Clément Sénéchal, expert des enjeux climatiques, était l’invité de l’émission « La Terre au carré » sur France Inter ce lundi 8 décembre. Les auditeurs ont réagi à ses propos :

Sur les sujets fondamentaux que vous abordez, on a envie d’entendre des experts, des spécialistes, des compétents. Ça ne les empêche pas, bien sûr, d’avoir leurs opinions personnelles, leurs engagements, mais qu’un invité se présente, comme encore une fois aujourd’hui, d’emblée comme militant est a priori de mauvaise augure quant à l’impartialité, l’objectivité, l’absence de parti-pris des « informations » qu’il va nous apporter… Le militant d’aujourd’hui était un cas particulièrement gratiné puisqu’il nous a dit d’emblée qu’il avait quitté Greenpeace parce que celle-ci n’avait pas appelé à voter Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle !!!

Mathieu Vidard, Producteur de l’émission « La Terre au Carré », vous répond :

Vous avez été très nombreux et nombreuses à réagir à l’émission consacrée au livre de Clément Sénéchal « Pourquoi l’écologie perd toujours ? » et au profil de l’invité, ancien porte-parole climat chez Greenpeace.
L’immense majorité des invités de la Terre au carré sont des scientifiques, des universitaires ou des spécialistes du terrain. Cette dimension constitue le cœur éditorial de l’émission.
Cependant, l’écologie est également un objet social et politique. Elle suscite des controverses et des débats internes. À ce titre, il nous arrive très ponctuellement d’inviter des auteurs et des autrices qui analysent les discours et les représentations de l’écologie dans l’espace public, même lorsqu’ils viennent d’un horizon militant.
L’entretien avec Clément Sénéchal s’inscrivait dans cette démarche : son ouvrage interroge ce qu’il nomme « l’écologie du spectacle » et propose une réflexion critique sur la manière dont, selon lui cette écologie « reste à la surface, accumule des images, des mises-en-scène, des postures, des mises en circulation des concepts creux, visant à sensibiliser sans intervenir dans les rapports de force».
Nous sommes conscients que ce livre a provoqué des réactions vives, y compris au sein des écologistes. Il s’agit d’un texte qui bouscule et qui interroge les pratiques et les stratégies du mouvement. Cette réception contrastée est un élément important de son intérêt : la critique interne fait partie de la dynamique intellectuelle de l’écologie. Elle permet de revisiter les approches et d’interroger les récits dominants.
Il est par ailleurs important de souligner que si l’ouvrage a été vivement contesté par certains, il a aussi été accueilli très favorablement par de nombreux écologistes, militants, chercheurs et acteurs de terrain, qui y voient une contribution utile pour réfléchir aux impasses et aux difficultés rencontrées par l’écologique aujourd’hui.
L’écologie ne se réduit pas à une seule voix. La Terre au carré se doit de refléter cette pluralité d’analyses, sans ériger l’une d’entre elles en vérité unique.
La présence ponctuelle d’un militant ne traduit pas non plus une orientation politique, mais l’ouverture à un angle de lecture complémentaire. Nous ne sommes les porte-parole d’aucune formation politique ni d’aucune stratégie militante. Notre ambition est de donner à comprendre la complexité des transformations environnementales en donnant voix à des analyses différentes et parfois contradictoires au sein même du mouvement écolo.

Les réactions des auditeurs et des auditrices, qu’elles soient critiques ou positives, sont précieuses pour nous. Elles témoignent de l’importance que revêt aujourd’hui l’information environnementale dans le débat public.

Mathieu Vidard

Votre invité Clément Sénéchal a déclaré “l’inanité des politiques environnementales de Macron » qu’il était chargé de combattre au sein de Greenpeace.
Inanité signifie : « état de ce qui est vide et synonyme de néant vacuité et vide ou bien qui présente un caractère d’inutilité » selon les définitions du Robert.
Cela rappelle la déclaration fracassante et péremptoire de Yannick Jadot au sein du Parlement européen sur « le président de l’inaction climatique ».
Je m’inscris totalement en faux contre ces déclarations manifestement caricaturales et donc objectivement fausses.
J’en veux pour preuve l’excellent papier publié par Marine Braud dans Terra Nova (le bilan écologique du quinquennat) qui prouve au contraire que c’est le gouvernement qui a le plus œuvré pour l’environnement de tous les précédents.
L’insuffisance des mesures environnementales du premier quinquennat d’Emmanuel Macron n’autorise pas à déclarer que ce gouvernement n’a rien fait. Le simple fait de laisser votre intervenant faire cette déclaration sans la corriger constitue une faute journalistique majeure selon moi.
Je suis un fidèle absolu de France Inter et du service public de l’audiovisuel en particulier et votre label JTI vous oblige à plus d’exigence journalistique et déontologique.
Je suis aussi un écologiste convaincu mais je suis aussi très exigeant sur la vérité des faits et des opinions véhiculés par les médias.
C’est pourquoi je voulais faire cette rectification et je vous serai très reconnaissant de la citer à l’antenne demain.
PS : j’écoute avec attention toutes vos émissions en direct ou en rediffusion et je trouve votre travail globalement remarquable. A part cette omission qui me chagrine fortement…

