Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris, était l’invité du Grand entretien de France Inter lundi 5 avril. Des cérémonies religieuses en temps de pandémie, à la façon dont l’Église doit se comporter avec les victimes de violences sexuelles, différents sujets ont été abordés par Nicolas Demorand et Léa Salamé. Au menu de l’entretien, le droit à mourir dans la dignité. Mgr Aupetit trouve « paradoxal qu’il y ait cette attaque sur le fait de donner la mort au moment où la mort nous encercle, où elle est partout. On devrait plutôt se battre pour la vie. La question, c’est quel est notre rôle ? Se donner la mort, c’est une liberté. Faire introduire la société là-dedans, ça me paraît très grave ». Il affirme qu’en Belgique, « on est passé aux enfants, aux personnes qui ont un déficit mental. Quelqu’un m’a écrit en Belgique pour me dire que des gens ont amené un enfant autiste se faire euthanasier ».
Ses propos sur la supposée euthanasie d’enfant autiste en Belgique a fortement fait réagir les auditeurs :
Lors de la matinale de ce jour était invité Mgr Aupetit archevêque de Paris. Ce monsieur s’est livré à une critique fallacieuse et péremptoire – notamment à l’encontre de ce qui se pratique en Belgique – de cette question d’une liberté fondamentale à acquérir : la possibilité de choisir la fin de sa vie. Il s’agit certes d’une question de société, mais dont le caractère personnel ne peut se satisfaire d’injonctions du représentant de l’église catholique, instance d’ailleurs de plus en plus minoritaire. Je vous remercie de bien vouloir prendre les dispositions nécessaires à l’invitation d’une personne non dominée par une religion, quelle qu’elle soit, et qui puisse énoncer les arguments qui prévalent chez celles et ceux qui s’engagent dans cette voie du choix de la fin de vie.
« Non, la Belgique n’autorise pas l’euthanasie pour les enfants autistes » : lire l’article de France Inter publié à la suite de l’entretien.
Bonjour et merci pour votre travail. Je vous ai écouté attentivement ce matin interviewer Monseigneur Aupetit qui est sans doute un homme cultivé, raffiné et intelligent. Et pourtant, en parlant de l’euthanasie, et en évoquant la situation en Belgique, il ne s’en est pas moins laissé aller à des propos manipulateurs et contraires à la vérité. Compte tenu que ce sujet va sans doute demeurer assez longtemps encore à l’agenda de la France, ne pourriez-vous rappeler à ceux de vos invités qui se laissent aller à de tels propos que la pratique de l’euthanasie en Belgique est cadrée par une loi importante qui aura 20 ans en 2022. Cette loi pose le principe de placer le patient au centre du dispositif : la décision ne peut être prise que par lui, validée par trois avis médicaux, établissant, entre autres critères, que l’évolution de la maladie est irréversible, et la mort inéluctable. La pratique de l’euthanasie est par ailleurs contrôlée par une commission d’évaluation pluraliste, qui jamais n’a constaté les abus dénoncés par votre invité. Comme vous l’avez compris je fais partie de votre auditoire belge qui vous suit depuis des années… Je suis également journaliste à la retraite de la télévision publique (RTBF). Dans ce cadre j’ai suivi les travaux du parlement belge lors des débats sur la loi, et ceux de la commission fédérale de contrôle et d’évaluation qui encadre chaque mois les déclarations d’euthanasie. Je viens de terminer un film « les mots de la fin » qui traite de ce sujet. J’ai pu y recueillir le témoignage de plusieurs patients français, venus en Belgique pour trouver le secours et l’assistance que la France leur refuse. Ils racontent la solitude, et la souffrance qui furent les leurs, quand leur voix n’était pas entendue, et l’apaisement qu’ils ont pu ressentir, eux et leur famille, lorsqu’ils ont enfin été pris en charge par des médecins, dans le respect de la loi belge. Je peux confirmer, au terme de ce travail, que lorsqu’un patient, atteint d’une maladie grave irréversible et sans issue finit par obtenir l’euthanasie qu’il demandait, c’est toujours le résultat d’une décision éclairée et partagée par les soignants et leurs familles. Contrairement à ce qui se passe en ces temps de pandémie le patient, qui a choisi le jour et l’heure- peut s’en aller en paix, entouré de ceux qui l’aiment. C’est un moment émouvant et fondateur, le temps d’un adieu et d’une dernière transmission, en toute liberté… et à cent lieues des propos malveillants tenus ce matin par votre invité. Merci de m’avoir lue et pour la qualité de votre travail.
J’ai été scandalisée par les propos de Monseigneur Aupetit au sujet de l’euthanasie en Belgique. Des mensonges dits avec un aplomb sans pareil ! Dommage qu’il n’ait pas été remis à sa place immédiatement !
Honte à l’archevêque de Paris ce matin au sujet de la future discussion sur la loi de la fin de vie d’utiliser de mentir et d’utiliser des fake news au sujet de l’euthanasie d’enfants autistes en Belgique pour stigmatiser ce texte de liberté. Honte à lui de mentir, honte à l’obscurantisme.
Je suis désolée mais je n’ai pas apprécié les réponses de ce religieux. Demander son avis sur l’euthanasie, problème de société si complexe, à un ecclésiastique dans un pays laïc me paraît un peu ridicule car on connait déjà sa réponse. Il aurait été plus judicieux de le questionner sur le célibat des prêtres ou la féminisation de la prêtrise. Pourtant je suis athée… C’était une exception : j’apprécie beaucoup le 7/9 et cette interview en particulier avec l’intervention d’auditeurs d’avis différents (là ce n’était pas le cas…) et la sagacité des journalistes.
En lisant l’article sur l’interview de Mgr Aupetit hier, je me suis immédiatement dit que cette sortie sur l’euthanasie des enfants autistes en Belgique était tellement énorme et grossière et certainement fausse et que nous allons avoir un démenti rapide. Cela a été le cas par votre article de ce matin, mais je me questionne vraiment sur l’opportunité de donner un si grand écho à une news qui est si évidemment « fake ». Les opinions de la personne interviewée sont tout à fait entendables, là il s’agit d’autre chose ! Une petite vérification avant de mettre en avant (chapeau) cette sortie sensationnaliste aurait été souhaitable. Maintenant, cette parole a été diffusée à l’antenne. Le « démenti » ne sera-t-il que diffusé sur le net ? Je vous remercie pour vos programmes que j’apprécie par ailleurs fortement.
Les propos sur l’euthanasie en Belgique sont-ils vérifiés ? Sinon, il est impossible de le laisser affirmer que des enfants sont euthanasiés encore plus sous prétexte d’être autistes. Merci de corriger si besoin.