Le franglais est un français où l’influence du lexique et de la syntaxe anglaise est prédominante comme l’indique le dictionnaire Le Larousse : « Etat de la langue française caractérisée par l’introduction excessive de néologismes et de tournures syntaxiques d’origine anglaise ».
Des excès signalés chaque semaine par des auditeurs lassés, exaspérés, indignés par ce qu’ils qualifient de maltraitance de la langue française sur des antennes de service public. Leurs remarques sont-elles fondées ou relèvent-elles d’une perception erronée ? Chacun jugera, en prenant connaissance des mots anglais repérés par nos auditeurs sur les différentes chaînes de Radio France. En voici la liste ici :
After school, Baby crash, Background, Bashing, Benchmark, Best of, Best-seller, Biopic, Blind test, Blockbuster, Blue monday, Black friday, Booster, Border, Borderline, Brainstorming, Branding, Briefing, Broadcast, Burn-out, Business, Buzz, Call center, Call room, Cancel culture, Care, Cash, Casting, Challenge, Checker, Click and Collect, Cluster, Coach, Cold case, Come back, Coworking, Crash, Data, Deadline, Deal, Dealer, Debriefing, Debunking, Deceptive, Devaste, Digital, Digitalisation, Dispatcher, Distanciation sociale, Dress-code, Drive, Drive-in, Dry january, Fact checking, Fake, Fashion, Feel-good, Gap, Global impact, Green pass, Greenwashing, Guest star, Hashtag, Hotline, Hotspot, Impacter, Jingle, Job, Juste, Kit, Light, Listing, Live, Locker, Loser, Low cost, Mainstream, Makes, Manager, Marketing, Meeting, Newsletter, Old school, On time, One shot, Open space, Overbooker, « Pass » sanitaire, Pitch, Player, Playlist, Plug-and-play, Podcast, Prime-time, Process, Punch line, Regulation, Replay, Rooftop, Running, Scoop, Secure, Short list, Sitcom, Shutdown, Smile, Spamer, Sponsor, Staff, Start up, Streaming, Stress, « Sur comment » versus « on how », Talk, Talk-show , Team, Testing, Think Tank, Thread, Timing, Tracing, Tracking, Trend, Usual Suspect, Viewer, Wishful Thinking, VIntage, Wording.
Et une sélection de messages d’auditeurs reçu par la médiatrice :
Je suis plus que scandalisée de ces mots anglais qui envahissent notre langue, la langue française est en perte totale d’existence au détriment de nos ancêtres, le franglais est omniprésent. C’est une véritable perte d’autonomie puisque l’anglais remplace le français.
« Newsletter », « live », « email », « replay », quelle langue parlez-vous ? Osez-vous encore prétendre que vous êtes un organe officiel de notre pays ? Tous ces mots, et la floppée des termes globiches ou anglolaids que vous martyrisez sans, j’imagine, en connaître le sens premier, ont leur exact équivalent dans notre langue, parfois depuis des siècles. Attention, vous allez, si vous ne le faites déjà, penser globiche et nous faire perdre notre identité, notre culture, notre mentalité.
Votre journaliste devrait respecter la langue française et le cahier des charges du CSA sur ce sujet : personne ne l’oblige à promouvoir le mot « one shot » (que ne comprennent pas tous les auditeurs…) !
Le même jour, j’ai entendu 9 fois prononcé le verbe « booster » sur votre onde. Voici des synonymes dans notre langue si riche : stimuler, augmenter, encourager, amplifier, agrandir, étendre, animer, dynamiser, relancer, faire fructifier, fortifier, donner de l’élan, renforcer, revigorer, accentuer, inciter, promouvoir, réconforter. Si ça peut aider dans l’espoir d’adoucir le son qui atteint nos oreilles. Merci par avance. Bien à vous.
Pourriez-vous sensibiliser vos journalistes à l’emploi abusif de certains anglicismes tel que celui de « dispatcher », qui est employé à tour de bras… Je vise par exemple les chroniques sur l’Euro 2021 ce vendredi 11 juin où ce terme a été largement utilisé. Ce n’est pas la première fois que j’entends vos journalistes être incapables d’utiliser des termes de « répartir », « distribuer »… Merci de votre attention.
N’est-il pas possible que les intervenants de nos émissions emploient des mots français : ça fait un quart d’heure que j’entends le mot « borderline » alors qu’il existe un terme français pour désigner les personnes atteintes de cette maladie !
Ce matin, votre intervenant a utilisé le terme « cancel culture », sans traduire. La langue française a des substituts à cette expression principalement américaine : lynchage médiatique, culture de la dénonciation, du bannissement, de l’ostracisation, etc. Je vous suggère d’imposer les mots français qui existent, mais ce serait moins chic, je suppose.
