Pour le dernier rendez-vous de l’année, Matthieu Mondoloni, directeur adjoint de la rédaction de Franceinfo est au micro d’Emmanuelle Daviet pour faire le bilan de l’actualité 2021.

Emmanuelle Daviet : Qu’est ce qui vous a marqué, frappé dans l’année qui vient de s’écouler ?

Matthieu Mondoloni : Il y a plein d’événements mais je ne vais pas être très original. Je pense que ce qui m’a le plus marqué, c’est évidemment l’épidémie de Covid qui continue. On a démarré l’année avec la vaccination donc avec beaucoup d’espoirs, on s’en souvient, on sortait d’une période difficile. Et je pense aussi à nos auditeurs. Je pense à nos journalistes et à la rédaction, on parle encore beaucoup de ça parce qu’on est en plein dans une 5e vague, parce qu’il y a beaucoup de questions qui se posent autour des variants, autour de la maladie, autour des hôpitaux qui sont fatigués, des soignant fatigués. Donc je pense que c’est vraiment l’événement qui moi m’a marqué, encore une fois, en cette année 2021.

Emmanuelle Daviet : Quelle est l’information qui a été pour vous la plus difficile à couvrir, à traiter ?

Matthieu Mondoloni : Il y en a plusieurs. Il y en a une qui a été difficile à traiter, alors pas pour moi directement mais je pensais plutôt aux journalistes de la rédaction, c’est l’ouverture du procès du 13 novembre. Ça a été très dur parce que déjà la plupart des journalistes de cette rédaction de Franceinfo était présent à Paris, le soir du 13 novembre 2015, dont certains d’ailleurs, et je pense notamment à Gaële Joly, Mathilde Lemaire qui étaient au service reportage à l’époque et qui étaient au Bataclan dehors en tant que reporters, se sont retrouvées 6 ans plus tard, dans la salle d’audience au tribunal à suivre ce procès. Je pense que c’est quelque chose de très dur à suivre, c’est très dur aussi de réentendre des témoignages, notamment le document assez exceptionnel qu’avait récupéré Gaële Joly, pour la citer à nouveau, sur ces bandes d’urgence du SAMU, de la nuit des attentats du 13 novembre que nous avions donné à écouter dès la rentrée à nos auditeurs, en les contextualisant, etc. Mais c’était des témoignages très durs. Et pour moi, c’est peut être la chose qui m’a le plus marqué aussi dans la difficulté, dans le choix qu’il fallait faire dans ce traitement de l’information pour ne pas être anxiogène. Pour ne pas faire peur. Pour ne pas rappeler que des mauvais souvenirs mais aussi donner à écouter et voir, puisque y a une version sur le site Internet Franceinfo.fr ce document d’histoire.

Emmanuelle Daviet : Document qui a obtenu le prix des MFP, les médias francophones publics, c’est un prix décerné par un jury composé d’auditeurs et évidemment à réécouter sur le site de Franceinfo. Comment, dans cette actualité extrêmement dense, où les choix s’opèrent quotidiennement dans les angles à choisir, les invités à sélectionner… Comment la rédaction entretient le lien de confiance avec les auditeurs de plus en plus nombreux à écouter franceinfo ?

Matthieu Mondoloni : Effectivement vous le rappeliez, on est à 4,9 millions d’auditeurs aujourd’hui quotidiens sur Franceinfo. C’est un record pour la troisième radio de France. On est très fiers de cette confiance et cette confiance pour vous répondre Emmanuelle, elle s’entretient tout simplement d’abord, je pense, par la fiabilité de l’information, le fait qu’on vérifie nos informations et qu’on ne livre pas d’informations au conditionnel à l’antenne, on prend soin, grâce à l’agence de Franceinfo, pour dévoiler un peu des coulisses de cette rédaction, qui vérifie systématiquement et après, seulement, une fois que l’info est vérifiée, une fois que l’info est sûre, on vient la donner à l’antenne, sur le site Internet, sur les réseaux sociaux. Et je pense que c’est aussi cette confiance qui est celle des auditeurs. C’est parce qu’ils savent que quand ils viennent chez nous comme dans d’autres médias, il y a vraiment ce gage de confiance. Si je l’ai entendu sur Franceinfo, c’est que c’est vrai.

Emmanuelle Daviet : A titre personnel Matthieu Mondoloni, quelle est l’actualité qui vous a le plus marqué au cours de l’année ?

Matthieu Mondoloni : Je pense que c’est l’Afghanistan et la chute de Kaboul il y a moins de six mois maintenant. Je crois que les six mois, ce sera mi février évidemment Franceinfo y sera d’ailleurs. Ça m’a marqué parce que ça nous a ramené vingt ans en arrière avec ce qu’on a pu connaître de l’invasion de l’Afghanistan, de la prise de pouvoir des talibans à l’époque. Et d’ailleurs, je me souviens qu’on a recherché des reportages d’archives que nous avions pu faire ou que d’autres confrères et consœurs avaient pu réaliser en 2001 et que certains reportages, on aurait pu les diffuser aujourd’hui. Moi, ça m’a fait très étrange de me dire qu’il y avait cette espèce de retour en arrière, finalement, avec ces talibans qui ont repris Kaboul, ça a été très compliqué pour nous, pour la rédaction, de pouvoir traiter parce qu’il fallait pouvoir s’y rendre, que c’est eux qui contrôlaient les frontières, que c’est eux qui contrôlaient l’aéroport. On avait vu les évacuations très compliquées aussi de la part des Occidentaux. Donc ça, c’est une actualité qui, à titre personnel, m’a beaucoup marqué.