Félicitations pour la « meilleure matinale 2020 ». Vous m’accompagnez tous les matins sur mon trajet domicile/travail entre 7h et 8h. Les chroniques ponctuent mon trajet d’une heure et je sais exactement en fonction des chroniques et du lieu où je me trouve si je suis en avance ou en retard !! Mais (comme dirait Alex Vizorek, l’important est ce qui suit le « mais »), depuis quelques jours, je réagis à une formulation que vous utilisez : vous avez parlé à plusieurs reprises du procès des attentats de Charlie ! Alors oui, je sais que Charlie Hebdo a été le plus touché par les attentats, oui je sais que vous avez été directement touchés (parce que Bernard Maris, parce que des journalistes …) mais pensez aux familles des autres victimes, celles de Montrouge et celles de l’Hyper Cacher (je n’en suis pas). Chaque fois que j’entends « les attentats de Charlie » je pense aux autres victimes et je pense à leurs familles qui vous écoutent. Alors s’il vous plaît, dites plutôt les attentats de janvier 2015 ou les attentats de Charlie, Montrouge, Hyper Cacher (je sais c’est long)….

Pourriez-vous éviter de prononcer toute la journée le nom de ceux qui ont commis les attentats…? C’est leur faire trop d’honneur… Les « assassins » est le terme que vous pouvez employer… une auditrice un peu exaspérée.

Franceinfo nous impose ce matin d’écouter et réécouter la bande son de l’assaut à l’Hyper Cacher de janvier 2015 parce que le procès des attentats de ce mois de janvier commence. Cette bande son ne nous apporte aucune information… sauf de faire peur. C’est du sensationnalisme morbide. Franceinfo ne doit pas alimenter le climat ambiant qui fait monter la peur ou le sentiment d’insécurité dans la population française. Au contraire, Franceinfo doit résister et garder mesure et objectivité sur les faits même les plus violents.

Durant le 13/14, il y a chaque jour des témoignages sur les attentats de Charlie. Le présentateur annonce à chaque fois « le feuilleton ». Ce terme n’est pas opportun pour un tel événement et la mémoire des morts. Puisqu’il s’agit de témoignages, appelez cela témoignages tout simplement… ou récit… ou trouvez un terme plus adapté.

Pendant l’été nous avons pu bénéficier d’un répit relatif sur les sujets d’actualité hyper traités.
De retour de vacances voici que les deux sujets d’actualité annoncés comme étant les deux séries de la rentrée a suivre quotidiennement (voire plus) sont…
1) La covid et sa propagation (sans aucune mise en relief des chiffres de contamination journaliers, des stratégies générales développées…) Jusqu’à écœurement poussant à couper le poste radio.
2) le prélude puis le suivi journalier du procès des attentats de janvier 2015. Bien que ce procès doive être couvert pour la mémoire des victimes et de leurs familles, le fait d’en faire un feuilleton journalier, notamment plusieurs minutes à chaque page d’information, va vraisemblablement de nouveau faire de la pub aux terroristes, montrant qu’en définitive c’est une manière efficace de passer aux infos…

Bonjour Sonia,
Je vous ai écouté hier – et vous écoute toujours avec plaisir – à propos du procès des auteurs ou complices des attentats de janvier 2015.
Vous utilisez plusieurs fois le mot de « bourreaux » à propos de personnes qui sont pourtant des assassins. A mon sens, le mot « bourreau » s’emploie pour quelqu’un qui exécute une sentence suite à un jugement.
Dans le cas qui nous occupe, il ne s’agit en aucun cas de cela mais bien d’assassins avec préméditation ; si toutefois il y a eu méditation ! (ha, ha !).
Cela ne nous ramènera pas les mortes et les morts mais la précision des mots aide parfois à apaiser les douleurs.
A part ça, merci pour votre enthousiasme.

La médiatrice vous répond :

Chères auditrices, chers auditeurs,

D’après le Robert, le terme « bourreau » est polysémique. Le mot désigne à la fois « les peines corporelles ordonnées par une cour de justice » mais peut aussi s’employer pour une « personne qui martyrise quelqu’un physiquement ou moralement« . Il est donc tout à fait correct de qualifier les auteurs et complices des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher de « bourreaux ».

Emmanuelle Daviet, médiatrice des antennes

Marre d’entendre les noms de ceux qui ont perpétré ces assassinats !! Ils ne méritent pas non plus des portraits dans le Monde.

Je découvre ce jour un article sur le site internet de FranceInfo intitulé : « RECIT. « UNE COURSE CONTRE LA MONTRE » : DE « CHARLIE HEBDO » À L’HYPER CACHER, SUR LES TRACES D’AMEDY COULIBALY ». Je ne l’ai pas lu et ne le lirai pas. Plus encore, je vous demande de ne plus faire de tels reportages nominatifs sur des criminels terroristes. La première ministre de Nouvelle-Zélande a montré l’exemple. L’infâme meurtrier de Christchurch est reste sans nom, sans visage, sans histoire. Il a été condamné sans tapage a la prison à vie sans libération conditionnelle, et il ne servira de modèle a aucun faible d’esprit ou asocial qui aurait tendance à se transformer en terroriste. C’est la voie à suivre qui a été montrée là. Ces monstres dans leurs actions cherchent non seulement à créer la terreur, mais aussi veulent et réussissent à servir de modèle pour d’aussi fous qu’eux. La solution est de les envelopper de silence, de les effacer de la société de laquelle il se sont exclus, de ne publier ni leurs noms, ni leur visage, ni leur histoire, rien. Le silence. Faites des articles détaillés sur les victimes et leurs proches, leurs difficultés, les conséquences de leurs malheurs. Ça oui. Pour ces criminels, la fosse commune sera juste ce qu’il leur conviendra. « Par cet acte terroriste, il recherchait beaucoup de choses, mais l’une d’elles était la notoriété », a dit Jacinda Ardern aux parlementaires rassemblés en session spéciale. « C’est pourquoi vous ne m’entendrez jamais prononcer son nom. C’est un terroriste. C’est un criminel. C’est un extrémiste. Mais quand je parlerai, il sera sans nom. » « Je vous implore : prononcez les noms de ceux qui ne sont plus plutôt que celui de l’homme qui les a emportés. » Je vous invite à vous appliquer cette règle. Oubliez un moment le sensationnalisme, la première place à l’audimat. Vous avez la voix qui porte, exercez votre responsabilité.

