L’affaire a fait réagir de nombreux auditeurs. Pour leur répondre, Ludovic Piedtenu, chef du service politique de France Culture au micro de Bruno Denaes

 

Peut-on parler d’acharnement médiatique ?

Il y a d’abord celles des auditeurs qui félicitent les journalistes pour la présentation et l’explication des faits.
Mais il y a aussi tous ces auditeurs – souvent soutiens inconditionnels de François Fillon – qui parlent de « lynchage médiatique », d’ « information orientée », de « déstabilisation délibérée de celui qui a toutes les chances d’être le prochain président ».
Il n’y a pas eu d’acharnement sur France Culture. Il y a eu des faits rapportés par le Canard Enchaîné dont la chaîne s’est fait l’écho. Les portes-paroles de Fillon se sont perdus eux-mêmes dans les explications.

La post-vérité : un danger pour la démocratie ?

Cet accommodement avec la réalité est un vrai danger pour la démocratie.
Plusieurs auditeurs accusent les journalistes d’être « tous de gauche », donc anti-Fillon. Lors de l’affaire DSK, ils étaient tous « sarkozistes » et lors de l’affaire Cahuzac, tous « anti-gouvernementaux ». En fait, les militants n’aiment pas qu’on révèle les actes délictueux, ou simplement indécents, de leur leader… Ce n’est pas ceux qui mentent ou ceux qui trichent qui sont critiqués, mais ceux qui ne font qu’informer et donner des faits… Un peu comme Donald Trump, on s’en prend à la presse, mais pas aux mensonges ou aux informations truquées. François Fillon a joué un peu le même jeu en accusant les média. Le fact-checking pratiqué par les journalistes n’a plus d’impact sur le public.

Les journalistes sont aussi accusés de faire le lit des extrêmes…

et notamment du Front National : « Vous rendez-vous compte, nous écrit Amélie, qu’avec cette affaire dont vous ne cessez de parler, vous favorisez Marine Le Pen ?  » : « Le Pénélopegate » a certes été positif pour Marine Le Pen.
A propos du Front National, beaucoup d’auditeurs, qui précisent d’ailleurs ne pas être fillonistes, s’étonnent que les journalistes parlent autant du PéNélopeGate et très peu des emplois fictifs de Marine Le Pen au Parlement européen. Jacqueline, par exemple, nous dit : « On a l’impression que vous préservez le Front National. Or, il est loin d’être propre, notamment avec la dernière affaire dont vous avez très peu parlé » : ce qui diffère entre ces deux affaire : la candidate du FN  a toujours fustigé Bruxelles…

Saturation des auditeurs

Des auditeurs estiment que les journalistes ont fait leur travail, mais que « trop, c’est trop » et que les révélations quotidiennes finissent par occulter le reste de l’actualité. Mais Fillon a alimenté lui-même le débat en parlant notamment de l’emploi de ses enfants.