L’émission « Questions politiques » du 9 novembre 2025, au cours de laquelle Manuel Bompard, coordinateur national de La France insoumise, était invité, a suscité de nombreuses réactions d’auditeurs et a fait l’objet d’une saisine de La France insoumise, notamment auprès de la médiation de Radio France.
Plusieurs erreurs factuelles dans les interventions de la journaliste Alix Bouilhaguet (France Télévisions) ont été relevées au cours de cette émission, coproduite par France Inter et Franceinfo TV.
À la suite de cette saisine, la direction de l’information de France Inter a procédé à une vérification complète des faits évoqués. Philippe Corbé, directeur de l’information de France Inter, reconnaît que des erreurs ont été commises et m’a indiqué que les journalistes extérieurs, invités sur l’antenne, s’aligneront désormais sur les procédures de vérification éditoriale appliquées pour toutes les émissions de France Inter. La médiation prend acte de cet engagement et rappelle que la rigueur journalistique reste pleinement garantie par l’ensemble de la rédaction. L’obligation de vérifier les faits avant de les évoquer dans une émission ou un reportage et la rectification des erreurs sont des engagements régis par les principes de déontologie journalistique au sein de Radio France. Ces règles ne sont pas des formalités : elles fondent la crédibilité du service public et la confiance que les auditeurs lui accordent.
Les corrections apportées par France Télévisions et par Radio France ont été publiées dès mardi 11 novembre sur le site de France Inter et sont à lire ici.
Il est sain que ces erreurs soient signalées et corrigées. C’est précisément la raison d’être de la médiation de Radio France : permettre à tous les auditeurs d’interroger nos pratiques, de comprendre comment l’information est produite et d’obtenir des réponses quand des manquements surviennent.
Nous reviendrons sur ce sujet dans « Le rendez-vous de la médiatrice », le 21 novembre prochain sur France Inter, pour expliquer plus largement comment la rédaction assure la vérification des faits, quelles sont les obligations déontologiques et de quelle manière les erreurs peuvent être corrigées dans le respect de la transparence.
Dans un contexte où la confiance envers les médias est fragile, l’audiovisuel public a un devoir particulier : celui d’être exigeant avec lui-même. Reconnaître les erreurs, en tirer des leçons et en rendre compte publiquement fait partie de cette exigence.
Emmanuelle DAVIET
Médiatrice des antennes de Radio France
Madame,
Le service de presse de La France insoumise souhaite attirer votre attention sur la séquence diffusée le dimanche 9 novembre 2025 dans l’émission Questions politiques, coproduite par France Inter et Franceinfo TV, au cours de laquelle Madame Alix Bouilhaguet interrogeait Manuel Bompard, coordinateur national de La France insoumise et député des Bouches-du-Rhône.
À plusieurs reprises au cours de cet entretien, la journaliste a tenu des affirmations factuellement fausses, que Manuel Bompard a dû corriger en direct. Ces erreurs répétées ont conduit à diffuser de fausses informations auprès du public, ce qui contrevient gravement aux règles élémentaires de déontologie journalistique qui s’imposent au service public de l’audiovisuel.
Nous rappelons que la Charte d’éthique professionnelle des journalistes et la Charte de Munich obligent tout journaliste à vérifier les faits, à rectifier les erreurs et à distinguer rigoureusement l’information de l’opinion. Or, cette séquence illustre de graves manquements à ces principes :
Sur l’expression “globalisation de l’intifada”, Madame Bouilhaguet a affirmé que le maire de New York aurait repris cette expression à son compte, alors qu’il a explicitement déclaré ne pas l’utiliser.
Elle a ensuite soutenu, à tort, que Zohran Mamdani, élu new-yorkais, n’aurait pas condamné les attaques du 7 octobre.
Enfin, elle a mis en cause le fait que cet élu lève des fonds pour l’UNRWA, déclarant : « Une information exacte, il lève des fonds pour l’UNRWA, c’est une agence onusienne accusée de collusion avec le Hamas, ça c’est pas un problème aussi ? »
Une telle formulation revient à reprendre à son compte une campagne de désinformation menée depuis des mois pour décrédibiliser une agence des Nations Unies. Or, la Cour internationale de justice a récemment confirmé qu’Israël n’avait apporté aucune preuve de ces accusations, et rappelé qu’en tant que puissance occupante, il devait au contraire faciliter la livraison d’aide humanitaire aux Palestiniens.
À ces manquements s’ajoute une autre séquence préoccupante au cours de la même émission, impliquant Madame Alexandra Bensaïd, journaliste de France Inter. Celle-ci a présenté comme des “victoires” du Parti socialiste des mesures qui n’ont en réalité jamais été adoptées, ou contre lesquelles ce parti a lui-même voté : suspension de la réforme des retraites, rétablissement d’une forme d’impôt sur la fortune, ou réindexation du barème de l’impôt sur le revenu.
Or, comme l’a rappelé Manuel Bompard, aucun rétablissement de l’impôt sur la fortune n’a été voté, et le Parti socialiste a voté contre plusieurs de ces mesures. Présenter ces éléments comme des succès du PS relève d’une confusion manifeste entre communication politique et information journalistique.
