Merci pour cette matinale quotidienne de grande qualité et merci pour cette radio si précieuse – ce matin lors du journal de 8h00 je crois vous avez mentionné le décès de Charlie Kirk en le décrivant comme « un influenceur conservateur ». Or, comme il en a été d’ailleurs question sur vos ondes, Kirk n’était pas conservateur, il était ouvertement raciste, pro armes à feu, masculiniste, homophobe, transphobe. Il a par exemple publié une liste d’universitaires qui a valu aux personnes sur cette liste (afro-américains, queer etc) des menaces de mort, harcèlement etc. Ce n’est pas un détail. Je vous prie de faire attention à ne pas banaliser la haine, le racisme, la misogynie. Ce n’est pas votre intention, je le sais. Mais cet homme était un influenceur d’extrême droite – il faut le dire.

Guillaume Erner était l’invité de la médiatrice dans Le rendez-vous de la médiatrice sur France Culture.

Je pense être quelqu’un de nuancé et si je me nourris des émissions de France Culture depuis mon ouverture au Monde au lycée, ce n’est pas pour y entendre l’écho de mes certitudes mais bien pour m’informer et confronter mes opinions à la pensée d’autrui.
Ceci étant posé, je voudrais dire que j’ai été extrêmement choqué par l’éditorial « Je suis Charlie Kirk » de Guillaume Erner. C’est une chose de s’opposer fermement à la violence comme forme d’action politique, c’en est une autre que de s’identifier à la victime et à inciter à une empathie sans discernement. D’une part il me paraît particulièrement indigne de faire un parallèle entre des dessinateurs de presse qui s’opposaient à l’extrémisme et une personne qui l’incarnait de manière aussi virulente dans tous ses propos. D’autre part, dans un contexte d’une montée de la haine dans les sociétés contemporaines, je trouve problématique moralement et dangereux politiquement de valider ainsi une personnalité politique dont les propos discriminatoires, les appels à la violence participent à la brutalisation de la société et à la mise en danger d’une partie de celles et ceux qui y vivent. Il y a là un propos qui légitime des valeurs en contradiction avec celles de notre République… et de Radio France.
J’ajoute que j’espérais un retour lucide et raisonné sur une formulation problématique et que constater un simple changement de titre de chronique assez piteux et en catimini au lieu d’une prise de parole franche et sincère a été l’ultime déception autour de ce moment radiophonique. Changer le titre c’est bien reconnaître l’aspect problématique de la chronique mais sans affronter le sujet intellectuellement et éthiquement. France Culture mérite mieux que ces postures honteuses.

Je suis vraiment choqué et scandalisé que l’on puisse comparer le meurtre de Charlie Kirk et le massacre de Charlie Hebdo. Le premier sème la haine et la souffrance, les deuxièmes simplement des idées plutôt libératrices. J’attends vraiment des excuses de la part de Monsieur Erner pour cette erreur indélicate.

Je suis avec grande attention et beaucoup de plaisir et d’intérêt les Matins mais j’avoue que j’ai besoin d’éclaircissement sur votre humeur du 12 septembre. Comment peut-on vraiment mettre en parallèle Charlie hebdo – un lieu d’expression collectif et artistique d’une pensée sociale et politique dans lequel chacun est libre de « pêcher » de quoi rire (surtout) – et les propos racistes, sexistes, d’un propagandiste qui alimente un courant politique à la conquête du pouvoir ? Peut-on comparer une violence politique organisée qui arme et conditionne des actions terroristes de grande ampleur et un acte isolé commis par un individu ? Je suis perdue et je dois dire interloquée ! Merci pour votre retour !

Messages d’auditeurs reçus après la diffusion du rendez-vous de la médiatrice :

Je souhaite réagir à propos de votre émission avec Guillaume Erner au sujet de son billet d’humeur concernant la mort de Charlie Kirk vendredi 12 septembre.
Pour ma part, sa réflexion est tout à fait pertinente : ce point de vue m’a aidé à penser contre moi-même.
J’étais interpellé par le « je suis Charlie Kirk », mal à l’aise sans trop savoir comment l’analyser. Le billet de Guillaume Erner m’a éclairé, je voulais qu’il sache que selon moi il n’a pas à s’excuser, et je partage son point de vue. Son esprit brillant et cultivé me nourrit chaque matin, tout comme ses matinales.
Merci à France Culture pour cette programmation.

