Depuis l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine, les auditeurs ont beaucoup réagi et ont écrit sur la liberté d’expression, la laïcité, le droit à la caricature. Des thèmes essentiels pour notre nation, des thèmes qui nourrissent les débats et qui seront au cœur de la journée exceptionnelle proposée par Radio France lundi prochain, journée qui se décline notamment sur France Culture avec des programmes pour affirmer la solidarité avec les enseignants qui incarnent et défendent chaque jour les valeurs de la République. Sandrine Treiner, directrice de France Culture est au micro d’Emmanuelle Daviet.
Emmanuelle Daviet : Sandrine Treiner, vous avez intitulé cette journée « Emancipation générale ! Les combats pour l’éducation ». Que proposez vous à vos auditeurs lundi prochain ?
Sandrine Treiner : Au-delà de cette solidarité, nous avons décidé, de faire du France Culture. Essayer de donner du sens et du relief à ce qui se produit. Notre idée, de proposer à des historiens, à des philosophes, à des scientifiques, à des sociologues, de venir nous raconter comment hier et aujourd’hui, l’éducation est, a été, est et reste un combat. Montrer que l’éducation est le souhait de manière générale, d’émancipation pour les filles comme pour les garçons est un objet de combat, ça commencera dès 6h du matin jusqu’à tard le soir. Nous recevrons dans les Matins de France Culture Monique Canto-Sperber qui nous a semblé très bien placée pour illustrer ces enjeux. En histoire nous parlerons des husards noirs de la République, du début du 20ème siècle et de leur combat pour l’école laïque. Adèle Van Reeth interrogera, un imam celui de Drancy, Hassen Chalghoumi sur ce que représente pour lui, vu de là où il officie, cette question de l’éducation. La Grande Table se demandera comment il faut penser, repenser la laïcité à l’école (avec Vincent Peillon, ancien ministre de l’éducation et Dominique Snapper sociologue). Nous nous interrogerons aussi sur la manière dont l’école peut s’adresser aux enfants migrants. Comment prendre en charge ces petits enfants qui arrivent d’ailleurs et d’autres cultures. Evidemment, la science et l’émission de Nicolas Martin s’intéressera à ce sujet car on sait à quel point la question de la connaissance scientifique a été et reste un combat. Puis Emmanuel Laurentin se demandera comment on peut apprendre l’esprit critique. On terminera en direct avec Louise Tourret à 21h : quoi de neuf ? Comment parler de l’éducation en classe ? Un sujet que vous avez beaucoup brassé, Emmanuelle par le passé.
Emmanuelle Daviet : France Culture est un partenaire quotidien du monde éducatif et votre mobilisation se traduit également sur le numérique où l’on trouve une sélection des programmes adaptés à cette actualité tragique qui frappe la France aujourd’hui encore avec ce matin encore l’attentat de Nice qui a fait trois victimes au sein de la communauté catholique. Comment a été pensé le corpus proposé aux enseignants sur le web ?
Sandrine Treiner : Après cette longue période du premier confinement, nous avons beaucoup appris à travailler avec les enseignants pour accompagner l’école, le collège, le lycée et même l’université à la maison. Nous avons décidé de constituer une base de programmes référents sur les grands sujets qui ont été soulevés par cette actualité et de les proposer en sélection, édités, c’est à dire illustrés, regroupés, mis en relief les uns avec les autres. Vous avez donc cinq sélections sur le site de France Culture : l’une sur la laïcité, le fait religieux, islamisme et radicalisation, liberté d’expression et blasphème, et complotisme. Tous les parents, et les professeurs et tous les auditeurs sont invités à aller retrouver cette base d’émission. Ce n’est pas du débat, ce sont vraiment des émissions de référence sur ces sujets-là. C’est une ressource pédagogique extrêmement riche.
Emmanuelle Daviet : Sandrine Treiner, comment définissez vous le rôle d’une radio de service public dans une époque aussi troublée que la nôtre, avec une pandémie mondiale, une crise sanitaire, économique et sociale historique, avec un reconfinement à partir ce vendredi, des tensions internationales, le terrorisme, les fragmentations de notre société…
Quelle est, dans ce contexte, la mission de France Culture ?
Sandrine Treiner : vous permettrez de vous dire que nous sommes France Culture, il y a le mot « culture » dans le nom de cette radio. Nous avons une mission primordiale dans ces temps troublés de faire vivre et de continuer à faire entendre comme le fait Olivia Gesbert, comme on le fait dès 6h du matin sur France Culture et jusqu’à minuit et la nuit, de faire entendre de la culture, mais nous avons en tant que service public une mission d’informer, une mission qui consiste à faire vivre le débat sous toutes ses formes, en particulier dans cette période aussi troublée. Nous avons un rôle de vecteur de connaissances. Il faut tordre le cou au idées fausses et de travailler avec le doute. Il s’agit enfin, de rassembler, et peut-être pour rassembler, il y a quelque chose cette semaine pour terminer dans un sourire, à 20h30 tous les soirs, nous diffusons tous les soirs, le nouveau feuilleton adapté des aventures de Tintin, les « bijoux de la Castafiore » avec l’Orchestre National de France et les comédiens du Français, c’est une pure merveille, franchement, voilà une manière de se rassembler à 20h30 chaque soir.