De telles inexactitudes, diffusées sur les antennes du service public, sont d’autant plus préoccupantes que l’audiovisuel public fait aujourd’hui l’objet d’attaques répétées de l’extrême droite. Il est inquiétant que, dans ce contexte, certains journalistes du service public s’autorisent de telles dérives, qui s’apparentent à une forme de désinformation, contribuant à fragiliser la confiance déjà érodée des citoyens envers les médias.
Nous souhaitons donc savoir :
Quelles suites déontologiques la rédaction de France Inter et celle de France Télévisions comptent donner à cette séquence ;
Si la médiatrice de Radio France a été saisie ou compte se saisir du dossier ;
Et si l’ARCOM entend examiner ces manquements manifestes à l’exigence d’exactitude et d’impartialité du service public.
Nous vous remercions par avance de l’attention portée à ce signalement et restons à votre disposition pour tout échange complémentaire.
Veuillez agréer, Madame, l’expression de nos salutations respectueuses.
Messages d’auditeurs reçus :
Lors de l’interview de M. Bompard dans l’émission Questions politiques, la journaliste, Madame Alix Bouilhaguet, a interrogé son invité en lui demandant ce qu’il pensait d’informations fausses présentées comme vraies à propos de M. Mamdani : qu’il aurait « repris à son compte le slogan « mondialiser l’intifada ». Reprise par son invité, elle ne s’est pas excusée ou corrigée. Elle a ajouté « quand on lui demande de condamner le 7 octobre, et bien souvent il botte en touche » « Donc ne pas condamner le 7 octobre ? », là encore, il s’agit d’une fausse information, M. Mamdani ayant déclaré : « Il y a deux ans aujourd’hui, le Hamas a commis un crime de guerre horrible, tuant plus de 1 100 Israéliens et en kidnappant 250 autres. Je pleure ces vies et prie pour le retour en sécurité de chaque otage encore détenu et pour chaque famille dont les vies ont été déchirées par ces atrocités » Zohran Mamdani.
Pour finir, plutôt que de rectifier, elle a fini par l’interroger sur le fait que M. Mamdani finançait une agence onusienne « accusée de collusion avec le Hamas », sans préciser que ces accusations avaient fait l’objet d’une enquête et d’un rapport qui avait blanchi l’agence de ces accusations.
Une telle partialité, assénée par une journaliste sur une chaine du service public dans le cadre d’une interview politique, sur un sujet particulièrement sensible pose de graves problèmes de fiabilité et de compétence du service public de l’information. Merci de bien vouloir m’informer des suites données à cet incident.
Auditeur fidèle depuis 40 ans, et anti populiste donc absolument non en phase avec LFI, je suis surpris par les arguments avancés par l’interview de ce midi… il y a suffisamment de sujets de débat et de questions à poser à LFI notamment son soutien à Gaza pour ne pas utiliser des arguments non valides ou attribués à des personnalités étrangères concernant les questions d’antisémitisme… ces affirmations démontées aisément par M. Bompard dévalorisent le reste des questions et de l’interview.
Ce n’est pas du niveau ou du moins de celui que j’attends de mon unique radio d’information… et surtout de sa mission d’éducation et d’ouverture.
Merci de réfléchir à ce rôle primordial que vous avez dans le paysage médiatique actuel.
Je me permets de protester contre les fausses informations et même les mensonges transmis par la journaliste de Franceinfo le 9/11/25 dans son interview à l’antenne de Manuel Bompard au 12h30 de France Info. Il appartient aux journalistes de vérifier les informations qu’ils transmettent à l’antenne, fût-ce dans leurs questions – qui plus est biaisées, parce que reposant sur des présupposés. Or, les questions de la journaliste portaient des informations fausses, sur le rôle et le statut de l’UNRWA, agence de l’ONU, et ses liens avec le Hamas (tout cela est documenté et vérifiable), les paroles dites par Zohran Mamdani et celles qu’on lui prête (à tort ou à raison). La moindre des choses aurait été, par exemple, de rappeler les tenants de la controverse sur lesdits propos.
Les « questions » de la journaliste transpiraient le parti-pris, et ce n’est pas acceptable.
Séquence hallucinante sur le service public où Madame Bouilhaguet dans le cadre de Questions politiques le dimanche 9 novembre pratique la désinformation au sujet de Zohran Mamdani. Que de telles contre-vérités puissent être déversées sur France Inter est indigne. Reprendre par exemple sans aucun recul Unrwa=Hamas et ce, malgré les informations dont dispose cette journaliste, est grave. Est-ce trop demander que les journalistes du service public fondent leurs questions sur des informations fiables ?
La séquence de questions sur l’actualité états-unienne et Zohran Mamdani a été particulièrement déroutante dans son traitement : un enchaînement de 3 questions bien trop orientées, qui ne s’appuient sur aucun fait, et sont tournées de façon à véhiculer un horrible et faux message, proche de la désinformation et de l’attaque ad personam. L’invité fait heureusement le travail de corriger point par point, et avec des faits avant de souligner la tournure diffamante donnée par Mme Bouilhaguet. Car oui j’estime que par exemple critiquer l’UNRWA sur de potentielles collusions, sans donner le résultat d’une enquête qui y répond et sans un mot sur le travail humanitaire qu’elle fournit, c’est la preuve d’un mauvais « travail » journalistique.
