Nicolas Hulot, Gérald Darmanin, la petite Maëlys, mais aussi, dans un autre registre, les miracles de Lourdes, autant d’informations ou de sujets qui ont suscité des questions, des réactions, voire de sérieuses protestations. Catherine Nayl, directrice de l’information de France Inter, et l’humoriste Daniel Morin y répondent.
En ce mois de février, deux noms de ministres sont revenus dans l’actualité : Hulot et Darmanin. Non pas pour leurs actions politiques, mais pour des affaires sexuelles. Et plusieurs auditeurs s’étonnent que France Inter ait pu suivre les accusations du magazine « Ebdo » lancées contre Nicolas Hulot. Yves nous écrit : « Comment pouvez-vous trainer dans la boue une personne, alors qu’aucune preuve n’existe et que la plainte pour viol a été déposée très longtemps après des faits prescrits par la loi ? ». Marie-France ajoute : « N’est-il pas urgent de faire réfléchir la rédaction sur la distinction entre rumeur et information ? ».
Pourquoi avoir largement traité ce sujet ?
Nous avons réfléchi et discuté. Avant même que l’affaire Hulot ne sorte, nous avions des informations. Nos journalistes ont considéré qu’il n’y avait pas assez de preuves et donc pas de quoi sortir l’information. En revanche, la veille de la parution de l’Ebdo, Nicolas Hulot a souhaité s’exprimer à la télévision. Cet acte-là est politique, c’est une information que nous avons effectivement traitée. Nous ne pouvions pas le passer sous silence.
Avez-vous vérifié les informations de l’ « Ebdo » ?
Nous avons, même avant que l’article de l’Ebdo ne paraisse, tenté de vérifier les informations. Sur l’affaire Beaupin, révélée sur France Inter, les journalistes ont travaillé des mois avant de sortir l’affaire. Dans le cas Hulot, nous n’avons pas trouvé de preuves et nous avons donc décidé de ne pas sortir l’affaire. Evidemment, nous ne pouvions pas ne pas en parler ensuite, lorsque Nicolas Hulot s’est exprimé.
D’autres auditeurs évoquent également les plaintes contre le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin. La seconde vient d’être classée sans suite. Et la première ne dispose, pour l’instant, d’aucunes preuves. Des auditeurs, comme François, estiment que « tout cela est de la calomnie que les médias relaient ». D’autres, comme Christophe, se demandent « si les médias ne sont pas manipulés »…
On peut toujours penser que les médias sont manipulés. Il y a parfois une difficulté à traiter l’information lorsque les politiques font le choix de s’exprimer. Dans le cas de Gérald Darmanin, il y a eu dépôt de plainte. Encore une fois, nous ne sommes pas à l’origine de la sortie de l’affaire dans les médias, nous avons simplement relayé une information.
Enfin, des auditeurs – principalement des mamans d’ailleurs -, ont écrit pour dire que des mots utilisés dans l’affaire de la disparition de la petite Maëlys les avaient particulièrement choqués. Pour Sarah, « vous n’arrêtez pas de parler des « restes » de la petite fille. C’est terrible cette expression». Et Anne nous écrit : « Vous ne cessez d’expliquer que « la quasi-totalité du corps a été retrouvée », laissant imaginer que le corps de Maëlys est en petits morceaux. Avez-vous besoin de suggérer de telles images ? ».
Il est très compliqué de parler de ce genre d’affaires. Le choix des mots est importants. Nous ne sommes pas allés dans les détails, notamment tous ceux donnés par le procureur; mais il fallait bien expliquer l’enquête.
L’information, l’humour et la dérision font partie des piliers de France Inter plébiscités par les auditeurs. Mais pas tous les auditeurs… Le sens de l’humour n’est pas toujours bien partagé par tous. Notamment sur certains sujets sensibles, comme la religion.
La chronique Allez à Lourdes de Daniel Morin qui s’amusait de la croyance dans les miracles a fait réagir. Pour Livia, « c’est de très mauvais goût de rire des choses qui sont sacrées pour les Catholiques ». Et pour Isabelle, « vous avez insulté les millions de Français qui sont baptisés ».
Il y a toujours des gens blessés par les chroniques d’humour. Un des axes de l’humour, c’est justement le drame. Les personnes choquées sont bien sensibles, cela reste de l’humour, de la dérision.En tant qu’humoriste, on profite de ce genre d’énorme actualité pour rebondir dessus. Pour certains, c’est drôle, pour d’autres blasphématoire. Mais la réaction est disproportionnée.
D’autres auditeurs estiment que ce sont toujours les Catholiques que l’on tourne en dérision et pas les juifs ou les musulmans.
Je suis d’accord avec eux, nous avons tendance à taper plus sur les Catholiques. Je m’engage à être prudent par rapport à ça.
Pourriez-vous faire un sketch sur le pèlerinage de la Mecque ou est-ce devenu un sujet tabou, voire dangereux ?
Oui, s’il y a quelque chose à dire, je le ferais. Je m’en servirais comme « théâtre ».
Aurait-on de plus en plus un humour sélectif ?
Je trouve dommage que l’on se sente touché lorsque ça nous concerne et que ça fasse rire lorsque c’est à 600km de chez soi [à propos de la chronique sur Vesoul qui avait suscité également des réactions]. Les gens du nord que je traite d’alcooliques et ceux du sud que je traite de mafieux comprennent la plupart du temps que c’est du dixième degré.
Daniel Morin tous les jours à 6h57, également à 12h20 chez Nagui et le dimanche avec l’émission « Vous les femmes ».