Le pluralisme politique est essentiel pour garantir à chacun une information politique diversifiée et les auditeurs nous écrivent à ce sujet… Il nous semble donc important aujourd’hui d’en rappeler les règles.
Jean-Christophe Ogier, adjoint au secrétaire général de l’information de Radio France en charge des temps de parole sur les antennes est au micro d’Emmanuelle Daviet.
Emmanuelle Daviet : Jean-Christophe Ogier, comment se répartit le temps de parole des formations politiques en dehors des périodes électorales ?
Jean-Christophe Ogier : Un peu d’histoire, quand même, parce qu’il faut comprendre d’où on vient. Il fut une époque où il n’y avait qu’une voix qui parlait sur les antennes. C’était la voix de la France. C’était le pouvoir et c’était tout. 68 est passé par là. Assez vite, on a admis que l’opposition avait droit au chapitre et assez vite, on a admis qu’il y avait ce qu’on a appelé la règle des trois tiers : un tiers pour le gouvernement qui gouverne et il a le droit de s’exprimer, un tiers pour la majorité qui soutient ce gouvernement et il faut qu’on l’entende, et un tiers pour l’opposition. Vous avez peut être noté que je n’ai pas parlé du président de la République parce qu’à l’époque, le président de la République était au dessus des partis. Il parlait à tous les Français et au nom de tous les Français. Les choses ont évolué. On est passé par une époque où on a considéré qu’il fallait peut-être entendre un peu plus que l’opposition parlementaire, participent aussi aux débats des gens qui ne sont pas au Parlement, qui ne sont pas à l’Assemblée nationale ou au Sénat. Il faut entendre ce qu’on a appelé à une époque les partis non représentés au Parlement et les autres formations politiques. Et puis, il y a eu, au moment de la présidence Sarkozy, un président omniprésent, qui, quand il ne parlait pas lui-même envoyait ses conseillers. Le Conseil d’État, le CSA ensuite, ont pris la mesure de la chose et on a considéré qu’il y avait alors un bloc majorité avec à la fois le gouvernement, l’exécutif, le président et la majorité qui le soutient et qui devait avoir un tiers du temps de parole. Et puis le reste, l’opposition qui avait deux tiers. Et puis est arrivé, Emmanuel Macron et la législative de 2017. Il n’y avait plus une opposition, mais des oppositions. Comment on fait avec tout ça ? La règle a changé. Aujourd’hui, l’exécutif a droit à un tiers du temps de parole, 33 %, le reste, les 66 % restants devant se répartir de manière équitable en fonction de la présence des forces politiques dans le paysage politique de manière équitable et on nous juge tous les trimestres.
Emmanuelle Daviet : Lorsque les électeurs sont appelés aux urnes, le CSA détermine une période pendant laquelle les antennes doivent aussi respecter des règles spécifiques. Quels principes s’appliquent ?
Jean-Christophe Ogier : Vous avez raison de dire « aussi » parce que le pluralisme hors élections continue pendant les élections mais parallèlement, effectivement, il y a des règles spécifiques. D’abord, le CSA détermine une période de campagne : elle a commencé le 10 mai et elle va durer six semaines avant le premier tour, une semaine entre les deux tours. Et là, nous devons aussi faire preuve d’équité : soit par région si on traite les régionales, soit par cantons, si on traite les départementales, soit et le CSA a bien compris qu’on allait parler des départements au niveau du département et pas forcément du canton. Alors, avec une circonscription dite virtuelle qui est celle du département où il faut là, analyser en fonction du territoire sur lequel on travaille, quelle est l’équité et donner la parole avec une prime au sortant puisqu’il avait gagné les élections précédentes, avec qui fait l’animation de la campagne le mieux possible, celui-là a droit à une prime aussi. Que disent les sondages ? On a le droit de s’en occuper. Et voilà comment nous devons rendre des comptes toutes les semaines au CSA sur les temps de parole.
Emmanuelle Daviet : De quelle manière le CSA vérifie que les équilibres sont tenus sur l’ensemble de la période de campagne électorale ?
Jean-Christophe Ogier : D’abord, nous déclarons, à la seconde près les paroles et nous pouvons découper une parole, un ministre qui parle et qui est en même temps candidat, et bien, il faut savoir ce qui relève de la parole du ministre qui va en « pluralisme hors élections » et de celle du candidat. Du candidat qui parle au niveau national parce qu’il évoque la situation ou dans sa région et donc qu’il faut découper les choses. Et puis ensuite, le CSA contrôle, regarde, écoute, ils aident les cellules. Et puis, les candidats eux mêmes, les partis politiques saisissent le CSA qui nous demande des comptes.