Fallait-il ou non diffuser l’interview de Bachar Al-Assad réalisée par Alice Serrano, grand reporteur à France Info ? Pour répondre aux auditeurs, Grégory Philipps, directeur-adjoint de la rédaction.

Plusieurs auditeurs se sont étonnés que franceinfo réalise cette interview de Bachar Al-Assad. « Je suis triste, pour les victimes syriennes, que vous diffusiez leur assassin », nous écrit Daniel. Et Claude ajoute : « Faire parler un criminel de guerre, responsable du génocide de plusieurs centaines de milliers de personnes, me choque profondément. Ce personnage n’est pas fréquentable, même par des journalistes ».
La question ne s’est pas posée : « On avait envie d’entendre Bachar Al Assad après la chute d’Alep ». Aujourd’hui, les dictateurs n’ont plus besoin des journalistes pour faire leur propagande, ils communiquent via les réseaux sociaux. En l’occurrence, il s’agissait d’un entretien avec de vraies questions, totalement libres. D’ailleurs, les réponses du dictateur sont glaçantes et… éclairantes.

Que pouvait apporter cette interview ?
Magalie pose une question quelque peu iconoclaste: « En son temps, auriez-vous diffusé une interview d’Hitler ? ». Les périodes ne sont pas comparables.  Les réponses du dictateur syrien n’ont pas été diffusées « brutes », mais recontextualisées par la journaliste.

Le dictateur syrien est très avare en interview ; comment franceinfo a pu décrocher ce « scoop » en quelque sorte ?
Cela a demandé des semaines de négociations.

Les circonstances de l’interview
Autre question que se posent plusieurs auditeurs : réalise-t-on l’interview d’un dictateur aussi librement que l’interview d’un dirigeant de pays démocratique ?
Trois députés avaient prévus de rendre visite à Bachar Al Assad, donc Alice Serrano les a convaincus de les accompagner. Mais à aucun moment, le régime syrien n’a demandé à la journaliste de voir les questions.

Exercer librement son travail de journaliste
Alice Serrano a pu également se déplacer dans le pays ; elle était très « encadrée » et ses déplacements surveillés.
Il faut savoir qu’il n’est plus possible pour les journalistes de se rendre en Syrie côté rebelles ; c’est devenu trop dangereux avec des risques d’enlèvement ou d’assassinat.