Cher Monsieur Erner,
Je viens d’entendre votre intervention sur France Culture concernant votre humeur sur Charlie Kirk.
Même si celle-ci, semble-t-il, est nécessaire pour préciser votre intention et informer les auditeurs sur le jeu d’équilibriste auquel vous devez vous confronter chaque nuit pour écrire votre papier, je tenais à vous faire part de mon profond soutien et de mon admiration pour la qualité de votre travail.
J’écoute tous les matins votre matinale de 6h30 à 7h30 sur mon vélo pour me rendre à mon travail et cela depuis des années. Je la complète chaque fin d’après-midi en écoutant l’invité des Matins en replay en rentrant de mon travail. Je ne connais aucune autre radio ni aucune autre émission qui aborde des sujets aussi divers et complexes avec des personnalités intellectuelles de premier ordre. C’est mon rituel quotidien. Les jours de grève comme hier, même s’ils sont indispensables pour défendre la radio publique, sont pour moi un véritable crève-cœur.
J’ai entendu votre humeur sur Charlie Kirk et celle-ci m’a profondément fait réfléchir pendant plusieurs jours. Je vous en remercie. N’est-ce pas l’objectif d’un billet d’humeur ? Tout comme les Unes de Charlie Hebdo ne me font pas toutes rire, elles m’interrogent, bousculent mes croyances intériorisées, me vexent parfois mais me font systématiquement réfléchir. Une « humeur » ne doit pas être un morceau de sucre qui plaît à tout le monde parce qu’elle ne dit rien (les vidéos de chats qui s’étirent, même si elles font baisser la productivité des Français, servent à ça). Vos humeurs me font parfois éclater de rire (celle mémorable sur la prostate de Tom Cruise reste pour moi un grand moment de radio), parfois pleurer (celle sur votre collègue Mydia Portis-Guérin fut un hommage très touchant), toujours beaucoup réfléchir.
Je suis professeur de Sciences Economiques et Sociale au lycée et je suis amené quotidiennement à aborder avec mes élèves des sujets très politiques (génocide de Gaza, guerre en Ukraine, droits de douane américains, montée de l’extrême droite en Europe et dans les démocraties libérales, problématiques démographiques). Votre matinale est pour moi une source inépuisable de réflexions à aborder avec mes élèves et je souhaitais vous en remercier chaleureusement. Sans être autant écouté que vous, je suis pleinement conscient de ce que « marcher sur des œufs lorsqu’on parle » veut dire. Aborder des sujets politiques sans trop laisser transparaître ses opinions tout en souhaitant faire réfléchir et réagir est effectivement compliqué dans une société où le débat d’idées semble de plus en plus difficile.
Continuez à nous faire réfléchir. Je suis pleinement conscient de l’engagement intellectuel que cela doit représenter. Vous le faites très bien, avec beaucoup de subtilité, jamais de manière manichéenne, jamais par provocation. Ne changez rien, s’il vous plaît.

Très étonnée de vous entendre devoir tenter de vous expliquer chez la médiatrice. Le lien que vous avez établi entre les deux Charlie m’a semblé très clair : on ne tue pas pour des idées, quelles qu’elles soient.
Je ne vois pas ce qu’il y a à ne pas comprendre dans votre propos, que j’ai pris la peine de ré-écouter tant j’ai été surprise.
La confusion mentale que craignent les auditeurs qui se sont plaints n’est-il pas que le reflet de leur incapacité de discernement ? Et là c’est plus qu’inquiétant pour la société… mais les tristes exemples quotidiens ne manquent pas.
A mon humble avis, vous n’avez pas fauté ici.
Continuez !

