Sandrine Treiner, sa directrice est au micro d’Emmanuelle Daviet, médiatrice des antennes de Radio France.

Emmanuelle Daviet : Vous avez indiqué qu’en cette rentrée vous comptiez faire davantage entendre la parole des artistes. Cela passe par plusieurs émissions, notamment  » La salle des machines  » de Mathias Enard, c’est le nouveau grand rendez-vous littéraire de France Culture et par l’émission quotidienne « Affaires culturelles » d’Arnaud Laporte. Difficile d’évoquer Arnaud Laporte sans citer « La dispute » qui revient régulièrement dans des messages d’auditeurs ces derniers jours, ils disent regretter cette émission et une auditrice, vous demande : « Y a-t-il sur votre radio une émission réunissant des critiques sur les actualités culturelles du moment ? »

Sandrine Treiner : Merci de me donner l’occasion de répondre à cette question. Oui, en effet cela a été une des conséquences, un des enseignements du confinement, de la pandémie, de voir à quel point la parole des artistes manquait, à quel point le monde des imaginaires dont nous avions besoin – peut-être plus que jamais – venait à manquer et continue à manquer, la culture rencontrant une crise tout à fait bouleversante. Et il nous a semblé important de renforcer cette parole des artistes sur l’antenne de France Culture, car c’est ainsi que nous nous appelons. Alors nous n’avons pas voulu pour autant supprimer l’exercice critique, même s’il m’a semblé qu’il restait tout aussi important et, peut-être, un tout petit plus secondaire dans cette période où moins d’œuvres viennent à être publiées, jouées, interprétées. Néanmoins c’est un exercice très important dans la vie de la culture. Donc, désormais, chaque vendredi, Olivia Gesbert cède sa place à Lucile Commeaux, qui présente une émission appelée, tout simplement, « La critique », de 12h00 à 12h30, et il y est question de l’ensemble des arts. Une émission qui a débuté depuis la semaine dernière.

Emmanuelle Daviet : Et un mot sur Arnaud Laporte ?

Sandrine Treiner : Nous avons ensemble conçu cette nouvelle émission avec Arnaud Laporte. Cela faisait neuf ans qu’il faisait « La dispute », il avait envie de changer. C’est une émission qui a rencontré l’air du temps. Lucille Commeaux était son adjointe, donc elle devient productrice, et c’est toujours un grand plaisir quand une jeune femme talentueuse accède à l’antenne. Arnaud Laporte fait cette émission très exigeante, « Affaires culturelles », avec des entretiens et une manière de croiser les phénomènes culturels d’aujourd’hui avec la parole des universitaires. C’est Marie Sorbier qui s’occupe de cela, avec Arnaud Laporte en plateau. Ils y accueillent également des journalistes du réseau France Bleu et de la rédaction internationale de Radio France pour nous parler ce qu’il se passe, des phénomènes marquants, toujours dans le domaine de la culture, aussi bien partout en France que partout dans le monde.

Emmanuelle Daviet : Parmi les autres points forts de votre rentrée il y a la volonté de renforcer les savoirs et la connaissance, évidemment de façon pluridisciplinaire. Est ce qu’à travers cette pluralité de disciplines il y aura également pluralité des points de vue ? Et en particulier dans le domaine médical et le domaine des sciences ? Car ce qui est notable dans les messages des auditeurs, c’est leur souhait d’entendre des avis contradictoires, des analyses, des voix différentes. Sandrine Treiner, veillez-vous à ce que tous les points de vue puissent être entendus sur votre antenne ? 

Sandrine Treiner : Et bien non, Emmanuelle, au risque de vous surprendre. Je pense que la science n’est pas qu’une histoire de points de vue. La science n’est pas qu’une affaire d’opinions. Elle n’est d’ailleurs même pas une affaire d’opinions. Ce n’est en tout cas pas de cette façon que nous l’envisageons sur l’antenne de France Culture. C’est tout l’intérêt du travail réalisé par Nicolas Martin et toute l’équipe de « La méthode scientifique », précisément pour dire « la science, ce sont des faits », et ce jusqu’à preuve du contraire, bien sûr. C’est ce qui guide notre réflexion. Donc, non, il ne suffit pas d’avoir un point de vue médical ou scientifique pour qu’il trouve place sur cette antenne. Et nous veillons à justifier nos choix et justifier nos sources, c’est un travail que Nicolas Martin va d’ailleurs reprendre en matinale. Car si vous entendez le lundi que telle chose est grave et le mardi que la même chose ne l’est pas… qu’est-ce qui permet, au fond, à la citoyenne, au citoyen, de se faire un avis ? Il y a débat partout où il y a échange d’idées, en revanche sur le terrain de la science, non, tous les points de vue ne sont pas égaux.

Emmanuelle Daviet : Merci pour cette transparence et pour cette réponse claire et tranchée. On termine avec l’évocation d’un nouvel exercice auquel nous allons nous soumettre peut être avec angoisse mais aussi une certaine délectation : c’est la dictée géante dans l’émission « En français dans le texte » proposé le samedi à 17h par Olivia Gesbert. Quelle a été votre intention éditoriale en proposant ce nouveau rendez-vous ?

Sandrine Treiner : La dictée géante s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle émission qui dure une heure, la dictée commence vers 17h35, 17h40. C’est la deuxième partie de cette émission, émission à la fois tournée vers les collégiens et les lycéens, et en même temps un formidable moment intergénérationnel qui peut réunir des parents, des grands-parents, les enfants et les petits-enfants. Cette émission a été conçue avec le ministère de l’Education nationale, en tous les cas en appui sur les compétences des professeurs de français, d’histoire, de philosophie… Sur la deuxième partie de cette émission, nous avons ainsi pensé que la dictée était un véritable moment de rencontre, plutôt ludique, il s’agit de jouer avec les mots, on apprend, on révise, et en même temps on passe un moment très agréable. Sur France Culture, nous essayons de faire se rencontrer le plaisir et la connaissance, et c’est dans optique que nous avions conçu ce programme avec Rachid Santaki qui avait créé cette idée de dictée géante. Cette idée géante est partie des cités, des banlieues et cela s’est répandue dans toute la France. Et Rachid Santaki a ce talent de rendre cet exercice proche.