Cette semaine, les messages des auditeurs au sujet de l’actualité internationale sont nombreux. Ils nous écrivent à propos de la série d’explosions au Liban ou sur le podcast « Guerre en Ukraine ». Franck Mathevon, directeur de la rédaction internationale de Radio France est au micro d’Emmanuelle Daviet pour répondre aux questions des auditeurs.
Emmanuelle Daviet : Le Proche Orient suscite un abondant courrier depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas et cette semaine en particulier avec ce qui s’est produit au Liban, des auditeurs s’interrogent et une thématique revient très souvent dans leur courrier. Je vous lis l’un d’entre eux : « Après les attaques via bipeurs et talkies walkies, causant des milliers de blessés et plusieurs dizaines de morts, comment se fait-il que les journaux de FranceInfo ne parlent pas de terrorisme, mais seulement d’attaques ? »
Franck Mathevon : Alors c’est une excellente question que pose cet auditeur. En fait, c’est lié à la définition du terrorisme. Les experts sont très divisés sur cette question, sur ce sujet. Pour beaucoup d’entre eux, un Etat ne peut pas être l’auteur d’une attaque terroriste. C’est uniquement le fait d’une organisation telle que le Hamas, par exemple, pour les massacres du 7 octobre l’an dernier. Mais ça ne peut pas être le fait d’un Etat. Évidemment, ce sujet est discutable. Un débat peut tout à fait s’instaurer à ce propos. Il ne fait pas de doute qu’Israël a voulu semer la terreur au sein de la population libanaise et en particulier au sein de la population du Hezbollah. Ce groupe chiite qui lui est hostile. Maintenant, on peut aussi estimer, et ce serait sans doute le point de vue israélien, que Israël, par cette attaque qui n’est pas encore officiellement attribuée par ailleurs. Mais on peut supposer qu’elle l’est, qu’Israël, par cette attaque, a visé des combattants du Hezbollah, des militants, des hommes possiblement armés à minima des réservistes, et que, par conséquent, il ne s’agit pas d’une attaque terroriste. Mais je suis tout à fait conscient qu’il peut y avoir un débat à ce sujet.
Emmanuelle Daviet : Comment continuez-vous à respecter le principe d’équilibre auquel sont très attachés les auditeurs pour évoquer cette guerre et envisagez-vous une couverture spéciale le 7 octobre prochain ?
Franck Mathevon : Alors, on est extrêmement vigilants sur la couverture de ce conflit. On l’est et on l’a toujours été évidemment, à Radio France, à Franceinfo en particulier. On l’est depuis le 7 octobre. On sait que c’est un sujet extrêmement sensible. Donc, pour nous, c’est indispensable d’être présent sur tous les terrains, d’être présent en Israël, d’être présent dans les territoires palestiniens, en Cisjordanie mais aussi actuellement au Liban. On a donc envoyé des équipes sur place, à la fois en Israël et au Liban. Cette semaine, évidemment, il y a une difficulté, c’est qu’on n’est pas présent à Gaza. C’est impossible. Israël nous interdit une présence de journalistes à Gaza. Donc on essaye de couvrir à distance ce conflit. Mais évidemment, on veut être le plus objectif possible. Et oui, pour la date anniversaire du 7 octobre, on aura un dispositif spécial sur franceinfo et on sera évidemment en direct du terrain avec beaucoup de reporters déployés dans la région.
Emmanuelle Daviet : Autre guerre qui est fréquemment évoquée dans les courriers des auditeurs nous écrivent pour savoir si le podcast consacré à l’Ukraine se poursuit en cette rentrée. Un auditeur nous dit « J’apprécie beaucoup la qualité des reportages, des témoignages et l’implication de vos journalistes et des fixeurs sur le terrain. » Alors ce podcast, depuis son lancement, a fait l’objet de beaucoup d’éloges. Continuez-vous à le produire ?
Franck Mathevon : Alors d’abord, merci à cet auditeur et à tous les auditeurs qui ont été fidèles à ce podcast produit par la rédaction internationale de Radio France. On ne produit plus ce podcast depuis cet été parce qu’on craignait de ne pas pouvoir tenir la même promesse éditoriale que par le passé. C’est un podcast qui a été extrêmement important pour nous, qui nous a permis de documenter la guerre. Ce qui ne change pas, c’est que le conflit en Ukraine est une priorité pour Radio France et pour franceinfo. On fait partie des rares médias présents sur le terrain depuis le premier jour. On a eu une présence continue sur le terrain avec des reporters, avec parfois jusqu’à quatre cinq équipes sur place déployées dans le pays. Donc c’est une priorité. Il y aura d’autres produits proposés aux auditeurs, aux internautes au sujet de la guerre en Ukraine et on restera sur le terrain, c’est certain.