Des auditeurs interpellent régulièrement le Médiateur à propos de faits divers qui, disent-ils, n’ont pas leur place sur France Culture, que ce soit dans les journaux ou dans les émissions. « Les faits divers ne sont pas dignes de votre radio », lance Jean. Et François ajoute : « Préservez la trilogie à laquelle je tiens : ni pub, ni sports, ni faits divers ». Emmanuel Laurentin, qui a consacré toute cette semaine sa « Fabrique de l’Histoire » à ces fameux faits divers, est au micro de Bruno Denaes.
La définition de « faits divers ».
C’est du jargon journalistique dans lequel on met un peu de tout. Le fait divers est d’abord un fait social, un fait médiatique. Exemple : « les canards sanglants au 19ème siècle », la mise en ordre du social, pour dire au bout du compte ce qui est licite, ce qui ne l’est pas, ce qui est tolérable, ce qui ne l’est pas. Pourquoi « faits divers » ? Divers, car on ne peut les ranger dans aucune autre catégorie (ni politique, ni économique…).
Le fait divers ne serait pas digne de France Culture, comme nous le dit Jean ?
Le fait divers peut révéler de vrais sujets de société. Il peut révéler des pans de société totalement méconnus de la plupart d’entre nous. Il n’y a pas de fait divers sans révélation médiatique.
Lorsqu’un fait divers dit quelque chose du social, même dans un journal de France Culture, il peut être révélateur et passer au crible de la connaissance, du savoir avec des historiens, sociologues…
Dans l’émission du 5 janvier, Emmanuel Laurentin recevait Ivan Jablonka, prix Médicis 2016 avec son livre-enquête passionnant sur l’horrible meurtre, en 2011, d’une jeune fille de 18 ans, Laetitia (c’est aussi le titre de l’ouvrage). On pénètre dans une réalité sociale à peine imaginable, mais malheureusement pas unique (père violent, maltraitance, foyers d’accueil, famille d’accueil, dont le père pratique des attouchements sexuels, même réalité pour l’assassin). Yvan Jablonka n’est pas journaliste, mais historien. Ce fait divers a eu un écho politique avec Nicolas Sarkozy qui était intervenu à deux reprises pour en tirer des leçons et des bénéfices politiques.
En fait, refuser de s’intéresser aux faits divers révélateurs d’une réalité sociale, c’est un peu vouloir continuer à vivre dans une bulle confortable. Si les journalistes travaillaient moins dans l’urgence, et avec plus de distance et de profondeur, le fait divers serait peut-être moins rejeté par les auditeurs.
Pourquoi la « Fabrique de l’Histoire » s’est-elle intéressée aux faits divers ?
A cause du phénomène Ivan Jablonka, prix Médicis 2016 avec son livre-enquête sur l’affaire Laetitia et une nouvelle lecture de ces questions de faits divers vue au prisme de la naissance des médias modernes au 19ème siècle.