Aujourd’hui, votre journaliste reçoit deux femmes scientifiques, l’une explique que si dans les sciences dures on trouve peu de femmes, en biologie, médecine, etc, c’est le contraire. Le journaliste intervient : « les sciences du CARE… ». Pour moi, c’est tout simplement un manque de respect envers les auditeurs.
J’admire la qualité de votre émission et votre faculté à l’animer quel que soit le sujet, mais je m’interroge cependant sur le remplacement de termes courants par des termes anglais (toujours anglais). « Cluster » est en anglais un terme très banal et générique, qui signifie diverses choses selon le domaine dans lequel il est employé ; il ne signifie pas nécessairement « foyer », sauf dans la bouche des épidémiologistes. Et si vous vous sentez obligée de compléter le terme tout aussi banal « foyer » par le terme « épidémique », on ne comprend pas bien pourquoi vous ne faites pas la même chose avec « cluster ». Bref, le terme « cluster » n’apporte rien de plus que « foyer », et même si c’était le cas, il conviendrait cependant d’utiliser un terme de votre langue et celle de vos auditeurs.
En matière d’affaires judiciaires l’emploi de l’expression « cold case » en lieu et place « d’affaire non-élucidée » se généralise sur les ondes du service public. Encore une manifestation du « snobisme » d’un milieu médiatique parisien fermé sur lui-même et hors-sol qui impose de fait au pays ce qu’il pense être un « modernisme langagier inexorable »…
Je n’ai qu’une question ! Pourquoi le terme de « Deadline » et non « Date butoir ». Encore cette manie désastreuse pour la langue française ! Privilégier le mot anglais alors que le mot français existe.
Le terme « digital » (et ses variantes) est devenu couramment synonyme de numérique. Pour moi, ce qui est digital ne devrait s’appliquer qu’aux doigts, sans plus. En anglais, « digit » veut dire nombre. Par une espèce de paresse intellectuelle, on utilise le mot anglais, ce qui introduit souvent une imprécision. Par exemple « challenge » pour défis, « supporter » pour soutenir, etc. C’est plus grave quand ces « assimilations » vont jusqu’à rendre peu clair un discours, par exemple quand on parle de « régulation » (regulation = règlementation en anglais) on ne sait plus exactement si on parle vraiment de maintenir un paramètre à un niveau donné (le vrais sens français) ou règlementation. Liste non exhaustive…
A chaque fois que j’entends le mot « impacter », j’ai les oreilles qui saignent. Que l’on entende ce mot horrible en entreprise par des managers inconsistants, passe encore, mais des journalistes de Radio France, non !! Ce mot n’est pas français et désigne très mal ce qu’il est censé évoquer. Merci de dire à vos journalistes d’employer à la place « affecter », « a une incidence sure… ».
A la rédaction de Radio-France : « newsletter », « live », « email », « replay », quelle langue parlez-vous ? Osez-vous encore prétendre que vous êtes un organe officiel de notre pays ? Tous ces mots, et la floppée des termes globiches ou anglolaids que vous martyrisez sans, j’imagine, en connaître le sens premier, ont leur exact équivalent dans notre langue, parfois depuis des siècles. Attention, vous allez, si vous ne le faites déjà, penser globiche et nous faire perdre notre identité, notre culture, notre mentalité.
J’ai écouté votre invité politique à qui on pose la question du « benchmark », d’évidence, j’attends une explication sur ce terme et rien. Certes, vous avez une fonction d’information, de réflexion, d’éveil du sens critique, mais vous ne savez pas qui vous écoute, et l’important c’est que vous ne restiez pas dans « l’entre soi », l’important c’est que même si on n’a pas la même culture langagière qu’on ait envie de continuer à vous écouter. Risquer poliment une explication ne me choquerait pas, ce mot ou cette notion reste encore une énigme pour moi. Quand les choses ne sont pas nommées cela entretient une sorte de confusion.
Quelles que soient les informations, est-il possible d’utiliser la langue française et non des expressions anglaises qui deviennent de plus en plus nombreuses ?
Je viens d’entendre le journal de 13h. Il a été question de « tracing », retrotracing. Voilà un bel exemple du snobisme anglo-maniaque que l’on constate à longueur d’émissions radio (et télé bien sûr). Je signale que les mots français « traçage » rétro traçage convenaient tout à fait.
Les experts qui vous conseillent devraient aussi faire l’effort de ne pas sacrifier le français au profit de ce sabir anglophone.