Les reportages sur la Syrie ont fait réagir les auditeurs, plus précisément celui du journaliste Aurélien Colly qui a rencontré, dans le désert syrien, les derniers combattants du groupe Etat islamique, sortis du siège de Baghouz et arrêtés par les forces kurdes.
C’est la premier fois que l’envoyé spécial de Radio France a pu parler aux hommes de cette armée. Et cela a fait réagir des auditeurs qui, tout simplement, ne comprennent pas que l’on fasse un tel reportage.
« Quel intérêt d’envoyer des reporters sur le terrain auprès de ces gens qui ont terrorisé le monde entier ? » questionne Paul
Jean-Marc Four, directeur de l’information internationale de Radio France, répond aux questions de la médiatrice des antennes de Radio France, Emmanuelle Daviet.
Comment expliquez-vous ce choix éditorial ?
C’est normal que les auditeurs puissent être choqués, on sait le mal qu’ils ont fait et l’ampleur du terrorisme. Mais le travail journalistique est de donner à voir le réel, vous le décrire à vous, les auditeurs. On est en présence d’un document exceptionnel, pour des raisons de hasard, Aurélien Colly est tombé sur ce convoi spécial Kurde qui ramenait des détenus hommes du groupe Etat Islamique vers un lieu de détention après l’évacuation de Baghouz. En réalité les journalistes n’ont pas accès à ces combattants. (juste aux femmes, aux enfants). Il faut donc le contextualiser.
Autre remarque d’auditeur, je cite son message : « Le journaliste rapportant son contact avec les derniers « combattants » s’apitoie sur deux blessés. Il oublie simplement que ces deux individus sont partie prenante d’une organisation, co-responsables ou directement responsables de décapitations, de prise en otages de populations civiles. Ils ont revendiqué les morts du Bataclan, de l’ hyper cacher de Vincennes. Si un reportage devait avoir lieu avec ces assassins il ne devait pas sombrer dans le syndrome de Stockholm. »
Aurélien Colly fait-il preuve de compassion à l’égard de ces hommes ?
Sans aucune manière, il leurs donne la parole pour essayer de comprendre ce qu’ils ont dans la tête. C’est purement factuel. Notre reporter est un professionnel confirmé.
En quoi le fait d’entendre ces hommes permet de combattre le terrorisme selon vous ?
Au sujet de ce reportage, dans une réponse à l’un des auditeurs, vous avez écrit: « il semble nécessaire d’entendre ces témoignages pour mieux combattre le terrorisme ».
Si ce sont nos ennemis, pour les combattre il faut les comprendre. Il faut se forcer à écouter comment ils raisonnent à condition de contextualiser tout cela. Il faut savoir aussi comment les forces de la coalition traite ces terroristes pour ne pas basculer dans l’effet inverse, l’opacité.
Réécoutez le reportage d’Aurélien Colly :