de « rêver » d’une dictature dans laquelle un seul point de vue peut s’exprimer.

Le « rêve » d’une dictature

Les journalistes se font accuser de manquement à la déontologie, de parti pris, de propagande, etc. Simplement parce qu’ils ont raconté des faits qui ne vont pas dans le sens souhaité par les uns ou qu’ils ont invité des personnalités ou des spécialistes qui ont une autre opinion que la leur.

« Vu la tribune accordée sur cette radio publique à la CGT, on est en droit de se demander si les journalistes (cégétistes) n’ont pas quelque peu oublié la déontologie propre à la profession ». « Vous laissez le premier ministre analyser la manifestation de la veille. Cette propagande d’Etat payée par mes impôts fait en sorte que la démocratie qui m’est cher n’a que peu de valeur pour vous ». Deux messages parmi des dizaines d’autres qui montrent que, pour les uns, il est scandaleux de faire entendre la voix de la CGT, fer de lance de la contestation et, pour les autres, le gouvernement, contesté par les manifestants, devrait être interdit d’antenne. Et cela, paradoxalement, au nom de la… démocratie.

C’est ça, la démocratie…

Non, la démocratie, et les valeurs journalistiques qui l’accompagnent (et en sont les garants), c’est justement le fait de pouvoir faire entendre toutes les opinions, de pouvoir raconter librement tous les faits. A chacun, ensuite, de se faire sa propre idée… Sur les antennes de Radio France, on peut entendre des leaders syndicalistes anti ou pro-loi Travail, des manifestants, des chefs d’entreprise, des ministres, des représentants des policiers, des commerçants, on peut se faire une idée de ce qui se passe à l’étranger avec des reportages de nos correspondants sur les différentes législations du travail, on peut intervenir dans des émissions interactives. C’est cela la démocratie : accepter que chacun puisse s’exprimer, même s’il n’est pas du même avis, s’ouvrir à ce qui se passe ailleurs et discuter en respectant les opinions des autres…

Je sais, c’est humain, quand on défend une idée, une opinion, une conviction, on a parfois du mal à accepter la contradiction et à entendre des avis divergents, Mais ce n’est pas parce que les journalistes font leur travail et donnent la parole à chacun qu’ils sont des « vendus », des « complaisants » ou des « propagandistes »…

 

Bruno DENAES

Médiateur des antennes