France Inter annonce sans cesse depuis le 24 août sa couverture du procès des attentats de Charlie-Hebdo en mettant en avant les témoignages de rescapés. De même votre journaliste au début de son journal de 13h. Mais quelle déception : les témoignages de S. Vinçon et M. Catalano ont été saucissonnés de façon à durer, durer jusqu’à la fin du procès ? Quel intérêt pour l’auditeur ? Pour les témoins eux-mêmes ? Cela ressemble beaucoup à du teasing, méthode commerciale pratiquée pour attirer le chaland ! Pourquoi France Inter n’a-t-elle pas fait une bonne émission sur une heure ?

J’écoute le Mr invité qui attaque la gauche, Danièle Obono etc…et je suis assez dégoutée… surtout dans le contexte actuel.
Alors qu’il faudrait réfléchir aux mécanismes qui amènent des jeunes au terrorisme (cf quand même le profil des frères Kouachi), vers une idéologie pas tombée du ciel, soutenue et financée par des pays dont nous sommes les alliés…mais de cela chut ! Tout comme on peut toujours commémorer l’holocauste sans réfléchir aux mécanismes qui ont porté les nazis au pouvoir (et les soutiens médiatiques, institutionnels et financiers qu’ils ont eu)…
Il est vrai que c’est plus facile d’attaquer la gauche… que de penser l’histoire… et pourtant, c’est la seule façon d’éviter les catastrophes que d’apprendre aux jeunes à penser et à critiquer…

Comment France Culture peut parler de provocation à propos de la décision de Charlie Hebdo de publier à nouveau les caricatures de Mahomet… Cela ne peut figurer même pas sous forme de question. Pas ça, pas vous. « Nous ne nous coucherons jamais. Nous ne renoncerons jamais ». A la veille du procès de l’attentat ayant visé l’hebdomadaire, Charlie Hebdo republie les caricatures de Mahomet qui en avaient fait une cible des jihadistes. Courage ou provocation ?

Ce matin du 2 septembre, début du procès Charlie, Claude Askolovitch s’est fendu d’une revue de presse  »spéciale Charlie ». Bonne idée ? Pas évident à l’écoute. Certes M. Askolovitch est Charlie jusqu’au bout des ongles, croix de bois croix de fer, mais dans la catégorie  »je suis Charlie MAIS… ». Après nous avoir rappelé quelle horreur avait été ce massacre il s’est permis des jugements très déplacés sur le Charlie du jour, est-ce bien raisonnable de republier ces dessins ? Et ce sondage qui manque de nuances, c’est pas bien de se moquer des religions ça peut blesser des gens honnêtes pratiquants… Est-ce normal d’entendre ça ce matin-là sur France Inter ?

Ce moment tragique résonne d’une manière toute particulière en moi. À la maison le jour des attentats à Charlie Hebdo, j’ai entendu France Inter égrener le nom des victimes au fur et à mesure… Chacun d’entre eux m’a secouée de sanglots. Entre colère et chagrin immenses. Puis le 11 janvier 2015, je fêtais mes 44 ans. Être dans la rue, parmi ces millions de Français dans les rues ce jour-là, était une émotion faites de vagues successives difficiles à définir…

A la suite de votre écoute depuis 1,5 semaine à 2 semaines, j’ai remarqué que vous aviez consacré beaucoup de temps à parler du terrorisme et plus particulièrement des attentats de Charlie hebdo et de l’Hyper Cacher. Je suis bien conscient que cette tragédie a marqué un grand nombre de personnes et j’en suis le premier désolé pour toutes les victimes. Cependant quand on sait qu’aujourd’hui la pollution dans le monde fait 800 fois plus de morts que le terrorisme, vous avez bien lu : 800 fois plus. Pour assurer une équité en fonction de l’importance de de l’information, il faudrait donc que dans les prochains mois voir dans les prochaines années vous ne parliez que de la pollution de la nature et ses conséquences. Si on garde le ratio c’est sur les 30 prochaines années qu’il faudra en parler et ce tous les matins. Par ailleurs on parle aussi beaucoup du COVID-19 qui a fait 863 535 décès depuis le 31/12/19 dont 182 183 en Europe. Or rien qu’en Europe il y a 800 000 morts par an dû à la pollution… Il faut alors recentrer le débat sur les sujets majoritaires qui ne sont aujourd’hui pas assez médiatisés pour bien informer les citoyens. Dans quelques temps la crise économique sera plus importante que cette crise sanitaire et la crise écologique écrasera toutes les crises dont vous parlez aujourd’hui. Il est même possible que vous ne puissiez plus du tout en parler car l’effondrement de la civilisation sera arrivé bien avant. Vous devez absolument prendre vos responsabilités aujourd’hui qui doivent être historique et inédite. Merci de faire le nécessaire et bonne continuation.