Merci Jean-Claude Ameisen pour votre belle émission d'aujourd'hui.
On est édifié par la force, la détermination et la douceur de la jeune Malala Yousafzai. Le retour sur les survivants de la seconde guerre mondiale nous remet en mémoire leurs souffrances et leurs espoirs en l'humanité.
Mais comment y croire puisque suite à la "Der et Der" et "Plus jamais ça", force est de constater que les grands hommes et femmes qui ont participé, par leurs luttes pacificistes et actives, à faire évoluer les consciences de leur temps ne suffisent pas à éloigner durablement les affres de la guerre, de la terreur, de l'exploitation des enfants, de la haine d'un groupe contre un autre....
Le discours de Victor Hugo nous semble tellement a propos malgré les 140 ans qui nous séparent de sa rédaction. N'est-ce pas le signe que ce genre de nobles idéaux ne peuvent apparaître que dans l'après coup, lorsque la violence est déjà là, qu'elle a déjà blessé et vaincu quelque chose en nous ?
La beauté poignante du poème de Paul Eluard nous remet juste devant nos faiblesses et notre impuissance : beauté, poésie, liberté, élévation des sentiments et de l'âme, compassion.... Tout cela ne serai-ce qu'un reflex de survie pour sublimer la souffrance et l'impuissance des victimes et donner le sentiment d'être bons à ces gens assemblés à l'ONU ou à la remise des prix Nobel, à la façon que décrit Camus, dans "la chute".
Ne pas céder à la haine, à la colère, lutter envers et contre tout pour des idéaux positifs... Mais au fond pourquoi, puisque tôt ou tard tout recommence ?
Si la haine est la colère des faibles, la compassion est-elle la résilience des victimes ?