Étant fier défenseur du travail que fournit le service public face aux désinformations continues que l’on trouve sur d’autres réseaux d’actualités concurrents, je vous encourage vivement à agir pour assurer vos auditeurs que l’impartialité, la factualité et l’humanité restent à jamais au cœur de vos émissions, et que toute tentative d’opinion dissimulée et de tournure de mots questionnable soient empêchées et corrigées.
En vous remerciant encore une fois pour le travail que fait tout France Inter,
Sans vous au combat, beaucoup de choses s’écrouleront bien (plus) vite
Je vous écris au sujet de l’émission « Questions politiques » du 9 novembre 2025. Une des journalistes présentes à l’antenne, Mme Alix Bouilhaguet, a colporté en direct des contre-vérités au sujet du nouveau maire de New York, Zohran Mamdani.
Plus précisément, elle accuse M. Mamdani de ne pas avoir condamné l’attaque terroriste du 7 octobre et de reprendre à son compte l’expression « mondialiser l’Intifada ».
Une rapide recherche internet permet de contredire ses affirmations. Nous pouvons par exemple regarder un article du Times of Israel (peu susceptible d’être accusé d’antisémitisme), daté du 5 novembre. On peut également y lire qu’il « décourage » l’emploi de l’expression « mondialiser l’Intifada », tout en rappelant que son rôle de maire n’est pas celui d’un censeur.
L’invité de l’émission, M. Manuel Bompard, a tâché de rectifier les propos de Mme Bouilhaguet : n’est-il pas ahurissant qu’il revienne à l’invité de faire le travail de « fact-checking » ? Quelle crédibilité Mme Bouilhaguet et, par extension, l’ensemble de la rédaction de France Inter peut-elle conserver après pareille farce ?
Merci de votre bienveillante attention. Il me semble que le minimum que Mme Bouilhaguet puisse faire, pour maintenir un semblant de professionnalisme, soit de corriger en direct, dimanche prochain, les fausses affirmations (en suivant le modèle d’un « Erratum » publié dans un journal).
Je suis scandalisée par les questions posées sur Zohran Mamdani à Manuel Bompard dans votre émission ce matin. A mon sens, elles n’ont ni été vérifiées et ni recontextualisées. Il me semble important de rappeler que le bagage théorique et scientifique du nouveau Maire de New York est extrêmement solide sur les questions postcoloniales, et que cela mérite un peu plus d’attention à ses propos que les raccourcis (mensongers) qui en ont été donnés en 3 phrases.
Je ne comprends pas qu’une radio de service public ne vérifie pas plus loin les informations. Si nous continuons à vous écouter, c’est pour y trouver des informations précises et vérifiées. C’est vital d’avoir confiance en vous.
Pour une fois, désolée de la façon dont cette interview est menée… je ne vote pas pour LFI mais c’est une caricature… la journaliste est-elle vraiment informée sur les questions qu’elle pose ?? On ne dirait pas… et ça me fait douter. Je vous écoute tous les dimanches mais là je suis vraiment déçue pour la première fois.
C’est incroyable comme vous traitez cet invité, la façon dont vous posez les questions, tordez la réalité, on ne sent pas du tout que les journalistes sont objectifs.
Je félicite Manuel Bompard pour son calme, sa pédagogie et sa capacité à apporter des réponses claires, cohérentes avec son programme et argumentées.
Avouez qu’il est trop fort pour vous !
Et je ne suis pas un insoumis.
Je suis extrêmement choquée par les propos de Mme Alix Bouilhaguet au sujet du conflit palestinien.
Je précise que je ne suis pas électrice de LFI ni de confession juive ni musulmane.
J’attends que sur notre radio seuls des propos vérifiés et recoupés soient avancés et que les journalistes ne s’abaissent pas à une discussion du café du commerce :
Un journaliste relate les faits et c’est déjà beaucoup.
Ce conflit est suffisamment grave.
Déclarer que l’UNRWA est gangréné par le HAMAS est contraire aux arrêts de la Cour pénale internationale d’octobre dernier. Il suffit de regarder le site de l’ONU.
La séquence avec Mr Bompard et Mme Bouilhaguet sur le sujet de Zohran Mamdani démontre une attitude préjudiciable quant à la neutralité journalistique. Les informations sont facilement vérifiables, ce n’est donc pas correct qu’une journaliste prenne parti aussi explicitement sur France Inter.
J’écoute en direct votre émission ce dimanche 9 novembre. Je suis abasourdie par l’agressivité des journalistes, le manque de distance et leur orientation très discutable. Je ne suis pas un soutien de Manuel Bompard mais je trouve assez remarquable qu’il ait tenu à répondre avec beaucoup de sérieux.
Je suis une fidèle auditrice de France inter mais je m’inquiète de certaines dérives de votre radio.