J’écoute quand je le peux cette émission qui est l’une des rares à traiter de science et d’environnement à la radio. Mais je déplore son évolution récente – disons dans les 2 dernières années – qui tend à la transformer en une tribune militante totalement déconnectée de toute assise scientifique. L’émission d’aujourd’hui qui donnait au militant Clément Sénéchal une tribune de 45 minutes pour parler de son dernier brûlot « Pourquoi l’écologie perd toujours » fournit un bel exemple de cet état de fait. Cet individu n’est pas un scientifique. Il se répand pendant 45 minutes sans être contredit en platitudes marxistes sur le grand capital et la soi-disant « écologie bourgeoise ». Il affirme de manière inexacte – pour justifier la thèse plutôt fruste qu’il défend que les COP climats ne servent à rien – que les émissions carbones continuent d’augmenter partout dans le monde (alors qu’elles vont diminuer pour la première fois en Chine cette année, et qu’elles ont diminué depuis 15 ans aux Etats-Unis en Europe et en Inde (voir les données sur le site « Our World in Data »).
Tout cela est vraiment consternant. La radio publique doit être rigoureuse et précise. Le militantisme de bas étage n’y a pas sa place.
Un auditeur professeur des universités

Encore une fois un invité complètement politisé et toujours à l’extrême-extrême gauche dans l’émission “La Terre au carré”. Cela en devient ridicule.

En recevant Clément Sénéchal vous orientez clairement votre émission très à gauche, allez-vous inviter des contradicteurs potentiellement plus à droite ?

Mathieu Vidard recevait Clément Sénéchal, un écologiste qu’on peut qualifier de radical. Comme toujours, sans contradicteurs, on cogne tous azimuts sur le capitalisme, les compagnies pétrolières et autres cibles, méthode stérile voire contre-productive.
Personnellement, je suis en plein accord, sur le constat de fond avec cet invité, mais son avis péremptoire sur tout et en particulier sur les autres écologistes est insupportable. Ses propositions aussi radicales qu’utopiques ne débouchent sur rien.
J’ai suivi avec attention l’émission « On n’arrête pas l’éco » dont l’invité était Anne Rigail, brillante ingénieure des Mines et directrice générale d’Air France, qui se réjouissait, entre autres, de l’activité de son entreprise, du renouvellement de sa flotte par des appareils plus économes et soulignait l’effort fait avec déjà « 2% » de carburant vert dont de l’agrocarburant. Que dire de plus… à part ce jeune voyageur qui assumait parfaitement ses 40 vols annuels entre travail et loisirs.
Mathieu Vidard, pourquoi reportez-vous sur le capitalisme et les entreprises les travers de l’humanité ? Rappel 15400 avions en vol en permanence pour assumer 100 000 vols quotidiens. Et l’aviation n’est qu’un exemple.
J’aurais tellement souhaité une confrontation entre Anne Rigail et Clément Sénéchal.

Votre émission est généralement intéressante mais le choix de l’intervenant est primordial.
Celui de ce jour, M. Sénéchal, outre qu’il fait sa campagne pour un parti politique s’évertue à tout détruire des actions prises sans apporter aucune proposition. Quelle est l’utilité de ce genre d’intervenant à part casser les bonnes volontés ?

Vous êtes en campagne pour LFI et Jean-Luc Mélenchon ? Vous avez invité son porte-parole ? Pourquoi pas, mais cela commence à se voir.

“La terre au carré” du 8 décembre : invité Clement Sénéchal, qui déroule ses théories d’extrême gauche au micro complaisant de l’animateur. Mais quelle caricature ! De l’écologie et de France Inter, qui affiche et assume de plus en plus son orientation, voire son soutien, à une ligne politique très à gauche. C’est pourtant ma sensibilité politique, mais ce manque de neutralité du principal media du service public me choque. “La terre au carré”, par son traitement de plus en plus biaisé et caricatural des sujets écologiques, fait un mal terrible à la cause qu’elle prétend défendre.

Un peu surpris par le non argumentaire de votre invité : élisez Mélenchon et la planète est sauvée. Mélenchon a perdu trois élections Présidentielles et s’apprête une nouvelle fois à faire perdre la gauche en 2027.
Le problème ne serait-il pas du côté de la France Insoumise ?