Pour en parler, Jean-Marc Four directeur de l’information internationale de Radio France est au micro d’Emmanuelle Daviet

Le grand feuilleton des primaires américaines

Emmanuelle Daviet : « Ecouter « le grand feuilleton » des primaires américaines ne nous intéresse pas du tout. Je comprends bien le côté « vendeur », style série télévisée, et le côté jouissance professionnelle pour certains journalistes. Mais vous devriez, vous poser la question : Qui ça intéresse réellement ces primaires ? Cette question pourrait être un bon début. Ensuite à vous de voir quelles informations vous souhaitez privilégier et à qui vous voulez vous adresser. »
Que répondez-vous à cet auditeur ?

Jean-Marc Four : Il y a deux questions dans cette question :
Est-ce que les primaires c’est intéressant ? oui bien sûr. Le contexte est extraordinaire, avec un Président qui est un franc-tireur, qui vient d’échapper à la procédure de destitution, avec un débat idéologique au sein du parti Démocrate (l’aile gauche et l’aile centriste), et une cacophonie sans précédent avec un bug informatique majeur dans le premier caucus, la première primaire, celle de l’Iowa.
« vous ne faites que ça et vous ne faites pas le reste ?  » Je ne peux pas laisser passer ça…Les Etats-Unis occupent 20 % de l’espace utilisé sur l’actualité internationale sur l’antenne. Si on prend la semaine écoulée, on fait beaucoup sur le Brexit, énormément sur le coronavirus. Si on regarde nos correspondants Radio France à l’étranger, sur un effectif de 9, il n’y en a qu’un aux Etats-Unis.

Un manque d’intérêt chez certains auditeurs

Emmanuelle Daviet : Jean-Marc Four, comprenez-vous le manque d’intérêt que suscite chez certains auditeurs cette actualité ? Comment l’analysez-vous ?

Jean-Marc Four : je le comprends et il faut faire son auto-critique. Il y a en France, chez certaines personnes, une part d’anti-américanisme. Il y a quelque chose qui relève du tropisme journalistique de passion pour les Etats-Unis, très ancré en France.
Par ailleurs, dans l’affaire des primaires et de Trump, il y a un côté feuilleton. Cela comporte tellement de rebondissement que mécaniquement, ça passionne les journalistes et ça fonctionne bien dans l’univers journalistique.

Le dispositif à Radio France

Emmanuelle Daviet : Couvrir la campagne électorale américaine, c’est le rôle des médias, et a fortiori ceux du service public. Depuis le début du mois de février, Radio France à renforcer son dispositif pour mieux raconter, décrypter, contextualiser, dans les différents Etats, la course à la Maison Blanche. Comment s’organise ce dispositif ?

Jean-Marc Four : on s’est renforcé avec un journaliste sur place depuis le début des primaires : on a un correspondant permanent, Gregory Philipps, basé à Washington, un journaliste en renfort Isabelle Raymond, basée à New York, et deux journalistes pigistes. L’offre numérique sera également plus importante, pour tous les auditeurs de Radio France et plus particulièrement pour ceux Franceinfo