Je constate la levée de boucliers contre Guillaume Erner à qui on reprocherait une mise en parallèle des deux Charlie « Hebdo » et « Kirk ». Je tenais à exprimer ma solidarité envers le journaliste qui anime quotidiennement, au sens propre du terme, « mes Matins ». Il semblerait que le sens de l’humour, de l’ironie si chère à l’esprit français, manque cruellement à ceux qui se sont offusqués. Je suis persuadée que les journalistes de Charlie Hebdo n’auront pas eux la même analyse de cette chronique. Je suis totalement solidaire de Guillaume Erner qui privilégie la liberté d’expression au-delà de toute opinion aussi détestable soit-elle.
Par ailleurs, je constate que le service public, en cette période de violence et de clivages, est dernièrement souvent l’objet d’attaques. Je pense qu’il faut garder le cap vers la liberté de pensée, la tolérance, car notre société déjà extrêmement fragmentée risque de devenir réellement invivable.

Réactions à la suite de l’émission Questions du soir du 15 septembre :

J’apprécie beaucoup votre émission “Questions du soir”. Il arrive malgré tout que mes oreilles se hérissent à l’écoute de certains types d’invités. C’est le cas notamment lorsque des journalistes sont invités et prennent des positions hasardeuses, sans recours à un étayage.
Hier la journaliste en studio a notamment prétendu sans vergogne que Donald Trump n’était pas d’extrême droite sans apporter d’argument valable. Son statut d’ancienne correspondante aux Etats-Unis ne lui confère aucune qualification pour avancer une telle prise de position.
Je ne peux personnellement affirmer que Donald Trump est exclusivement d’extrême droite. Mais comme vous l’avez suggéré, cela mérite d’être clarifié par un débat au sein de votre émission, de grâce avec des chercheurs politistes et philosophes spécialisés dans l’étude de l’extrême droite et des régimes autoritaires, pas avec des géopolitologues peu équipés et dont les travaux ne portent pas usuellement sur ces sujets, et en tout cas pas avec des journalistes à qui on demande de faire des récits ou d’enquêtes sur le trumpisme et non de donner une simple opinion sur le trumpisme. La question à poser ne serait pas binaire “Trump est-il d’extrême droite ? », mais pourrait être « en quoi le trumpisme est-il d’extrême droite et contribue au renforcement des partis et gouvernements d’extrême droite dans le monde » ?

J’adore l’émission « Questions du soir » animée par M. Quentin Lafay mais l’émission d’hier, lundi 15 septembre, intitulée « Que dit la mort de Charlie Kirk… » m’a profondément dérangée.
Dès le départ, j’ai trouvé étrange de faire débattre une professeur des universités en sciences politiques avec une journaliste.
Cependant, j’ai tout de même tenu à écouter l’émission et malheureusement mes réticences se sont confirmées… : comment cette journaliste, peut-elle défendre Charlie Kirk en confondant autant opinion et délit ? (l’islamophobie, la mysoginie, la transphobie sont punis par la loi! dans un Etat de droit !) Comment peut-elle autant défendre Trump et sa sphère tout en prônant un empirisme déconcertant ? Comment peut-elle reprocher à son interlocutrice d’utiliser le terme d’extrême-droite pour les qualifier ? Bref quel dommage. Le sujet était intéressant mais une des invitées a tout gâché et ce, malgré la pertinence des propos de Mme Elisa Chelle et le professionnalisme de M. Quentin Lafay. A l’avenir, il serait intéressant d’inviter des personnes d’égales compétences pour gagner en hauteur.

Pitié ! Votre invitée de “Questions du soir” est marquée par une idéologie de droite, conservatrice qu’elle est caricaturale et inutile dans ce pseudo débat qui pour elle est seulement une possibilité d’affirmer ses positions droitières et de justifier entre autres le racisme, l’exploitation des femmes, le révisionnisme historique et la légitimité de Trump. Je ne vois pas dans son discours les idées et positions de Tocqueville dont elle se prétend une défenseuse.
Sauf mon aversion pour son discours, elle ne débat pas d’ailleurs. Je vais arrêter de l’écouter.